Chapitre 15

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    C'est quoi ça ? C'est une robe, bien entendu. Mais je ne comptais pas aller défiler pour un grand magazine de mode, ou encore une grande marque de prêt à porter. Et pas la peine de se poser plusieurs questions, pour savoir que c'était Demetrio qui me l'avait fait amener dans la journée. Hélas pour lui, je n'aimais pas porter de robe, de jupe et tout le tralala.

    Je repliai à la hâte la robe, qui me paraissait faite sur haute couture et valoir une fortune, avant de la repositionner dans son paquet d'origine. Je pris ensuite quelques affaires, puis me dirigeai normalement vers la salle de bain, comme si de rien n'était. Demetrio avait eu de la chance. Je ne l'avais pas collé cet après-midi. Mais évidemment, je reviendrai encore, bien déterminée.

    Après m'être débarbouillée le visage, avoir enfilé mes nouveaux vêtements et m'être légèrement maquillée, je partis rejoindre mon cher prince que j'appréciais tant. Plus tard, après avoir tourné pendant au moins dix minutes dans tous les couloirs, j'arrivai enfin dans le hall principal.

    Et déjà, je manquais de louper une superbe marche, ma respiration se coupant brusquement, en voyant Demetrio appuyé contre la rembarre d'escaliers. Les yeux rivés sur ma personne, un étrange sourire aux lèvres. Il portait un nouveau costume noir, qui soulignait parfaitement sa carrure, ses muscles. Dire qu'il était répugnant serait le plus gros des mensonges jamais prononcé avant.

   Mes joues chauffant doucement, je descendis les marches d'escaliers, mon cœur battant de plus en plus vite. À peine avais-je fini, que Demetrio se précipita sur moi. Il me prit une main, la porta à ses lèvres, puis y déposa un tendre et long baiser sur celle-ci. Une étrange sensation venait se loger dans mon ventre, pendant que je fixais son visage.

— La robe ne te convenait pas ? me demanda-t-il, en lâchant enfin ma main qui avait désormais une trace brûlante de ses lèvres.

— Non. Elle ne me plaisait pas. Je n'aime pas que l'on m'offre des cadeaux et en plus, je trouvais cela trop excessif. Je ne suis pas très robe.

    Un nouveau sourire étira ses lèvres, pendant qu'il acquiesçait de la tête.

— Bon choix... murmura-t-il, en entourant ma taille de l'un de ses bras.

— Je sais lire dans ton regard depuis un petit moment déjà. Ne fais pas cette tête là, gattino. Nous sommes bien plus proches que cela... Dois-je te rappeler nos deux nuits passés ensembles ?

— Tout cela n'aurait pas eu lieu si tu ne m'avais pas parlé de cette histoire de cousin. Je déteste et hais au plus haut point, tout ce qui concerne le monde surnaturel.

— Je trouve pourtant cette histoire passionnante. Nous avons pu se rapprocher en peu de temps...

— En effet... marmonnai-je, en me demandant quand j'allais arrêter ce manège.

    Hum. Je pense encore aller le réveiller cette nuit. Ma vengeance n'est pas achevée et j'espère bien qu'il me trouvera de plus en plus collante pour au moins, se débarrasser de moi.

**

Quelques heures plus tard.

— Comment trouves-tu la soirée, Elena ? me demanda-t-il, en me fixant.

— Hum, pour être honnête, je n'ai jamais aimé fréquenter ce genre de restaurant. Je préfère ceux qui sont plus simples ; tout le monde ne cesse de m'observer et cela me rend très mal à l'aise.

   Demetrio fronça les sourcils, en regardant autour de lui. Il cria brusquement quelques phrases en italien et directement, tout le monde se retourna.

Ah oui, quand même...

— Désolé. Je ne m'étais pas rendu compte. J'étais trop préoccupé par toi, me souffla-t-il, l'air vraiment sincère.

   J'acquiesçai de la tête, essayant de retenir un maximum mon sourire à l'entente de ses paroles.

— Tu n'as pratiquement rien mangé. Mange un peu plus, je t'en prie, reprit-t-il plus tard.

— Je n'ai pas très faim, répondis-je, en tournant ma fourchette dans l'assiette pleine.

   Il a essayé de faire des efforts et je ne veux pas les ruiner, encore une fois. Mais l nourriture ici est beaucoup trop gastronomique. Plusieurs mélanges de saveurs, de goûts, qui ne venaient pas tellement enchanter mon palais et mes papilles. Pourtant je sais qu'il a fait tout cela dans l'unique but de me faire plaisir. Et même si je suis, en général franche, je n'ai envie de lui exposer mon réel point de vue quant à ce dîner. Je commençais donc à prendre quelques bouchées, toujours sous ses regards brûlants.

**

— Tiens. C'est pour toi, me dit-t-il, l'air presque gêné.

   Je pris la crêpe entre mes mains, en le fixant.

— Désolé pour cette soirée. J'aurai aimé que cela se passe dans de meilleures conditions. Tu n'as pratiquement rien mangé, et je m'en veux. Excuse-moi.

Oh...

   Je m'empressai de goûter à cette crêpe, qui était garnie de sucre : ce que je préférais. Demetrio m'observa, silencieusement, les mains dans les poches. Après l'avoir bien entamé, je tendis ma main devant son visage, un bout de crêpe encore présent.

— J'ai vu les efforts que tu as fait pour me faire plaisir. Merci beaucoup, Demetrio. Tiens, mange. Tu verras que c'est délicieux.

   Il parut étonné de mes paroles, mais prit tout de même la crêpe de mes mains.

— Tu as aimé ? C'était la première fois que j'invitais une femme tu sais, reprit-t-il l'air encore gêné.

Qu'il est mignon...

— Je me sens flattée, alors. Merci pour cette soirée Demetrio, continuai-je avec sincérité.

    Demetrio s'avança subitement vers moi, puis se pencha très près de mon visage. Il me... lécha le coin des lèvres, puis me susurra aussitôt à l'oreille :

— Nous recommencerons quand tu voudras, mio gattino, mon chaton.

Prince Demetrio Où les histoires vivent. Découvrez maintenant