Chapitre 42

18 2 0
                                    

-Tu ne dors pas ? demanda-t-elle, plus tard encore dans cette nuit où la sérénité suffisait à son repos.

-Pour quoi faire, alors que tu es si belle endormie ? Reste près de moi, ajouta-t-il en l'empêchant de quitter la pose dans laquelle elle s'était assoupie, blottie contre son cœur. Maintenant rendors-toi, je ne veux pas être responsable d'une méforme à l'entraînement, sinon le chef risque de croire que j'ai une mauvaise influence sur toi.

-Tu restes près de moi ? s'inquiéta-t-elle en sombrant déjà à nouveau.

Où pourrait-il aller avec un si agréable fardeau ? Il ne souhaitait nullement être ailleurs que dans ce lit aux draps malmenés.

-Tu sais, il ne s'est vraiment rien passé avec Serge. C'est juste un copain. Je te l'ai dit tout à l'heure, je crois même qu'il est homo.

-Non, ça je ne crois pas, répondit-il dans un sourire. Si vraiment tu y tiens, tu peux l'envisager bi, ce que je ne crois pas non plus pour être franc, mais si c'est le cas, tu es dans son panel de référence. Il y a des regards et des attitudes qui ne trompent pas.

-Peut-être, mais il faut être deux pour envisager une attirance, et moi je ne le vois pas du tout ainsi. Tu es jaloux quand même ?

-De tous ceux qui ont pu t'approcher avant moi. Un copain, tu dis ? Alors je ne suis pas jaloux, ne t'en fais plus. Maintenant, rendors-toi. Pour donner plus de poids à ces paroles, il posa sur ses paupières closes un baiser léger. En ronronnant, elle ne tarda pas à s'assoupir.

Philippe suivait le mouvement régulier de sa poitrine, recevait son souffle rythmé sur son torse. Il réfléchissait aux quelques paroles qu'ils venaient d'échanger. Il ressentait vraiment un pincement au cœur en pensant au temps qu'ils avaient perdu.

Il aurait tant aimé être son premier, son seul amour. Ce n'était pas cette vanité de vouloir être le premier, mais il souffrait de l'imaginer entre les bras de ce crétin de Toska. Frigide, avait-il dit ?

Décidément, il avait bien fait de le remettre à sa place. Quel émerveillement avait représenté cette nuit ! Et son regard pur, limpide, au moment où elle tanguait au rythme de son plaisir.

Chiara gémit faiblement dans son sommeil, se rapprochant encore de lui. Il avait encore envie d'elle, comme si cette première étreinte avait déclenché une véritable boulimie. Mais il se força à se montrer raisonnable, et pas seulement parce qu'il n'avait plus de préservatifs. Il recevrait d'ici quelques jours les résultats de sa prise de sang trimestrielle, sans en ressentir d'inquiétude particulière et il serait temps alors de parler contraception.

Sa réticence avait une autre cause. Il avait abusé de son corps tout au long de la nuit, l'avait marquée de son empreinte et savait qu'elle serait quelque peu courbaturée au matin.

En réprimant un soupir contrarié, il la plaqua contre lui, s'obligeant à ignorer son érection douloureuse, enroula ses cheveux pour les ramener sur une de ses épaules et offrir un accès à sa nuque sur laquelle il posa ses lèvres, humant un parfum intime et secret et s'endormit d'un sommeil paisible comme il n'en avait pas connu depuis longtemps, le souffle calqué sur celui de sa maîtresse.

L'arrivée du matin fut trop rapide, presque incongrue et l'échange de leurs tendres salutations dans les draps malmenés le fit sourire. S'il avait craint un réveil incertain, une gêne entre eux en repensant à la nuit passée, le sourire de sa maîtresse, alangui et amoureux, le rassura.

En ronronnant, elle roula entre ses bras, toujours noués autour d'elle, pour se blottir contre lui, s'étira dans les draps malmenés pour délier tous ses membres, avant de se lever, à regret.

Fibules et toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant