Black Angels Tome 1 (Version n°2)

Vivre sans lui

En média Phil Collins - Against all Odds

Je suis restée presque une semaine ici. A regarder le plafond silencieusement le matin quand mon père était là. A ne pas lui décrocher un mot. Qu'est ce que je pouvais lui dire? Il savait que je lui en voulais. Storm le tenait au courant de mes progrès comme il les appelle. Du fait que j'avais recommencé à manger. Du coup mon père m'amenait tous les matins des beignets. Si je n'y touchais pas devant lui, il savait que, plus tard, je les mangerais.

Storm lui est venu tous les après midis. Pour raconter des conneries. Pour râler. Pour me faire réagir. Pour me faire me bouger. Il ne se gênait pour me traiter de mamie encroûtée. Il a même osé me ramener un tube de crème anti rides que je lui ai balancé en pleine figure. Il l'a bien entendu esquivé au dernier moment et m'a gentiment rappelé qu'il préférait de loin un oreiller. Que c'était plus doux et surtout moins dangereux.

Souvent, il m'arrivait de pleurer en sa présence. Si au début, j'avais honte, à présent, je le faisais sans aucune retenue. Il se contentait de me serrer la main le temps que je me calme. Plus de câlins m'a t'il dit un jour, j'allais encore prendre son maillot pour un mouchoir.

Je sors enfin. Cet après midi. Le médecin m'y a autorisé. Je ne sais pas trop ce qui m'attend dehors, j'appréhende en fait. Je dois accepter le fait qu'il ne sera pas là. Qu'il ne sera plus là.

Je termine de ranger mes derniers effets et me rassoit sur le lit. J'attends Storm qui est chargé de me ramener. La porte s'ouvre sur lui.

"Mamie est prête?" ricane t'il

"Mamie te dit bien des choses" grommelais-je

"Forrest! s'écrie t'il. Tu es revenue!" 

Il s'avance vers moi puis se stoppe

"Pas de lancer d'oreiller aujourd'hui?" demande t'il

Je secoue la tête de gauche à droite

"C'est louche. Tu prépares quelque chose je te connais" dit il suspicieux

Je hausse les épaules. Non je ne prépare rien de particulier. Pour une fois!

"J'ai peur de sortir" avouais-je

"Hein? Peur de quoi?"

"Peur de son absence....au chalet" murmurais-je

"Mais fallait le dire que tu voulais que je dorme avec toi! Je peux te servir d'oreiller, de doudou, de tout ce que tu veux. Tu me prends bien pour un mouchoir alors je peux faire un effort pour toi" s'écrie t'il

"Je préfère ne pas répondre" marmonnais-je

Je récupère mon ordonnance au bureau des infirmières puis nous partons. Storm porte mon sac et je marche à côté de lui.

"Tout le monde est content que tu rentres" me dit il alors que nous nous dirigeons vers sa voiture

"Je ne suis pas prête à pardonner"

"Ils le savent. Ton père le sait. Cela prendra le temps que ça faudra. Dis moi est ce que tu veux faire quelque chose de particulier avant qu'on rentre?" demande t'il en m'ouvrant la portière

"Un café?" proposais-je en m'installant sur le siège

"C'est parti pour un café" dit il en refermant la portière. Il dépose mon sac sur le siège arrière puis fait le tour de la voiture pour venir s'installer derrière le volant. Il démarre puis quitte la place de stationnement. La circulation est fluide cet après midi. Il quitte rapidement le quartier de l'hôpital et conduit jusqu'au Starbucks un peu plus loin sur l'avenue.