— Si vous me demandiez mon avis, et bien que ça ne soit pas le cas, je dirais que nous empruntons le chemin le plus long, commença Gimli, avant de tirer sur sa pipe.

Gandalf le regarda avec attention, attendant la suite.

— Gandalf, nous pourrions passer par les mines de la Moria. Mon cousin Balin nous accueillerait royalement.

L'expression de Gandalf s'assombrit au fur et à mesure que Gimli parlait et il le coupa net dans son discours.

— Non Gimli, je n'emprunterais la route de la Moria que si je n'ai d'autre choix, déclara-t-il.

Gimli grogna, et au même moment, Legolas se mit à courir pour atteindre l'autre côté de la colline.

Soudain, Ariane entendit un cri de douleur. Pippin se tenait la jambe. Boromir se confondait en excuses, mais Pippin lui donna un coup de pied et lui sauta dessus. Boromir se mit à rire et la scène des deux Hobbits qui se battait contre lui au corps à corps fit sourire la jeune fille. Tous les trois riaient aux éclats, mais Frodon pointait du doigt le ciel, l'air inquiet.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il, les sourcils froncés.

En premier lieu, Ariane pensa à des oiseaux.

— C'est rien, c'est qu'un p'tit nuage., répondit Gimli en tirant sur sa pipe.

— Mais qui avance vite, et contre le vent, fit remarquer Boromir.

— Des crébains du pays de Dun ! s'exclama Legolas.

— Cachez-vous ! dit Boromir.

Ariane resta pétrifiée, essayant de déceler ce qui inquiétait autant ses compagnons dans ces créatures. Elle fut rapidement tirée en arrière par quelqu'un et plaquée au sol.

— Taisez-vous, lui murmura Boromir en surveillant le ciel.

Ariane ouvrit de grands yeux. Boromir ? La sauver ? Cela paraissait improbable. C'était pourtant bien lui qui était allongé à ses côtés, retenant sa respiration.

Lorsque les crébains furent partis, Ariane se releva et épousseta la poussière qui jonchait ses vêtements.

— Hum, merci, Seigneur Boromir. Pour... ça, osa-t-elle.

— Vous êtes vraiment inconsciente ! s'écria-t-il, la faisant sursauter. On vous dit d'aller vous cacher, et vous restez plantée comme un piquet, visible de tous !

Il semblait véritablement en colère.

— Vous avez failli nous faire repérer ! Êtes-vous consciente que ce n'est pas une promenade de santé, et que vous avez la Terre du Milieu entière entre vos mains ? Vous faites partie de la Communauté, et nous n'y pouvons rien. Mais par pitié, faites un effort ! Vous n'avez pas l'air d'être une empotée, alors n'agissez pas comme tel !

Ariane eut les larmes aux yeux. Alors que Boromir allait tourner les talons, elle explosa.

— De toute manière, vous ne m'aurez bientôt plus sur le dos ! Parce que c'est ce que vous voulez, n'est-ce pas ?

Il la regarda, interloqué.

— Eh oui, je ne finirais pas ce voyage avec vous ! Cela vous soulage-t-il ? Eh bien, moi, oui. Je ne subirais plus vos remarques excessives.

Après ces paroles, elle tourna les talons et alla s'asseoir sur un rocher en essuyant ses larmes. Aragorn alla la consoler.

Gandalf soupira. Tous les membres de la Communauté le regardaient, attendant une réponse à leurs questions silencieuses.

— Je pense que je vous dois des explications, dit finalement le Magicien. Ariane n'est pas réellement mon apprentie. Elle ne vient pas d'ici. Elle vit très loin, et doit rentrer chez elle. Il y a de nombreuses choses que je ne saurais expliquer à son propos. Je dois la conduire en Lòrien, pour qu'elle rencontre le Seigneur Celeborn et la Dame Galadriel. Alors, non, elle ne finira pas ce voyage avec nous. Mais cela ne vous empêche pas, tous autant que vous êtes, de lui témoigner du respect.

— Aragorn était-il au courant ? demanda Boromir.

— Oui, il l'était. Lui, et le Seigneur Elrond également. Nous devions garder le secret, sans quoi elle aurait sans doute eu des ennuis.

— Quand comptiez-vous nous en informer ? questionna Legolas d'une voix pleine de reproches.

— Vous ne deviez pas le savoir du tout, répondit Gandalf d'un ton sévère. Mais notre chère Ariane en a décidé autrement. Il faut que nous repartions rapidement. Ces créatures étaient des espions de Saroumane. La trouée du Rohan est surveillée. Il nous faut passer par le Col de Caradhras !

Non loin, Ariane reniflait et essuyait ses larmes d'un revers de manche.

— Je sais que je ne vais pas y arriver, Aragorn... dit-elle entre deux sanglots. Ça ne sert à rien de faire tout ça... Je ne suis ni courageuse, ni bonne combattante... Boromir a raison, je suis faible.

— Je n'ai pas dit ça, déclara le Gondorien derrière elle.

Ariane ne prit pas la peine de se retourner.

— Vous l'avez bien laissé sous-entendre.

— Je disais que la place d'une femme n'était pas au combat. N'êtes-vous pas d'accord ?

— Il y a encore quelques jours, je l'étais. Mais aujourd'hui je suis ici. Je sais ce qui m'attends, ne vous méprenez pas.

— Alors vous êtes bien courageuse. Mais il faut vous préserver.

Et il repartit. Ariane essuya ses yeux une dernière fois et regarda Aragorn.

— Je dois vous paraître pitoyable.

— Vous avez tout à fait le droit de montrer vos sentiments. Cela ne fait pas de vous une personne faible pour autant.

Ariane rit tristement et prit la main qu'Aragorn lui tendait. Il l'aida à se lever et ils revinrent près des autres.

Excursion imprévue.Where stories live. Discover now