Chapitre XXXVIII

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— Vous le voulez vraiment ? Mon père avait dû rapporter cette monstruosité d'un voyage en Asie.

— Il sera parfait sur la cheminée de ma salle à manger.

Heather qui était parvenue à notre hauteur avait entendu et constata d'un ton acide :

— Je suppose qu'à la campagne, les gens attachent moins d'importance à la décoration.

La remarque méprisante provoqua chez James un froncement de sourcils et Rosalind jeta à sa fille un regard de reproche, mais Arnold Milliner protesta :

—Voyons, Heather ! Si ce vase plaît à votre cousin...

Les autres ne se précipitant pas pour me le présenter, il se nomma lui-même avec une simplicité qui me plut. Tout m'attirait dans cet homme dont le visage ouvert respirait la franchise. Il rappelait Andrew Paxton, la prestance en moins. Heather réalisait-elle sa chance d'être tombée sur lui ? Elle l'écouta, les lèvres pincées, évoquer les circonstances de leur rencontre.

— C'était à une vente comme celle-ci. Je crois bien avoir dévalisé le stand tenu par Heather. N'est-ce pas ma chérie ?

Ce qualificatif s'appliquait si peu à la rébarbative Heather que je ne pus me défendre d'un sentiment de compassion envers Milliner. Décidément, plaindre les époux de mes cousines devenait la règle.

— Ceci n'intéresse pas Walter, Arnold, répondit sèchement Heather.

Milliner émit un toussotement embarrassé tandis qu'une exclamation échappait à James.

— Si, au contraire, dis-je, résolu à ignorer l'impolitesse de ma cousine. La manière dont les relations se nouent est toujours intéressante.

— Surtout quand, comme la nôtre, elles aboutissent à une heureuse conclusion, observa Milliner avec un sourire chaleureux à mon endroit. Ma chérie ; si nous allions dénicher quelques trésors ayant échappé à la razzia ?

— Comme vous voudrez.

Elle semblait s'être lassée de m'envoyer des piques et se laissa emmener vers le stand de Marjorie. James, lui, demeura planté là, tel le gardien de la vertu de sa femme. Aux yeux d'un observateur extérieur, notre trio devait offrir l'image d'une parfaite concorde familiale, mais un œil plus exercé aurait décelé l'impatience de James et la nervosité de Rosalind. Il aurait deviné sous ma placidité apparente, mon bouillonnement intérieur. Frustration, jalousie, furieuse envie de voir mon oncle déguerpir, tel était mon état d'esprit. Voyant qu'il n'était pas prêt à débarrasser le plancher, je sortis un shilling pour le vase et pris congé. Tout en me retirant, je surpris le début de l'échange entre James et Rosalind.

— Heather s'est montrée grossière envers son cousin et Arnold, disait celle-ci.

— Nous ne pouvons pas grand-chose à son attitude. J'espère qu'elle filera droit une fois mariée. Je compte sur vous pour donner l'exemple.

— James...comment pouvez-vous me parler de cette façon ?

— Le gamin est à nouveau à Londres. Tâchez de vous en tenir éloignée et tout ira bien.

Ma première impulsion fut de rebrousser chemin et de rosser James avec le jonc de mon père. Mais une agression physique ne résoudrait pas le problème et provoquer un scandale chez les Larston me nuirait autant qu'à Rosalind. Je me faufilai parmi les acheteuses retardataires et gagnai la sortie. Véra me rattrapa au moment où je franchissais le seuil.

— Tu pars déjà ? Mon père et le gentil petit couple viennent juste d'arriver.

— Milliner est gentil, mais Heather...quelle peste ! Quant à ton père, je le supporte de moins en moins.

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