Chapitre 5 - la chaise

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Annabelle

Je suis sous le choc, non seulement je n'étais pas la seule rescapée, mais en plus il fallait que ce soit Lui, la seule personne dont je me souvienne, qui soit mon psy ! Impossible. Mon cerveau ne veut pas avaler l'information. Alors que je suis sur le point de prendre la fuite (oui même si la chance que je réussisse est très faible vu les gardes placés à l'entrée de l'hôpital), j'entends une voix.

- Attends, viens t'assoir, me dit Dr.Bishop.

J'hésite. Je suis tiraillée entre l'envie d'enfin connaître quelqu'un qui partage un bout de mon histoire et qui, peut-être, connaît mon passé et la peur irréfutable d'être en présence d'un meurtrier. Oui oui, un meurtrier. Les journaux ont bien souligné le fait que j'étais la seule survivante et que Lucas était présumé innocent. Mais ce garçon à la bouille d'ange, au regard envoutant et aux cheveux parfaits... personne n'en a parlé. Il pourrait très bien être au cœur de cette histoire.

Encore indécise, ma main se pose sur la poignée de la porte et mon regard reste fixé sur mon psychologue. Il me regarde intensément. On dirait qu'il est soulagé de me voire. C'est à n'y rien comprendre. Veut-il terminer sa tâche? Faire disparaître tous ceux qui se trouvaient sur les lieux ce soir-là ? La peur m'empêche de respirer normalement, mes yeux sont écarquillés. Ma décision est prise. Je pars. Et vite.

J'ai à peine le temps de mettre une légère pression sur la poignée de la porte qu'une chaise s'élève dans les airs et la bloque. Je suis terrifiée, est-ce une mauvaise blague ? Une chaise.. ça ne vole pas ! La porte est complètement bloquée, impossible de la faire bouger d'un iota. Je cherche une autre sortie, il n'y en a pas. La seule fenêtre de la pièce est entourée de barreaux. Vive les hôpitaux. Je regarde mon assaillant droit dans les yeux. Je suis incapable de me battre dans mon état, une seule solution reste à ma portée.

- Laisse-moi partir. Maintenant. dis-je d'une voix forte et déterminée.

Dr.Bishop regarde simultanément la chaise et moi, il parait bouleversé. Ses mains trembles.

Les secondes passent. Il ne me répond pas. Je réitère ma demande:

- Laisse, moi, sortir.

Au lieu de me répondre, il fixe quelques secondes ses mains et se lève. Cette fois, c'est fini me dis-je. Mes jambes flottent dans du coton, mes mains se mettent à trembler et mon estomac s'affolent à un tel point que je fais tous les efforts du monde pour ne pas rendre mon infecte repas de midi sur le beau tapis de l'entrée du cabinet.

Il n'est plus qu'à quelques pas. Je n'arrive pas à bouger.

Soudain, il est là devant moi. Son regard s'est calmé. Il pose sa main sur mon bras. Comme par magie, son contacte m'apaise, il fait circuler une onde de chaleur dans mon corps et fait cesser mes tremblements. Il paraît lui-même surpris.

*****

David

Je m'attendais à tout sauf à elle.

Nous nous fixons. Je la sens partir. Non pas ça! Il faut qu'elle reste! je m'entends lui dire :

- Attends, viens t'assoir.

Elle me fixe toujours. Sa présence m'apaise, je ne suis plus tout seul dans cette histoire. Ses yeux s'écarquillent, elle cherche à ouvrir la porte.

Merde! Mes pouvoirs... une chaise vole à travers la pièce... je voulais juste qu'elle reste, pas lui faire peur. Ce manque de contrôle m'effraie, je tremble. Il me semble qu'elle me dit quelque chose mais je suis incapable de l'entendre. Je suis encore sous le choc de l'ampleur de ma magie. Mon cerveau ne s'y est pas encore habitué. J'ai conscience que les secondes passent, mais je ne peux rien faire, mon corps reste immobile.

Elle réitère sa demande. Je sors de ma transe, je regarde mes mains. Non, non je ne peux pas te laisser partir. Je ne peux pas. J'ai besoin de toi ai-je envie de lui dire. Mais aucun son ne sort de ma bouche. Alors je me lève et vais vers elle. Elle semble mortifiée. Je ne veux que son bien, pourquoi ne comprend-t-elle pas?

Ni une ni deux, je me retrouve vers elle. Instinctivement, je pose ma main sur son bras. Je sens un picotement nouveau traverser mon corps, s'intensifiant là où je la touche, un peu comme si ma magie pouvait opérer sur elle. Encore un nouveau pouvoir? Elle cesse de trembler. Quel soulagement ! Elle est belle malgré ses blessures. Son visage est doux et comme lors de notre rencontre, elle me donne envie de lui faire aveuglement confiance.

Ma grand-mère m'aurait dit que des personnes pareilles cachent toutes quelque chose de plus sombre...

Blackout (Terminée)Where stories live. Discover now