Chapitre 6

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— Mais c'est impossible... Hier vous vous baladiez sans gardes alors que d'habitude...

— Je préfère me balader seul, sans eux, la coupai-je, en la voyant déglutir.

— Oh merd...

Je la coupai une nouvelle fois, en plaquant une main sur ses lèvres roses.

— Pas de vilains mots dans une si belle bouche, voyons.

Elle acquiesça de la tête, puis je la relâchai, tout de même irrité de séparer notre léger contact.

— Vous vous habituerez à vivre ici pendant une semaine, puis nous attaquerons le travail.

— Attendez un peu mon mignon ! Ce n'est pas parce que vous êtes prince, même si j'hésite encore à y croire, que je vais vous obéir et travailler pour vous ! s'exclama-t-elle aussitôt, en se levant du lit.

J'ai bien entendu ? Mon mignon... ?

— Nous avons déjà appelé la librairie et tout est réglé. Votre appartement est désormais vide, puisque le déménagement a déjà eu lieu. D'autres questions ? répliquais-je en me levant.

— Mais vous contrôlez toute ma vie ! s'indigna-t-elle, outrée.

— J'aime tout contrôler. C'est dans ma façon de faire. Disons que cela fonctionne comme ça dans notre famille.

— Borné ! Vous êtes borné ! continua-t-elle, en tapant furieusement ses mains sur ses hanches.

— Ne continuez pas dans cette voie là, Elena. Je pourrai me montrer moins compréhensif.

Ses poings se serraient, tandis qu'elle souffla.

— La penderie est de l'autre côté de cette porte. Des vêtements sont à votre disposition. Je vous conseille d'ailleurs d'aller vous changer ; sinon vous allez attraper froid et je m'en voudrai.

— Et d'avoir gâché ma vie, vous en voulez vous ou pas ? demanda-t-elle sèchement, en me regardant.

Je ne pus m'empêcher de sourire, encore amusé par ses réflexions cinglantes.

— Du tout. Cela est une très bonne chose et jamais je ne le regretterai.

Elle laissa échapper un rire cynique, en secouant négativement la tête.

— Je dois finir un dossier pour aujourd'hui. Nous nous reverrons donc au dîner. Vous pouvez visiter les quartiers en attendant, continuai-je, en la saluant, puis en me retournant.

— Et il s'en va comme ça... entendis-je grommeler, pendant que j'ouvris la porte.

— À plus tard, gattino, chaton, murmurai-je.

**

PDV Elena

Pourquoi n'ai-je jamais regardé un seul programme télé ou encore, lu un magazine depuis que je suis arrivée ici ?

Bravo Elena. Bravo.

Non mais ce n'est pas possible. Tout cela est une énorme plaisanterie et évidemment, je ne suis qu'une pauvre victime qui n'a pas demandé à se retrouver ici. Non mais non, quoi ! Il se croit tout permis celui-là !

J'ai emménagé ici ; un mois venant à peine de s'écouler. Je ne m'étais pas totalement familiarisée avec ce pays. J'ai quelques brides de souvenirs grâce aux nombreux potins des femmes, mais après... Mince. J'aurai peut-être dû me renseigner avant. Mais n'ayant aucune vie sociale, il était plutôt difficile d'en entendre parler. Et puis même, les trois frères ne pouvaient pas se retrouver placarder dans les rues, sur de grosses affiches, avec leurs prénoms écrit en grosses lettres noires ?

Ça aurait pu m'aider quoi !

Et puis... à cause de mon pot-au-feu, j'avais évidemment foncé sur le seul individu qu'il ne fallait pas faucher ici. Dans ce pays. Sur cette terre. S'il avait été accompagné de gardes, ils auraient pu, eux, empêcher ce faux pas. Me sauter dessus et empêcher cette houleuse collision. Mais non. Il était seul et donc, nos corps s'étaient brusquement entrechoqués.

Et le comble dans tout ça, avait été que Monsieur le prince, comme si de rien n'était, était venu m'enlever. Évidemment, il a calculé son coup. Il est malin. Bien trop malin. Tout a été pensé pour que je ne puisse partir d'ici. Car désormais, je n'ai plus mon appartement et plus de travail. En clair, je suis à la rue si je pars de ce palais.

Je suis donc contrainte de rester ici. Mais ne vous méprenez pas. Je compte bien clamer haut et fort mon mécontentement. Et ça va d'ailleurs commencer maintenant. Mais avant tout, je vais peut-être aller me changer. La nuisette pourrait nuire à la confrontation. Ou peut-être, le déstabiliser...

**

— Excusez-moi... dis-je, en me rapprochant de lui.

Le garde se baissa légèrement, afin que nos regards se croisent.

— L'homme qui vit ici est vraiment le prince ? demandai-je d'une toute petite voix.

Un rire s'échappa de sa gorge. Le garde se remit droit, en acquiesçant de la tête.

— Oui. Le prince Demetrio vit bien ici.

Et mince...

— Vous êtes sûr et certain que cet homme est prince ? Il n'a pas loué ce palais ou tuer le vrai prince, afin de se faire passer pour lui ? continuai-je, toujours aussi sceptique.

— Bien-sûr que non, mademoiselle. Demetrio est le dernier fils de la famille royale, déclara-t-il, en se retenant encore de rire.

— La blague...

Je le remerciai, brièvement, puis repris ma marche. Bon eh bien. C'est le dixième garde que je prends à part. La réponse est toujours la même. L'amusement dans leurs yeux également. Les rires sont toujours au rendez-vous. Je suis vraiment dans le palais du Prince...

Prince Demetrio Où les histoires vivent. Découvrez maintenant