Black Angels Tome 1 (Version n°2)

Juste ces mots

En média Sia - Breathe Me

"C'est une blague?" hurlais-je

"Absolument pas" dit l'un

"Pas du tout" claironne l'autre

Je regarde les deux hommes devant moi et secoue la tête d'indignation

"Si vous croyez que je vais accepter, vous vous mettez le doigt dans l'œil" grommelais-je avant de tourner les talons. Je change de pièce mais entend toujours leur conversation.

"Elle va changer d'avis" dit la première voix

"Et ça va être la fête!!" jubile l'autre

"Quoi? Comment ça la fête? Bordel de merde, elle va à la fac pour étudier! Pas pour aller faire la bringue avec des petits trous du cul!"

"Faut vivre avec son temps, grommelle l'autre. Ils ne faisaient pas de fête à votre époque au moyen âge?"

"Hors de ma vue Storm" hurle mon père.

Je m'assois, la tête entre les mains. C'est un véritable cauchemar. Que j'aille à la fac, tout va bien. Que je me trouve un appartement, tout va bien aussi. Mais que j'apprenne que non seulement Storm va venir vivre avec moi mais aussi étudier, là non ça ne va pas.

Je marmonne toute seule des paroles qui ne sont connues que de moi même, puis me lève subitement. Hors de question que je me laisse faire. Je fonce dans le bureau de mon père et l'y trouve, confortablement installé, les pieds posés sur le bureau, en train de lire son journal.

"Je ne suis pas d'accord" commençais-je

"Tu te répètes!" pouffe t'il

"Je n'ai pas besoin d'un chaperon"

"Qui, il y a quelques temps, se lamentait du fait qu'elle serait seule?"

Je regarde le plafond. Ce n'est pas moi. Ce n'est pas moi. Ce n'est pas moi.

"Hein Shirley? Qui donc?" insiste t'il

"Moooooaaaaaaa"

"Pardon? Je ne comprends pas"

Je souffle fortement

"Moi! Voilà tu es content?!" m'énervais-je

"Très! Ecoute Shirley, je ne fais pas ça pour t'ennuyer, mais le fait de vivre seule risque d'être très difficile. Vois le bon côté des choses, tu auras de la compagnie le soir. Tu auras quelqu'un avec qui parler" explique t'il

"Je n'ai pas besoin de compagnie" grommelais-je

"C'est ce que tu crois. Mais quand tu auras passé les tous premiers jours qui sont relativement excitants, tu risques de déchanter très vite. Quoi de plus ennuyeux qu'un endroit vide. Sans personne avec qui partager ton repas. Sans personne avec qui parler de ta journée de cours, des profs, des gens que tu rencontres. Sans personne avec qui rire. J'ai surtout peur que tu t'enfermes dans la solitude. Que tu broies du noir. Et que tu redeviennes celle que tu étais devenue il y a quelques temps"

"Je suppose que je n'ai pas mon mot à dire" râlais-je

"Tu as tout compris!"

Je ressors du bureau légèrement énervée. Je peux vivre seule. Je peux me gérer seule. Je n'ai pas besoin de chaperon. Je remonte dans ma chambre et m'allonge sur mon lit.

"Alors heureuse?" claironne une voix

Je me redresse, attrape le premier oreiller et le balance dans sa direction. Il l'esquive une fois de plus.