Chapitre 34

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   La bête fit irruption dans la pièce et, aussitôt, Thomas, Lucie et Mélissa lachèrent des cris. Ambre et Pierre, quant à eux, se contentèrent d'afficher une expression de surprise et d'effectuer un petit bond en arrière.

   La créature, petite mais dégageant une odeur insoutenable, s'arrêta quelques secondes, dévisageant les cinq adolescents effrayés. Puis, après avoir fini son observation, elle prit la fuite en direction du salon.

   - Un rat!
- Ne cris pas aussi fort, supplia Thomas.

   Comprennant que Thomas faisait allusion au tueur qui se trouvait potentiellement dans les parages, Lucie se tût et commença à regarder nerveusement autour d'elle comme si quelque chose s'apprêtait à surgir de l'obscurité. Mais, si le tueur l'avait entendue, il était déjà trop tard.

   Son cri lui avait donné une indication claire de leur position. Il ou elle ne tarderait pas à les trouver. Il fallait partir, au plus vite.

   - On devrait peut-être partir maintenant, conseilla Mélissa.
- Elle a raison, approuva Ambre. Si le tueur sait où on est...

   Tout le monde se tourna alors vers Ambre. Elle venait d'énoncer tout haut ce qu'ils avaient du mal à formuler dans leurs esprits embrouillés.

   Oui, il y avait un tueur dans cette maison, les corps de Julien et Dimitri en étaient des preuves irréfutables. Et oui, le cri de Lucie avait été suffisamment fort pour être entendu à l'autre bout de la bâtisse, ils en étaient sûrs et certains.

   Le tueur pouvait savoir où les trouver sans le moindre problème. Cette constatation ne présageait rien de bon. La seule zone éclairée du manoir était sûrement devenue la prochaine destination du psychopathe et il était par conséquent impossible d'y rester.

   Finalement, tous décidèrent de partir vers la cuisine du manoir, récemment désertée par l'abominable rongeur qui les avait surpris. Avant de partir affronter l'obscurité munis des deux lampes torches, tous adressèrent un dernier adieux à Dimitri.

    Des larmes coulèrent sur leurs joues. Non seulement, il était mort bien trop tôt et dans d'affreuses circonstances mais, en plus, ils risquaient tous de subir le même sort d'ici peu.

   Quand ils quittèrent enfin l'entrée, ils n'avaient toujours pas réussi à mettre leur chagrin et leur peur de côté au profit du courage. Chaque pas accentuait un peu plus leur angoisse.

   Les faisceaux lumineux des lampes torches leur permettaient de voir devant eux mais, au-delà de deux mètres, le noir total régnait. Se sentant presque aveugles et vulnérables, chacun d'entre eux se serrait le plus possible au reste du groupe.

   La lumière se posa rapidement sur le cadavre de l'inconnu qui gisait toujours dans la cuisine. Les cinq adolescents s'arrêtèrent pour contempler un instant le corps.

   - Quelqu'un le connaît? chuchota Pierre.

   Tous répondirent non les uns après les autres. Personne ne l'avait vu vivant ou pouvait mettre un nom sur ce visage pâle. Personne, sauf Mélissa.

   En effet, elle et sa jumelle avaient rencontré Ethan lors d'une soirée. Le jeune homme plutôt costaud et assez solitaire venait de se faire larguer par sa petite-amie. Se trouvant en plus très crédule, il avait été le complice idéal pour leur plan.

   Il avait mis les somnifères préparés par les deux sœurs en quantités minutieusement calculées dans les verres des heureux élus. Puis, il les avait transportés jusqu'au manoir et tout ça, sans poser de question.

   Malheureusement pour lui, sa gentillesse et sa loyauté lui avaient coûté la vie. Une fois les invités tous couchés sur le carrelage de l'entrée, Marina avait remercié Ethan en lui servant sa dernière boisson, un poison dont la recette se trouvait dans les vieux livres de l'ancienne prioritaire.

   Et, à ce qu'elle voyait, Mélissa ne pouvait que constater l'efficacité du poison. Le corps d'Ethan ne comportait aucune trace de lutte ou d'agression. Les seules preuves de sa mort étaient sa poitrine immobile et son teint blafard complété par des lèvres bleutées.

   - Vous pensez qu'il connaissait le tueur? demanda Thomas.
- Je sais pas mais, si on ne le connaît pas, ça ne sert à rien de se poser la question, répondit Ambre, déterminée à continuer leur fuite.
- Vous pensez qu'il est mort comment? insista Pierre.

   Sous les faisceaux lumineux des deux lampes, Mélissa se baissa et plaça une main sur le corps d'Ethan.

   - Il est froid, déclara-t-elle. Je ne m'y connaît pas trop en mort mais je crois que ça veut dire qu'il est mort depuis un petit moment...
- Et il ne semble pas avoir de blessure donc c'est peut-être un empoisonnement, ajouta Lucie.
- Ce qui veut dire que, même si vous mourrez de soif ou de faim, ne touchez à rien, ordonna Ambre en regardant Pierre dont l'estomac vide commençait à gargouiller.

   Le jeune homme acquiesça et le petit groupe contourna soigneusement le corps pour poursuivre sa route. Ils n'avaient aucune idée d'où ils allaient mais une chose était sûre, il devait échapper au psychopathe qui les avaient enfermés dans cette horrible maison.

***

   - Qu'est-ce ça veut dire? demanda Nicolas d'une voix tremblante pour essayer de gagner du temps.

   Cependant, Marina ne répondit pas, préférant se déplacer lentement dans la pièce tout en dévisageant avec une pointe de malice ses deux proies. Face à son absence de parole, le jeune homme retenta sa chance:

   - Pourquoi faire ça? Pourquoi nous?

   Ces paroles firent entrer Marina dans une profonde colère:

   - Pourquoi vous? Vous n'avez aucun remord?! Vous avez détruits nos vies!

   Sur le point d'exploser, elle réussit quand même à se retenir de crier. Jouaient-ils avec ses nerfs ou avaient-ils considéré ce passage de leur vies comme superficiel au point de l'avoir oublié?

   - Qu'est-ce qu'on a fait? implorant Louis pour essayer de la calmer.

   Marina était restée muette, bouillant intérieurement de rage et poussant Nicolas à intervenir de nouveau:

   - Qu'est-ce qu'on peut faire pour réparer vos actes?
- Les réparer? Ça c'est impossible! Par contre, commença-t-elle avec un petit sourire diabolique, vous pouvez payer pour ce que vous avez fait...
- Comment? l'interrogea immédiatement Louis.
- On va jouer à un jeu...

     À suivre...

Halloween Game: Origines [Non Corrigé]Where stories live. Discover now