XXIX

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  Je ne connaissais pas cet endroit mais tout était effrayant. Les gens que j'avais tués été tous là. Ils me regardaient, méchamment mais j'étais leur reine, leur souveraine. On m'a tiré de cet endroit, revenant chez les vivants.

  Je ne suis pas Sorcière pour rien. Je me suis assise, un peu sonnée. J'étais dans une splendide robe noire, des fleurs autour de la table mortuaire, dans le tombeau du château. Je me suis levée, enfilant le gros manteau de fourrure. Je n'ai pas cherché à me cacher. Les courtisans ont eu un choc en me voyant traverser les couloirs. Tout de suite, les soldats, restés ici, se mirent à me suivre.

  Je suis allée dans la salle du trône. Je me suis assise sur mon trône et j'ai réfléchi.

     -  Depuis combien de temps suis-je morte ?

  Les  deux jeunes soldats se sont regardés.

     -  Depuis quatre jours, Majesté.

  Je me suis relevée. Je suis repartie, cette fois, direction les cuisines.

     -  Vous deux, préparez-vous à partir avec moi.

     -  Pour aller ? Demanda l'un d'eux.

  J'ai poussé le trompe l'œil donnant sur les escaliers.

     -  Pour la Capitale.

  Je suis descendue. J'ai fait mes sacs. Je devais rattraper le retard que j'avais sur eux et arriver bien avant eux. Je dois à tout prix arriver avant eux sinon, tous ces efforts n'auront servi à rien. Je suis montée voir mes enfants et j'ai encore écrit des lettres, pour eux deux. Vais-je revenir ? Je ne pense pas, je veux donc leur laisser un message écrit, de ma main. Je les ai câliné, dorloté avant de les quitter, les larmes aux yeux.

  J'ai rejoint mes deux soldats dans la cour du château. Les bourgeois de la ville m'ont salué. Nous sommes partis aussitôt à cheval. Je ne pus m'empêcher de regarder ce château, une dernière fois. Peut-être est-ce la dernière fois de ma vie, que j'admire ce paysage, ces merveilles.

     -  Pourquoi y allez-vous ?

     -  Notre bon roi Kian veut massacrer les gens. Ce qu'il oublie, c'est que ce n'est pas en tuant tout le monde qu'il va arriver à ses fins. Je lui donnerais le trône sans qu'il n'y est de massacre.

  J'ai accéléré le pas.


  Pendant des jours et des jours nous avons galopé, les doublant par la droite près de la frontière. Les quatre armées s'étaient réunis et cela donnait un spectacle terrifiant. Kieran était avec eux ainsi que la Vieille et Méloé. Nous nous sommes aussi arrêtés pour la nuit.

  Je me suis approchée. Il dormait. Je me suis assise sur le bord de son lit pour lui caresser la joue. Il a ouvert les yeux et s'est redressé d'un bond. Je l'ai regardé.

     -  Al...Alwena.

     -  Chuuut ! Il ne faut pas que les autres sachent que je suis là.

  Je n'étais pas vraiment là, ce n'était qu'une projection de moi.

     -  Alwena...tu n'es pas morte... Pourquoi as-tu fait cela ?

  J'ai souri. Il a pris mes mains, doucement.

     -  Je devais le faire pour faire croire à Kian que... J'ai un plan en tête, personne ne mourra, personne ne perdra la vie...je te le jure.

Les grandes histoires de Friac : Le prince mal aimé (Livre 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant