Chapitre 5

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   Les deux jumelles remirent rapidement leurs cheveux en place. Les bruits de pas se rapprochaient. Que pouvaient-elles faire pour éviter d'avoir à dévoiler leur découverte?

   Soudain, Marina eut une idée. Elle se rua sur les cartons et en sortit un vieil album photo de la famille.

   - Assis-toi, murmura-t-elle à sa sœur qui s'exécuta immédiatement.

   Elle se précipita pour rejoindre Mélissa, assise à même le sol, et ouvrit l'album photo sur une page au hasard.

   - Tu te souviens de ça? demanda-t-elle à sa sœur en lui adressant un sourire lorsque le visiteur entra dans la pièce.

   Les jumelles se tournèrent alors vers la porte et virent leur père se diriger vers elles. De sa place, Michel regarda un instant les photos de l'album.

   On y voyait sur la page de gauche les deux sœurs jouant ensemble à la poupée lorsqu'elles n'avaient que quatre ans. Sur la page de droite, les deux sœurs déguisées en sorcières posaient aux côtés de leur mère.

   - Vous étiez si excitées à l'idée de fêter Halloween, lança-t-il.
- On voulait surtout avoir des bonbons, plaisanta Mélissa.
- Je me souviens qu'après cette soirée, vous nous avez casser les pieds pendant des jours pour manger vos sucreries, continua Michel. Enfin, vous avez bien grandies depuis...

   Le père continua de se remémorer les bons souvenirs avec ses filles pendant quelques instants avant qu'une voix ne se fasse entendre au loin. Béatrice, encore au rez-de-chaussée, rappelait à son mari et ses filles qu'il était temps de partir.

   Marina regarda l'heure sur l'écran de son portable. Il était déjà vingt heures passées. Elles avaient lu les sortilèges et chroniques de Lucie Lecompte pendant des heures entières. Qui aurait cru que la vie d'une prétendue sorcière puisse être aussi passionnante?

   - Bon, on descend? demanda Michel en adressant un regard complice à ses filles. Je ne voudrais pas qu'on se fasse disputer par votre mère!

   Le père fit un clin d'œil à ses filles. Marina se leva, vite suivie de Mélissa, et reposa l'album photo dans un des cartons entassés dans la pièce.

   Le trio se dirigea vers la sortie de la pièce, précédé du faisceau lumineux émit par le portable de Marina. Les électriciens ne s'étant toujours pas décidé à remettre l'électricité, la famille Dupont devait se débrouiller pour éclairer la maison de son mieux.

   Les parents avaient donc acheté plusieurs lampes de camping très puissantes. La famille avait aussi eu la chance de retrouver plusieurs bougies blanches assez anciennes dans les placards du vieux buffet de la cuisine. Béatrice avait rapidement décidé de s'en servir pour éclairer l'entrée le soir venu.

   Le père et ses deux filles arrivèrent devant les premiers marches lorsqu'un bruit venant d'une des chambres retentit. Le trio sursota simultanément et Marina sentit un frisson parcourir son dos.

   - On a dû oublier de fermer le volet, les rassura Michel. Vous venez m'éclairer? leur demanda-t-il en montrant du doigt la chambre qui se trouvait derrière eux, de l'autre côté du couloir.

   Les jumelles acquiescèrent et suivirent leur père. Tous les trois, serrés les uns contre les autres, traversèrent le couloir d'un pas lent et méfiant.

   Michel ouvrit la porte et s'apperçut, à sa grande surprise, que ce qu'il avait avancé était juste. Il se souvenait pourtant parfaitement avoir fermé le volet avant de quitter la pièce que lui et sa femme avaient passé une grande partie de leur après-midi à retapisser.

   Le trio resta un instant immobile, presque paralysé. Un vent glacial provenant de la fenêtre traversait la pièce et faisait grinçait le volet.

   Cette situation rappella à Michel les films d'horreur qu'il avait visionnés étant plus jeune. Il s'attendait à voir debarquer un fantôme ou un homme armé d'une hache, si bien qu'il lui paraissait risqué de se rendre jusqu'à la fenêtre pour la fermer.

   Le vent continua, sifflant un peu plus fort à travers les volets. Michel commençait à avoir froid, à se sentir frissonner. Était-il entrain d'avoir peur de fermer une fenêtre? Qu'était-il arrivé à l'homme courageux qui sommellait en lui?

   Décidant de vaincre sa peur qu'il jugeait ridicule, il s'avança sous la lumière émise par les portables de ses filles et ferma la fenêtre aussi rapidement que possible. Il se retourna vers les jumelles et leur annonça:

   - C'est bon les filles! On peut aller rejoindre votre mère.

   Il se dirigea ensuite vers la porte suivi de Mélissa et Marina. Sur le seuil de la porte, Marina regarda derrière elle. Elle ne voyait pas bien la pièce qui n'était éclairée que par la lumière de la lune mais ce peu de visibilité lui était suffisant pour repenser à ce qu'elle savait sur la maison.

   Si les douze enfants retrouvés mort devant l'église par les villageois avaient vécu ici, peut-être que l'un d'entre eux avait dormi dans cette chambre. Ou pire encore, peut-être que l'un de ces enfants y était mort.

   Les nombreux livres qu'elle et sa sœur avaient découverts lui en apprendraient certainement plus sur ces enfants et leur mort. Elle devrait donc trouver un moyen d'accéder à la pièce secrète sans mettre ses parents au courant...

   Le père et ses deux filles s'engagèrent dans l'escalier menant au rez-de-chaussée où Béatrice les attendait. Quelques bougies éclairaient l'entrée dont deux posées de chaque côté du miroir.

   - Vous en avez mis du temps! plaisanta Béatrice après que son mari et ses filles aient fini la descente des marches.
- La fenêtre de la chambre n'était pas fermée, répondit Michel.

   La petite famille se dirigea vers la porte laissant les bougies se consumer dans l'entrée. Les jumelles avaient pris un peu d'avance sur leurs parents.

   - J'étais sûre et certaine de t'avoir vu fermer la fenêtre, chuchota Béatrice au creux de l'oreille de son mari.

   En guise de réponse, Michel osa simplement les épaules. Lui aussi se souvenait très bien avoir soigneusement fermé la fenêtre.

***

   A l'intérieur de la maison, les bougies se consummaient lentement, créant une lumière tamisée dans l'entrée. Le calme régnait en maître sur la maison.

   Cependant, au bout d'un moment, quelque chose apparut sur le miroir. Une trace blanche se dessina sur la surface vitrée. Puis une autre se forma un peu plus loin.

   Les deux traces, parfaitement symétriques, avaient toutes les deux la même forme que d'habitude. Une forme de main.

     À suivre...

Halloween Game: Origines [Non Corrigé]Where stories live. Discover now