XIII

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  Son armée est énorme. La glace avait légèrement fondu, la neige aussi mais pas sur les hauteurs. On m'a dit que l'armée de Friac était la plus barbare et la plus forte de toute les armées. Jamais Friac n'a perdu de bataille, de guerre.

  Nous venions d'arriver face à eux. Je suis passée en tête du cortège pendant qu'ils formaient les troupes derrière moi. Rohan était à mes côtés, fier. Nous nous sommes regardés, côte à côte. Nous formions un beau couple ensemble, je dois l'avouer. De plus, je sentais sa détermination, dans ses yeux.

Eroan est apparu au loin, tout de violet, sur un cheval noir charbon. Je lui ai fait face. Nous nous sommes regardés, de loin. Je me suis dressée, lui montrant que je n'avais pas peur.

     -  Une fillette en tête d'une armée. Cria-t-il pour que son message me parvienne. Cela est drôle.

     -  Je compte bien me venger de la mort de Kian.

  Je pense que ses lèvres ont souri. Je le déteste. Il nous a tourné le dos. Je me suis aussi repliée à côté de Rohan. Ok, il veut la guerre, il aura la guerre.

     -  Tu es vraiment prête pour ça ? Demanda-t-il inquiet.

     -  Et toi ?

  Il eut un petit sourire amusé. Enfin.

     -  J'ai l'habitude des batailles, pas toi.

     -  Oui, mais tant que tu es à mes côtés, tout ira bien.

  J'ai souri, le regardant. J'avais hâte d'en finir. Je voulais zigouiller Eroan.

  Je suis allée faire l'inventaire de mes troupes. Nous allons gagner, quoi qu'il arrive. Je suis descendue de mon cheval, pour leur grand étonnement. J'ai dégainé mon épée et je suis allée en avant, posé genou à terre, pointe d'épée vers le sol, les deux mains sur le manche. J'ai baissé la tête et prier, comme la dernière fois.

Je suis revenue, remontant sur mon cheval, en face d'eux. Un petit page est venu près de moi. J'ai quitté mon manteau malgré la fraîcheur. Une fois dans la baston, j'aurais moins froid. Le petit page est reparti avec mon manteau. J'attendais, légèrement tendu mais la tête haute. Nous devions donner l'attaque en premier. Qu'est-ce qu'il attend pour me donner ce foutu signal ?!

  D'un coup, un scintillement venu de nul par dans les montagnes est apparu. Son armure. C'est lui le signal. Il brillait telle une étoile dans la nuit noire. Nous ne sommes peut-être pas ensemble mais au moins, il n'est pas exposé au danger.

  J'ai dégainé mon épée et je l'ai levé, criant le début de la bataille. Mon cheval s'est cabré et fut le premier à s'élancer.

  J'ai senti l'air frais caresser mon visage, je me suis sentie voler, voler vers l'inconnu. Pour mon grand étonnement, Eroan avait disparu. Je me sentais moi-même, libre. J'ai fermé les yeux, supprimant tous les cris et n'écoutant que le vent, les battements de mon cœur.

  Quand j'ai réouvert les yeux, j'y étais.

  Notre armée s'est écrasée sur l'autre telle une vague sur un rempart.

  Mon premier coup a fait chuter un homme de son cheval. Tout le bataillon s'est écrasé sur l'autre. Je faisais de mon mieux pour que je reste sur le cheval et pour éviter les blessures. Ils sont coriaces ces vautours. Ils ne voulaient pas mourir comme nous, nous ne voulions pas mourir. Je menais un bataillon entier. Je regardais autour de moi, cherchant Rohan mais je comptais plus sur ma vie pour le moment. Je virais ceux qui s'approchaient.

Les grandes histoires de Friac : Le prince mal aimé (Livre 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant