Chapitre 4

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Le trajet fut plutôt court. Une demi-heure avait amplement suffi pour que nous soyons déjà de retour au palais.

— C'est pas vrai... entendis-je soudainement souffler, d'une toute petite voix.

Je rouvris les yeux, en apercevant immédiatement Elena le nez collé contre la vitre. Je la détaillais, pendant qu'elle commençait à se cogner la tête contre celle-ci.

— Vous allez finir par avoir une bosse, déclarai-je, en cachant mon sourire.

Elle se retourna vivement, les sourcils encore froncés.

— Et vous, vous aurez plus qu'une bosse croyez-moi, protesta-t-elle, en fouillant rapidement ma veste.

Elle en sortit un stylo et directement, me le lança à la figure. Je ne disais rien et pour cette fois-ci, laissais passer ce geste. Après tout, elle a le droit d'être légèrement irritée.

— De l'extérieur on pourrait vous comparer à un chaton, murmurai-je l'air pensif, en l'observant toujours.

— Et à l'intérieur que suis-je alors ? répliqua-t-elle agressivement.

— Une tigresse.

Elle fouilla pressement les poches de mon manteau, encore une fois, avant de me lancer un paquet de mouchoir en pleine tête.

— Rangez vos fantasmes dans une boite et fermez la à clé ! s'exclama-t-elle, en roulant par la même occasion des yeux.

Fantasme ? Je n'avais guère étudié cette arrière-pensée... Je ne pus m'empêcher de rire, en secouant légèrement la tête.

— Et vous, vous ressemblez à un gorille. Mais le pire, c'est que vous l'êtes aussi de l'intérieur.

— Un gorille ? repris-je, amusé.

— Vous êtes habillé tout en noir. Vous m'avez attrapé comme si j'étais une vulgaire banane. Et puis vous manquez d'une grande finesse dans vos gestes ; vous êtes brute.

Je ne pus m'empêcher de rire et Sergio me suivit aussitôt.

— Allez-y moquez-vous ! ronchonna-t-elle comme une enfant, pendant que la voiture s'arrêtait.

Je détachai la ceinture en même temps que celle du petit chaton. Elle laissa d'ailleurs échapper un grognement, en murmurant quelque chose. Je me dépêchai de sortir de la voiture et d'aller ouvrir sa portière, pour lui prouver mes réelles intentions. Elle me regarda, longuement, en haussant un sourcil.

— C'est trop tard pour essayer de se faire passer en homme galant. Déjà vous avez débarqué chez moi mais en plus, vous m'avez enlevé.

Je lui souriais, toujours amusé, avant de m'abaisser à son niveau.

— Je vais être galant jusqu'au bout. Venez dans mes bras, annonçai-je, en ne quittant plus ses magnifiques yeux.

— Vous croyez vraiment que je vais me jeter dans vos bras ? demanda-t-elle rageusement, en se reculant.

— Vous préférez peut-être vous faire mal au pied ? Vous balader comme ça, devant mes gardes ?

— Quelqu'un d'autre peut me porter alors ? répliqua-t-elle, exaspérée.

— Je ne crains qu'ils soient tous occupés. Malheureusement, ajoutai-je, en tirant d'un coup sur ses frêles chevilles.

Un cri s'échappa de sa bouche pendant que je l'attrapais par le bras. Et voilà. Le petit chaton venait de revenir dans mes bras. Ce n'était pas si compliqué que cela, après tout. Je souriais, vainqueur, en commençant à marcher. Évidemment la demoiselle commença à me rouer de coups. Elle ne se laisse jamais faire.

— Je vais vous mordre, m'avertit-elle, tandis que je franchissais le seuil de la porte.

Tiens donc, elle voudrait me mordre...

— Faites donc, faites donc, repris-je, en saluant quelques gardes.

Le chaton commença à bouger dans mes bras et je ne compris que bien plus tard, qu'elle venait de planter ses crocs dans mon cou. Oui. Ses dents s'étaient enfoncées dans ma peau. Je poussai un juron, tandis qu'elle s'agrippait fermement à mon cou. Je m'arrêtai net et c'est à ce moment-là qu'elle cessa de me tirailler la peau.

— Oups, dit-elle tout bas.

— Donnant donnant, à ce que je vois, continuai-je.

Elle leva les yeux au ciel, alors que je repris ma marche. Dix minutes plus tard, nous arrivions enfin dans sa nouvelle chambre. Et d'ailleurs, nul doute que tout lui plaisait. Ses yeux pétillaient. Je la posai délicatement sur le lit, avant de reculer de quelques pas.

— Voici votre chambre. Demandez-moi si vous voulez d'autres choses afin de la compléter, Elena.

Elle fronça les sourcils, puis observa les lieux.

— Ah parce que c'est dans vos projets de me tenir captive ici ? demanda-t-elle, en serrant ses mains contre le drap.

— Évidemment, cela va de soit. Les kidnappings servent à cela.

— Personne ne viendra me chercher. Vous n'aurez donc pas une rançon, soupira-t-elle, une lueur de tristesse traversant brièvement ses prunelles hazel.

Je me rapprochai et posai mes mains sur le lit, de chaque côté de son corps. Nous étions près. Beaucoup trop prêts. Mais c'est comme si quelque chose m'attirait inévitablement vers elle.

— Cela ne m'importe peu vous savez, annonçai-je, en voyant étrangement ses joues se rosir.

— C'était peut-être un peu trop... murmura-t-elle.

— De quoi ? repris-je, égaré.

Elle posa un doigt sur son cou, en se mordant la lèvre inférieure. Je me redressai avant de me diriger vers le miroir d'un pas précipité. Mio Dio. Un suçon. Elle ne m'avait pas que mordu, non... Un énorme suçon prenait désormais place sur ma peau.

Prince Demetrio Où les histoires vivent. Découvrez maintenant