Partie 11 : menaces

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— Qui ça ? Larch ?

— Ordre prioritaire, n'entravez pas notre mission. Terminé. »

Leny raccroche avec un ricanement méprisant. Une belle bande de comiques, il le répète. Ils ont même un nom sur lequel se renseigner une fois sortis de ce guêpier.

6 et 7 sautent dans l'hélicoptère et courent dans les bras de 1 et 2. 3, 4 et 5 montent à leur tour. On peut sentir de loin l'hostilité et la désapprobation de 3, mais au moins elle est là. 5 est à moitié évanouie et soutenue par elle et par 4. Leny demande : « Qu'est-ce qu'elle a ?

— Migraine. » répond sobrement 2, et l'homme n'insiste pas. Les enfants allongent 5 de leur mieux sur le sol de l'hélicoptère. 1 leur annonce : Vous restez tous là avec Mme Delawney et Leny, on va fermer le laboratoire et on revient.

On peut vous aider propose 4 pourtant épuisé. Tout ce qu'il veut c'est que tout ça soit fini et que ça s'arrête. 2 sonde rapidement les enfants, aucun d'entre eux n'est en état de les aider mentalement, à part 3 qui est imprévisible pour le moment. Elle préfère y aller seule avec 1.

Ils s'élancent hors de l'hélicoptère. La porte de l'engin se referme silencieusement derrière eux. Tout autour règne le calme. Personne n'a encore repéré leur manège. Personne n'a lancé l'alerte.

Entrer dans le bâtiment par une fenêtre et éviter les soldats qui se font de plus en plus rares dans les couloirs, c'est facile. La suite s'annonce beaucoup plus délicate. C'est là qu'ils sont rassemblés, ces envahisseurs, tous venus fouiller un laboratoire qui n'est pas à eux, qui n'est pas chez eux, comme s'ils en avaient le droit.

Il faut qu'on parte de la salle de surveillance, tous les programmes sont transformés en codes binaires là-bas, dit 2. Ils n'ont aucun mal à s'y rendre en passant par les tunnels qui relient tous les bâtiments, évitant les soldats qui restent focalisés sur les portes non ouvertes lors de l'évasion, les portes blindées protégées par les ordinateurs binaires. Ils courent le plus silencieusement possible dans le noir. Mais plus ils se rapprochent, plus ils ralentissent. Pas besoin de se concerter. Ils savent qu'ils éprouvent exactement le même sentiment. Ce ne sont pas les vivants qui leur font peur.

Ce sont les morts.

C'est là qu'il y a les morts.

Faire fuir les autres semble délicat mais réalisable. En revanche, abandonner le laboratoire en laissant les morts dedans, c'est quelque chose de... sacrilège.

Mais les scientifiques ont fait tellement de sacrifices pour les secrets du laboratoire qu'ils les jugent plus importants que leurs vies, n'est-ce pas ?

Les morts seront les gardiens de ce savoir, pense sinistrement 2. Cette idée la rassure un peu. Le monde paraît plus en ordre si on voit les choses de cette façon. 1 l'approuve. Les voilà dans la salle. Les morts sont toujours là. Les prisonniers n'y sont plus, libérés par les nouveaux venus qui tentent de violer le bâtiment en installant des charges explosives aux différentes portes qu'ils ont pu trouver. Pour l'instant, ils sont parfaitement inefficaces.

Les mains plaquées sur les consoles techs, 1 et 2 évaluent rapidement la situation, le nombre de soldats et leurs positions. Il y en a beaucoup dans les salles d'études à ramasser des ordinateurs binaires qu'ils doivent penser remplis d'informations importantes. Aucun n'a accédé à la véritable salle des données, loin sous leurs pieds — le programme de la porte indique qu'elle n'a pas été ouverte depuis la veille. 1 et 2 la verrouillent en sécurité maximale et modifient le plan du laboratoire pour effacer son existence.

Pour vider les lieux, ils lancent l'alarme. Tout l'éclairage se teinte de rouge clignotant tandis que les sirènes hurlent. Les soldats demandent confirmation, 1 active le blocage total des ondes. Ils sortent. Parfait. Les Techs verrouillent les salles vides les unes après les autres, ce qui incite les traînards à se dépêcher tout en guettant d'éventuelles menaces, armes brandies tandis que la peur monte. À leur tour, les Techs peuvent quitter les lieux.

Ils croisent une soldate qui ouvre immédiatement le feu. Avec un fusil tech. L'arme n'émet qu'un cliquetis dérisoire tandis que 1 et 2 lèvent à leur tour leurs armes. Ils la tiennent facilement en respect, comme 3 l'a si bien fait avec ses otages. La femme lève les bras en l'air et murmure :

« Ne me tuez pas.

— On va voir, dit 2.

La jeune fille sait qu'ils vont la libérer dès qu'ils seront dehors, et ça la rend furieuse. Elle a envie de lui faire du mal avant. De jouer avec sa peur jusqu'à ce que l'autre regrette vraiment...

Sauf que ça ne servirait à rien, puisque quelqu'un qui a peur dit ce qu'on veut qu'il dise, point.

— On a tué tout le monde dehors, continue 2 d'une voix sinistre. Pourquoi pas vous ?

La femme gémit et se recroqueville sur elle-même. Elle a insisté pour revenir une dernière fois sur ses pas, essayer de trouver la source de cette alerte que personne ne semble avoir déclenchée. À présent qu'elle se croit tombée dans un piège, elle regrette d'avoir sous-estimé ces ennemis qu'on lui avait pourtant décrits comme dangereux. Arrivée sur l'île, entourée par ses compagnons, elle s'était crue invincible, et maintenant elle est terrifiée par le pouvoir de ceux qu'elle voulait détruire — la fille surtout, si jeune, qui siffle d'une voix haineuse :

— On va vous faire regretter d'être une sale meurtrière. »

2, arrête ton cinéma maintenant, dit 1. Lui aussi trouve plutôt agréable la peur de la femme, mais tout ça n'est qu'une perte de temps et une prise de risques inutile. Pour le moment, ils doivent s'enfuir.

Les Techs - Tome 1 : les secrets du LaboratoireWhere stories live. Discover now