Chapitre 37

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Absorbés par leur travail, les deux amoureux ne remarquaient même pas que les lieux devenaient plus silencieux. On frappa à la porte. Surpris, ils levèrent la tête. Après y avoir été autorisé, Frank entra.

-Depuis quand frappes-tu ? demanda Philippe à son ami.

-Ben, c'est-à-dire que ça fait une heure que tout le monde se demande qui va venir vous déranger. Ils sont tous partis dîner et je vais aller les rejoindre parce qu'il est super tard et que j'ai une faim de loup. Vous vous joignez à nous ? Quoi, si vous n'avez pas d'autres projets ? Enfin, non, ce n'est peut-être pas le bon soir.

-Effectivement, on n'a pas encore fini de bosser et ... on n'a encore rien arrêté pour ce soir. Qui sait, peut-être qu'on vous rejoindra. Pour le reste, un temps pour chaque chose. Ne me regarde pas avec cet air surpris, c'est une idée de cette jeune demoiselle, comme la bibliothèque et à ce sujet, sache que je suis très vexé que tu ne m'aies pas cru. Mais dis-moi, ceci dit, pourquoi toutes ces précautions pour nous interrompre ? Plaisanta le jeune agent.

-Tu rigoles ? ricana Frank. Toutes mes excuses Phil, et toutes mes félicitations Chiara pour avoir domestiqué le fauve. Quant à la raison de nos hésitations ? Dois-je vraiment vous le dire ? Vous avez crevé l'écran en arrivant et les gars craignaient de déranger, comment dire, une situation gênante. Parce que certains s'étaient laissé piéger l'autre soir, d'autres n'y croyaient pas, mais là ! Plus personne n'hésite ! C'est top ! Content pour vous deux. Bon, je ne vous dérange pas plus. Si vous voulez passer, vous savez où on est. Sinon, n'oubliez pas de brancher l'alarme.

Frank s'éclipsa aussitôt, après leur avoir adressé un petit salut du bout des doigts.

-Je crois qu'on est repéré, ma belle ! Tu n'as pas peur de rester seule avec un tel taré ? reprit-il en s'approchant, un sourire aux lèvres tandis qu'il faisait référence à l'une de ses remarques du début de leur collaboration. Chiara rit en lui répondant qu'elle savait se défendre et que c'était peut-être à lui, désormais, de se méfier, même si cela faisait plusieurs soirs qu'elle coupait à l'entraînement.

Souriant toujours, Philippe décréta cinq minutes de pause, en profita pour ramener du café. La soirée de travail n'était pas encore finie pour eux et il voulait une partenaire en pleine forme. Qu'il était doux de travailler, même tard, dans une ambiance purifiée de toute pression négative et habitée par la tension électrique de leur nouvelle relation. Ils étaient décidés à profiter du calme et de leur énergie pour avancer au maximum leur travail. Ils pourraient ainsi profiter en toute quiétude de leur week-end.

A ce rythme, il était près de vingt-trois heures lorsque Philippe déclencha l'alarme hyper sophistiquée du bureau. Ils pouvaient encore tenter de voir si les garçons étaient au restaurant, proposa-t-il à son ami. Son équipière déclina l'offre.

Elle était un peu fatiguée et les garçons avaient sans doute mis moins de trois heures à dîner. Sans l'admettre, elle voulait également prolonger le tête-à-tête et ne se sentait pas tout à fait prête à affronter les regards extérieurs, si amicaux soient-ils. Bien sûr, leurs équipiers avaient assisté à leur mise en scène qui s'était révélée être une parade de séduction le week-end précédent, mais il n'y avait plus, justement, de faux-semblants et elle n'était pas encore prête à partager ce sentiment très intime.

Philippe se rangea volontiers à son choix. Tout en descendant les marches, Chiara sentit son organisme se rappeler à son bon souvenir. Son alimentation avait été trop désordonnée et il lui fallait d'urgence recharger ses batteries sous peine de défaillir vraiment.

Philippe la porta plus qu'il ne la soutint jusqu'à sa voiture, furieux de ne pas avoir veillé à son alimentation, mais aussi de la négligence de son amie. Elle était passée de la presque vieille fille presque boulimique à la femme de peu d'appétit avec le même excès. Il était vraiment temps que quelqu'un la prît en mains et lui apprît à refréner ses débordements. Il ignora cependant son envie de la reprendre à ce sujet et lui promit plutôt un petit dîner improvisé.

Fibules et toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant