Chapitre 6

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M. Lambert, au volant de sa toute nouvelle berline, doubla la voiture qui le précédait. Il se faisait tard et s'il ne rentrait pas au plus vite chez lui, il raterait la délicieuse tartiflette que sa femme était entrain de préparer à la maison.

Pressé de se remplir la panse, il doubla une nouvelle voiture. Il n'était plus qu'à quinze petites minutes de chez lui.

Cependant, à la sortie du village de Chapelle-sur-Cher, l'agent immobilier ralentit sa vitesse. Il s'arrêta un instant devant une grande grille noire.

À travers cette grille, il pouvait voir plusieurs personnes qui semblaient rire devant une grande maison. Ils paraissaient tellement heureux.

Pourtant quelque chose perturbait M. Lambert. Il leur avait vendu le manoir. Si la malédiction venait à les frapper, il serait le responsable de leur malheur.

Il eut alors la soudaine envie de franchir la grille, de courir vers eux et de les convaincre d'annuler la vente. Mais c'était trop tard. Le contrat de vente avait été signé depuis plusieurs semaines déjà et les Dupont ne reviendraient certainement pas dessus.

C'était leur problème désormais. La maison n'était plus dans sa famille et il devait se concentrer sur cette bonne nouvelle. Sa famille était désormais à l'abri de la malédiction qui l'avait torturée pendant des générations.

Se persuadant qu'il avait fait le bon choix en se débarrassant du manoir, il reprit sa route. Au feu rouge, il regarda l'heure sur sa montre. 19h33. Sa femme servirait bientôt le repas.

Dès que le feu passa au vert, il appuya sur l'accélérateur d'un coup sec. Il ne voulait pas être en retard.

***

Une fois la voiture garée dans l'allée de garage, il rentra dans la maison. Après avoir franchi le pas de la porte, il se dirigea vers le salon où sa fille l'attendait.

- Coucou ma chérie!

Sa fille détourna alors la tête de son portable. Dès qu'elle vit son père, ses yeux bleus se remplirent de joie et elle se précipita vers lui.

- J'ai cru que tu dormirais encore à ton bureau...
- Je sais que mon travail est très prenant en ce moment mais je ne louperai la tartiflette de ta mère pour rien au monde! plaisanta-t-il.

Le père et la fille éclatèrent de rire tandis que Mme Lambert installa l'imposant plat de tartiflette sur la table. M. Lambert détailla un instant sa fille.

Alice venait tout juste de fêter ses treize ans et elle était resplendissante. Quand il la voyait ainsi, heureuse et pleine de vie, il ne regrettait en rien d'avoir vendu le manoir.

Elle était un vrai rayon de soleil tout comme sa mère. Cependant, quelque chose le troublait chez sa fille.

Si on mettait de côté ses beaux cheveux blonds, Alice était le portrait craché de sa grand-mère dans sa jeunesse et plus troublant encore, elle ressemblait comme deux gouttes d'eau à un portrait qu'il avait trouvé en vidant la maison quelques années plus tôt. Le portrait de son ancêtre, celle qui avait fait construire le manoir. Celui de Lucie Lecompte.

À suivre...


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