•Chapitre 4• «British ancestry...»

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En sortant de la salle d'histoire-géo, j'avais l'impression que mon malaise survenu à peine une heure plus tôt n'avait pas eu lieu. Je me sentais calme et en confiance, bien que Monsieur Helen nous aient traumatisés avec des vidéos sur la première guerre mondiale et toutes ses gueules cassées.

Alors que notre dernier cours de la journée arrivait, Evan s'empressa de remettre une couche sur son anniv' et me demanda, mi-figue, mi-raisin :

«-Bon, tu viens du coup samedi ?»

Je fis mine de réfléchir, puis déclarai, sous le regard insistant de ma meilleure amie :

«-Faut que je demande...

-Pffff, ironisa Evan, ta tante dira oui, elle dit TOUJOURS oui !»

Je levai les yeux au ciel, sachant qu'il avait entièrement raison.

Depuis que je vivais chez elle (c'est-à-dire depuis trois ans), ma tante n'avait jamais rien su me refuser. En même temps, ce n'était pas tous les jours que l'on adoptait une jeune fille orpheline. Ma tante était ce genre de personne qui tentait de voir la vie en rose. Toujours positive et souriante, elle seule savait me redonner le sourire quand tout allait mal. Et Elsa bien sûr ! Depuis que j'avais treize ans, ma tante s'était énormément rapprochée de moi et tenait absolument à vivre avec moi tous mes moments d'adolescents. C'est avec elle que j'avais vécu mes premières règles. Avec elle que j'avais embrassé mon premier garçon. Avec elle que j'avais reconstruit ma vie après ma première rupture. Choses que l'on fait d'habitude avec nos parents...

Bien évidemment que je regrettais mes parents. Rien ni personne ne pourrait un jour combler le vide que leur départ avait causé. Il y avait des fois où je me sentais si seule que ma vie ne semblait avoir plus aucune importance pour personne. C'était dans ces moments-là que je faisais recours au meilleur remède qu'il existe au monde pour soigner ce genre de maux : les amis (testez, ça marche vraiment, en plus, c'est gratuit).

Mais, ces moments de doute et de perdition contrastaient avec les autres moments. Ceux où je me disais que j'étais sur Terre pour quelque chose. Ceux où je me sentais comprise et aimée. Ceux où je sentais cette force, inexplicable et indescriptible, qui maintenait chacun de nous en vie. Il y avait quelque chose pour laquelle je me battais, et pour laquelle je me sentais forte et vivante : l'espoir. L'espoir qu'un jour, le meurtrier de mes parents se retrouve derrière les barreaux. Rassurez-vous, je n'étais pas comme ce genre de personnes que la vengeance aveuglait tellement qu'elles finissaient en prison pour triple homicide. Je voulais simplement que justice soit faite et j'avais la nette impression qu'elle le serait.

«-Go in English

La voix de Lorrie me sortit de mon état de transe et je suivis machinalement mes amis jusqu'à la salle 115, salle de langues. Evan parlait (encore) de son anniv' et Elsa parlait (comme toujours) de tout et de n'importe quoi. Je m'étais persuadée que si on la mettait devant une tortue, elle parviendrait quand même à trouver quelque chose à dire pour converser. Cette fille avait le don du partage et de la communication. Don qui me manquait cruellement.

Quelques minutes plus tard, alors que nous étions tous assis tranquillement à nos tables, attendant le début du cours, quelqu'un toqua à la porte et entra. Je reconnus aussitôt Leo ? Loan ? C'est quoi son nom déjà ? Bref, le nouveau quoi ! Je fis mine de m'intéresser à autre chose, tandis que Elsa me souffla :

«-Il est vraiment chelou ce type ! Regarde moi ses yeux !»

J'acquiesçai, sans rien dire, relativement soulagée de constater que ses yeux ne perturbaient pas que moi.

«-Sorry, I'm late. I was with my history teacher

Son parfait accent anglais me fit tressaillir et je pus admirer le visage agréablement surpris de ma prof d'anglais. À nouveau, Elsa se pencha vers moi pour persifler :

T1 | S'il suffisait que je te le dise...Where stories live. Discover now