17. Le jardin du bois aux Âmes

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Levant les yeux vers le sablier pour voir combien de temps il restait, le roi eut la satisfaction de voir que plus de la moitié des treize heures s'étaient envolées. Cela lui laissait néanmoins le temps qu'il fallait pour son plan... Et si cela fonctionnait, il aurait l'éternité pour serrer la jeune fille dans ses bras.


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- Quel est cet endroit ? , demanda Elenor en se baissant pour éviter une immense toile d'araignée, véritable chez d'œuvre de soie étincelante à peine plus petit qu'elle.

Mérandil frissonna en faisant le tour d'un trio d'arbre tordus de manière presque comique, secouant constamment la queue comme si quelque chose le gênait.

- Ce sont les jardins des bois aux Ames, souffla-t-il nerveusement.

- Un nom bien bizarre ! , remarqua la jeune fille.

Elle écarta des vrilles de glycine qui poussait en étouffant ce qui ressemblait à un bouleau massif, cherchant des yeux le chemin qu'elle avait perdu depuis quelques minutes. Pour elle, il s'agissait plus d'un bois tout court que d'un jardin ! De plus, à peine étaient-ils entrés à l'intérieur que la porte en avait profité pour disparaître. Les nains de pierre avaient eu raison sur ce point : aucun retour en arrière n'était possible. Mais cela ne ressemblait néanmoins pas à la « mort certaine » dont ils avaient parlé. Un instant fugace, Elenor se demanda si la mort certaine n'était pas les Marais de la Fournaise, puisqu'ils étaient si redoutés... Puis se secoua. Voilà qu'elle se mettait à penser comme les gens d'ici ! Elle allait devoir se ressaisir !

Ce bois était en tout cas le lieu le plus vivant qu'il lui ai été donné de voir dans ce labyrinthe depuis son arrivée : Elle entendait le crissement d'insectes invisibles et le sifflement des oiseaux... mais qu'on ne voyait pas.

- Mais pourquoi ce nom, d'ailleurs ?

Mérandil avait l'air vraiment mal à l'aise et marchait tellement vite qu'Elenor crut plusieurs fois qu'il allait partir au trot.

- Jardin, je ne sais pas pourquoi, déclara-t-il en jetant des coups d'œil réguliers derrière eux, Mais cet endroit est l'un des plus étranges que tu pourras trouver ici, à mon avis. Tu l'auras compris, nous sommes dans un bois, mais tu auras beau entendre leurs sons, leurs cris, leurs grognements ou que sais-je... Tu ne verras jamais les animaux qui peuvent y vivre. Certains disent qu'il est hanté par des goules et des spectres, qui viennent te terroriser jusque dans tes rêves.

Ça alors ! Une licorne... superstitieuse ! Par respect pour Mérandil, Elenor se retint de pouffer en lui disant que de telles choses n'existaient pas... Avant de se rappeler qu'elle était dans un labyrinthe infernal, dans un autre monde, avec une licorne après s'être fait crier dessus par une fée, attaquer par des pixies, avoir vu son petit frère enlevé par l'équivalent du prince des ténèbres qui l'avait forcé à accepter ce défi, discuté avec des statues et risquer la séquestration à vie dans ce monde en question.

Bref, elle avait intérêt à tenir sa langue... Ou du moins, la tourner sept mille fois dans sa bouche avant de dire des bêtises !

- Ne t'inquiète pas, Mérandil, fit-elle tant pour le rassurer lui qu'elle-même, Avec de la chance, on y restera pas longtemps...

- Non, heureusement, répondit-il, Parce que je connais le chemin d'ici jusqu'au château. A moins qu'on ne doive faire un détour imprévu... Combien de temps te reste-t-il, d'ailleurs ?

Elenor regarda sa montre au verre cassé, plissant les yeux pour discerner les chiffres et les aiguilles, agacée.

- Il faudrait qu'on se dépêche, fit-elle avec angoisse, Il me reste moins de six heures, mais je me méfie de ce que Muadhan serait capable de nous concocter pour me retarder...

Mérandil ne répondit rien, mais hocha la tête. Et tous les deux accélérèrent d'un commun accord, slalomant entre les arbres par un chemin aussi invisible que les animaux peuplant ces bois...


Les énigmes des Mondes mystérieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant