Avril ne le sait peut-être pas, mais elle m'a tenu la tête hors de l'eau durant toutes ces années, évitant que je ne mette fin à mes jours... C'est elle qui me maintient en vie, elle et rien d'autre. D'ailleurs, comme je la connais mieux que quiconque, cela ferait de moi un petit ami idéal, puisque je sais comment la satisfaire et la rendre heureuse. On se respecte beaucoup, bien qu'elle m'ait déjà brisé le cœur. Ça s'est passé la première fois que j'ai couché avec elle dans la tente en camping. Même si c'était parfait en tout point, le lendemain, c'est là qu'elle a décidé qu'on ne pouvait plus commettre cette erreur. En fait, ce que je pense, c'est qu'elle a eu un moment de panique. Elle venait de le faire pour la première fois, on n'est pas un couple et le mec qui la déflore se trouve à être son demi-frère. Je sais parfaitement qu'au fond d'elle, elle ne regrette absolument rien de cette soirée. Parce qu'avant le lever du soleil et de réaliser ce qui venait de se produire, elle était heureuse comme jamais je ne l'avais vue auparavant.

Après avoir roulé une bonne heure dans les montagnes, j'arrête la Ducati devant un petit restaurant de campagne. Il n'y a que des camionneurs qui se sont arrêtés, aucune voiture.

À l'intérieur, on se prend une banquette et Avril pose le casque à ses côtés tout en retirant sa veste de jean. Elle porte un débardeur noir et un legging de même couleur qui épouse à merveille ses fesses, mais je ne sais pas pourquoi, ce débardeur lui donne des seins un peu plus gros qu'à l'habitude.

—Evan... Kurt ? chantonne-t-elle en claquant des doigts devant mon visage pour me faire sortir de mes songes.

Je relève les yeux et lui offre un sourire enjôleur.

—Oui, bébé ?

—C'est gênant quand tu fixes mes seins comme ça au restaurant.

Ses joues deviennent écarlates. J'adore quand elle devient timide et c'est pourquoi elle s'empare d'un menu pour se cacher derrière, car elle a horreur quand je la dévore des yeux un peu trop. La serveuse, assez âgée, arrive pour prendre la commande des boissons.

—Donc un coca pour mademoiselle et pour vous ?

—Un verre de Jack Daniel's.

À ce moment, Avril baisse le menu et me jauge.

—Tu bois en après-midi ? Tu conduis la moto, je te rappelle.

Je me tourne vers la serveuse :

—Un double Jack Daniel's, s'il vous plaît.

Elle hoche la tête avant de bifurquer et de disparaître. Quand je m'empare du menu à mon tour, je remarque qu'Avril me fait une légère moue, celle qui veut m'exprimer qu'elle est déçue que je boive. Encore. Oui, je bois souvent et elle n'y peut rien.

Nos assiettes de hamburger et frites arrivent un peu plus tard et pour faire naître un nouveau sourire sur le visage d'Avril, je lui lance gentiment une frite qui percute doucement son nez et tombe dans son assiette. Ses yeux me trouvent enfin et elle esquisse un sourire en coin.

—Petit con.

Elle ramasse la frite que j'ai lancée, la trempe légèrement dans le ketchup et je me fige aussitôt en voyant qu'elle vient à l'instant de me la lancer en plein visage !

Elle s'esclaffe en voyant que la frite avec la sauce reste collée sur mon front.

—Ne t'avise pas de recommencer, maintenant, dit-elle en mordillant sa lèvre pour s'empêcher de rire à nouveau.

Du bout des doigts, j'enlève la frite et prends un papier pour m'essuyer. Oui, il arrive parfois qu'on agisse comme des gamins. Mais à ce jeu, je gagne toujours. De plus, on est dans un lieu public et je sais qu'elle ne fera jamais rien pour attirer l'attention, alors que moi, je me fiche du regard des autres.

Kurt's Secret  | Sous contrat d'éditionWhere stories live. Discover now