Chapitre 20

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—Tout à l'heure j'ai vu Johnny.

—Oh oui ! s'exclama mon père après avoir fini sa bouchée. Comment vas-t-il ? Nous devrions l'inviter à dîner un jour, ça fait si longtemps que je ne l'ai pas vu.

Mon oncle but une gorgée de son verre de vin.

—Bien apparemment, sa femme aussi. Elle est enceinte d'ailleurs.

—Vraiment ? s'enthousiasma ma mère. C'est merveilleux ! Et leur premier fils comment vas-t-il ? Il entrait à Oxford l'année dernière.

Mon oncle fronça légèrement les sourcils, à la surprise de ma mère.

—Eh bien figures-toi qu'il a coupé les ponts avec. Il y a quelques mois maintenant.

—Pourquoi ça ? questionna mon père en fronçant lui aussi les sourcils, ressemblant donc énormément à son frère.

Mon oncle avala son bout de viande et but de nouveau une gorgée de son verre. Moi j'écoutais sans y porter plus d'attention.

—Il lui a annoncé qu'il aimait les hommes et qu'il avait un copain, déclara mon oncle.

Il y eut un grand silence tandis que mon bout de viande eut du mal à passer. Je me mis à tousser, alertant toute la famille. Je bus une gorgée d'eau, toussant une ou deux fois de plus.

—Ça va Brian ? demanda mon père.

—Parfait, dis-je encore un peu étouffé et même surpris.

Mon père ne me porta pas plus d'attention, préférant les potins de son frère apparemment.

—Il est homosexuel ?

Mon oncle acquiesça.

—Eh bien ça alors, s'étonna mon géniteur. Je ne l'avais pas vu venir. Il semblait si gentil.

Je les regardais désormais en coin, étant beaucoup plus intéressé par la conversation tout à coup. Ma sœur également apparemment puisqu'elle me lança un furtif regard.

—Je lui ai qu'il avait eu raison de le renier, confia mon oncle.

Je baissais les yeux, regardant désormais mon assiette. C'était comme si mon coeur lâchait.

—Complètement d'accord. Ils ont eu raison de faire un autre enfant. Je me demande comment son fils a pu tomber là-dedans. Mauvaises influences sûrement, continua mon père.

—Tu imagines.. c'est comme si demain Brian t'annoncer qu'il aimait les hommes.

Mon père se mit à rire alors que moi je venais tout juste de reprendre un morceau de viande qui eut également beaucoup de mal à passer, me faisant tousser une nouvelle fois, mon visage devenant rouge. Je sentis le regard pesant de ma famille et celui compatissant de Jacqueline.

—Tu lui as appris à manger à ton fils ? déclara le frère de mon père.

—Tout va bien ! dis-je après avoir bu la totalité de mon verre d'eau. Ça va...

À peine avais-je croiser le regard de mon père que je baissais à nouveau les yeux. Il n'aimait pas quand moi ou ma sœur nous faisions remarquer, surtout en repas de famille.

—Eh bien saches déjà que ce n'est pas à cause de mauvaises influences, entreprit ma sœur. C'est génétique.

Elle avait dit sa froidement, en tournant son visage vers mon oncle, coupant avec grâce sa viande. Heureusement qu'elle était là. Je la voyais comme ma sauveuse à l'instant présent. Mon oncle eut un rire gras, trop long et forcé.

—Que les sciences viennent me le prouver ! Ensuite on verra qui a raison. C'est n'importe quoi ce monde, de plus en plus. D'abord on a des aliens et des super-héros puis maintenant ça.

—Les sciences l'ont déjà prouvé en fait, c'est juste que vous avez l'esprit trop fermé pour l'accepter. J'ai une amie lesbienne et alors ? Elle vit avec sa copine et toutes les deux sont des amis très proches. Elles vivent parfaitement bien et leurs parents acceptent sans broncher parce que ce n'est même pas censé être une différence, répondit amèrement ma sœur.

Mon oncle ne loucha même pas une seconde vers elle. Il se contenta de finir son verre de vin.

—Eh ben ils devraient vite refaire un gosse ses parents, parce que c'est pas leur fille qui va leur en donner.

—On a déjà bien assez de gens qui reproduisent, je vois pas pourquoi on n'aurait pas le droit de vivre avec la personne qu'on aime. Si on l'aime ce n'est pas pour son sexe mais pour sa pensée, ses idéaux et son caractère. Apparemment tu peux pas le comprendre ça, tu es trop con pour...

Puis elle avala son bout de viande mais mon père tapa du poing sur la table, violemment, nous faisant tous sursauter.

—Jacqueline ! Qu'est-ce qui te prend de parler comme ça a ton oncle ?!

Elle haussa les épaules puis le fixe.

—J'estime avoir l'âge et la maturité nécessaire pour affirmer mes propres idéaux. Vous, arrêtez d'être coincé et vivez avec notre temps. En vous écoutant on dirait que c'est diabolique d'aimer quelqu'un du même sexe, nan mais vous vous entendez parler sérieux ?

Il y eut un grand silence, pendant de longues minutes.

—Laisse tomber James, elle ne comprend pas, répondit mon oncle.

—C'est plutôt toi qui comprends rien, cracha ma sœur sans même le regarder, puis elle tourna les yeux vers lui. Ais au moins le courage de regarder quelqu'un dans les yeux quand t'affirme quelque chose, au lieu de faire le lâche.

Mon père tapa une nouvelle fois sur la table.

—Tu vas te taire à la fin ?!

Elle haussa les épaules, regardant droit devant elle tout en mâchant. Le silence revint au galop. J'avais une famille d'homophobes. Génial. Moi qui avais pensé passer une bonne journée, eh bien celle-ci c'était transformé en enfer. Je ne pourrais pas effacer l'image de cette conversation de ma tête, c'était trop pour moi. J'avais l'impression d'étouffer. Déjà que j'étais mal avec moi-même, ils en avaient totalement rajouté en parlant de ça. Jacqueline avait eu raison d'affirmer ses opinions. Mon oncle avait beau être de la famille, il restait un vrai con quand il s'y mettait. J'aurais bien pris ma propre défense également mais je n'avais pas besoin de m'enfoncer encore plus et de faire sauter ma couverture, quand bien même ça ne devrait pas en être une.

—Madame Fulter à préparer un dessert excellent, déclara ma mère avec une petite voix.

Personne ne répondit jusqu'à ce que la voix de mon oncle s'élève.

—Je préfère rentrer chez moi, j'ai du boulot qui m'attend.

—Nous aussi, répondit Jacqueline. Désolée maman.

Elle lâcha un soupire. La journée avait beau être bonne, c'est comme un bon repas, si le désert ne nous convient pas, tout le repas est remis en cause. Cette soirée était le dessert de ce long repas qu'avait été cette journée. Et il était dégueulasse ce désert.

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Union Jack [Marvel FanFiction] [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant