Chapitre 41

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Elle reposait maintenant au creux de ses bras, dormant paisiblement. Avec délice, Philippe caressait ses longs cheveux, ses épaules pleines.

Il fut tenté de caresser ses seins et de reprendre cette exploration qui ne faisait que commencer, en prenant cette fois le temps de la découvrir, mais son sommeil avait quelque chose de si enfantin, de presque angélique, qu'il resta plutôt à la regarder.

Lui avoir confié ses doutes l'avait soulagé d'un vrai poids. Il se sentait plus léger d'avoir pu poser ce fardeau et, une fois de plus, de l'avoir vue s'adapter à ses craintes pour le compléter au mieux.

Bien sûr, il se sentait encore coupable de ce qu'il ne lui confierait jamais, mais c'était mineur.

Au plus gros de sa rage contre elle, lorsqu'il sentait ses sentiments lui échapper, il avait songé à une telle nuit, sans suite, pour assouvir ce désir qui l'obsédait et ne plus y penser.

Elle avait le don de l'exciter par sa simple présence. Elle l'avait confusément senti, il avait vraiment pensé à la séduire sans projet d'avenir pour se débarrasser de son obsession.

En s'en donnant la peine, il était sûr qu'il aurait pu assez aisément lui faire perdre ses repères pour la mettre dans son lit, pour une nuit sans suite qui l'aurait sans doute blessée au point qu'elle n'aurait pu poursuivre sa mission.

Il avait alors imaginé des scénarios torrides, choquants, même, en tous cas très loin de ce que, certainement et en dépit de son vernis d'assurance, elle avait expérimenté jusqu'alors.

Du « sexe anal » avait-elle énoncé comme un refus de sa part. Il n'en était pas non plus un adepte et n'aurait probablement pas été jusque-là. Mais il aurait joui d'elle et aurait tourné la page.

Il avait presque honte, maintenant de cette idée. Pourtant, elle n'en savait rien et ne l'apprendrait jamais. Lui-même n'était pas sûr, s'il avait cédé à cette idée délirante, qu'il aurait obtenu un résultat différent : le début de cette nuit l'avait convaincu qu'elle ne pourrait décidément pas être une passade et que sa vie était désormais liée à celle de cet ange qui dormait près de lui.

Lorsqu'il était resté ce soir, il pouvait encore hypocritement laisser une place au doute, il n'en était désormais plus question. Avec une femme aussi innocente, les premières fois étaient rarement réussies, il fallait sans doute du temps à deux êtres et surtout à deux corps pour se connaître et prendre possession l'un de l'autre.

Mais il n'y avait rien eu de tel entre eux, comme s'il l'avait toujours attendue. Pour un peu, il aurait commencé à croire ces niaiseries sur la dimension toute autre que prenait le sexe lorsque de vrais sentiments entraient en jeu. Et c'était avec cette femme-là, que tout en lui aurait dû repousser, qu'il la découvrait.

Honnêtement, l'agent savait qu'il n'avait jamais été aussi impliqué sur le plan émotionnel avec une autre femme. Il n'en avait jamais laissé une autre s'approcher autant, car il avait toujours cru que son passé l'empêcherait d'être vraiment amoureux.

On ne s'attachait pas à ce que l'on pourrait perdre !

Mais Chiara avait bouleversé tous ces principes. Il l'avait à la fois haïe et aimée tout au long de ces dernières semaines, mais au final, elle était celle qui avait emporté ses sentiments.

Pourquoi ? se demandait-il en ces instants sereins.

Parce que c'était elle. Un tempérament, une personnalité forte, suffisamment pour lui tenir tête et le rendre plus performant, mais fragile aussi, ce qui permettait à son instinct protecteur de se déployer.

Fibules et toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant