Chapitre 6 - Make your choice

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Il était épuisé. Il avait mal partout aussi. Il avait pas vraiment envie de se lever mais puisque le téléphone sonnait fallait bien qu'il lève la tête et qu'il décroche. Il l'attrapa mollement et entendit une voix agressive à l'autre bout.

- Putain Jin ! Tu devrais être arrivé depuis une heure !
- Maru gueule pas, marmonna-t-il.
- Jin ? Ca va ? S'inquiéta tout de suite son interlocuteur.
- Non pas trop, j'me sens pas super.
- Oh. Bon, ok. Ca passe pour cette fois. Je vais m'occuper de ton taff. Tu seras d'attaque demain ? T'as appelé un médecin ?
- Oui, je serai là demain. J'me sens juste pas bien.
- Bon, ok. Bon... prends soin de toi, et surtout hésite pas à appeler si ça va toujours pas, je m'arrangerai, ok ?
- Merci, vraiment merci.
- C'est normal. T'es mon meilleur élément. Oublie pas quand même que samedi après-midi t'as rendez-vous avec moi pour... the surprise !
- Ouais, j'ai pas oublié.
- Allez, j'te laisse te reposer. Prends soin de toi.
- Merci.

Il reposa son portable avec autant d'envie sur la table de chevet et se tourna vers la place qu'il avait pensé occupée. Mais elle était apparemment vide... et froide. Il se mit à paniquer et malgré la fatigue et les courbatures, il se leva pour vérifier dans la salle de bain.

- Kazu ?

Il y était pas. Il se mit presque à courir pour fouiller tout son appart' en appelant son nom mais il était pas là. Il avait même pas laissé un mot l'enfoiré. Il se sentait con d'un coup. Con d'y avoir cru, d'avoir pensé que c'était possible. Mais en fait Kazuya était venu se servir et il était reparti. Il arrivait même pas à lui en vouloir tellement il avait été un enfoiré avec lui. Le retour de bâton. Il y avait jamais cru mais le prendre en pleine gueule ça réveillait. Et là, vraiment, il se sentait pas bien. Il avait besoin d'une douche parce que d'un coup, il se sentait sale.

Il avait préféré sortir pour appeler Hiroki qui le harcelait depuis ce matin. Il avait presque pas dormi de la nuit à ressasser ce qui venait de se passer, à tout ce qui avait été dit. Ils se laissaient encore une chance mais il savait que si ça venait à foirer, il essaierait encore et encore. Quitte à se faire mal, à lui faire mal, il voulait plus lâcher le morceau. C'était fini ça. Et s'il fallait lui foutre une branlé pour qu'il aille dans son sens alors il le ferait.

- Kazuya ? Mais t'es où ? Pourquoi tu répondais pas ?
- J'ai revu Jin, lui annonça-t-il calmement.
- Je sais, tu me l'as déjà dit.
- Non, je veux dire, je l'ai revu plusieurs fois pour discuter.
- Quoi ? Attends. Tu veux dire que t'es chez lui là ?
- Oui. On a discuté et on a fini par... s'endormir.

Il allait pas lui sortir qu'ils avaient baisé comme des bêtes quasiment toute la nuit. Il se sentait tout de même assez coupable comme ça. Jin lui faisait vraiment perdre la tête pour qu'il fasse subir ça à Hiroki.

- Je me suis inquiété. Tu m'avais pas prévenu.
- Oui, je sais.
- De toute façon, là, je pars à Séoul mais on en reparle dès que je reviens.
- Oui, c'est d'accord.
- Et tu rentres vite. Je pars déjà mais je veux pas que tu restes là-bas.
- Je peux pas te dire oui.
- Je te demande pas ton avis. T'es là quand je rentre, point.

Il lui avait raccroché au nez. Il croyait quoi ? Qu'il était sa chose ? Il serra les dents pour pas réveiller les voisins et décida d'aller acheter de quoi faire un petit déj'. Jin dormait sûrement encore, c'était la première fois qu'il le voyait autant à plat après avoir fait l'amour. Avant c'était une vraie pile.



- Jin, qu'est-ce qui se passe ? Lui demanda Takuya inquiet au téléphone.
- J'ai... je crois que j'ai fait une rechute, lui avoua-t-il.

Quand il était sorti de la douche, il avait pas pu s'empêcher de lui téléphoner tout de suite, il se sentait trop mal. Il aimait pas associer le mot rechute à celui de Kazuya mais en fait, il savait pas trop quoi faire d'autre, il se sentait bizarre et il avait que lui pour en parler.

- Tu crois ? Si tu m'en parles, c'est que tu en es sûr.
- Kazuya est venu me parler.
- Je t'avais dit de ne pas retourner le voir, lui dit-il en haussant le ton. Jin, si tu continues, tu vas droit dans le mur.
- Mais je pensais pas... j'voulais vraiment parler avec lui mais c'est allé trop vite. On a dérapé.
- Tu ne peux pas briser ton abstinence comme ça.
- Mais Liao...
- Laisse tomber ce truc à la con. Ils t'endorment le cerveau, c'est tout. Tu peux pas récupérer une vie normale du jour au lendemain. Tu peux pas harmoniser ta vie sexuelle avec leurs préceptes, pas avec ton caractère. Tu dois faire abstinence. Tu dis toi-même que c'est une rechute, c'est que tu considères ce qui s'est passé comme mauvais.
- Non ! C'est pas ça ! Je l'ai pas vu comme ça...
- Oui, sur le coup, on pense toujours que c'est une bonne idée. Mais il est où maintenant celui pour qui tu as brisé tous tes efforts ?

Il savait pas quoi répondre. Kazuya n'était pas là. Il était parti. Il avait les boules de s'avouer ça et Takuya lui montrait l'étendue de sa connerie. Il pouvait faire qu'avec les faits. Kazuya lui avait demandé s'il pouvait rester, ils avaient fait l'amour, il avait cru qu'ils allaient passer un nouveau cap tous les deux. Il se sentait vraiment minable.

- Il ne faut plus que tu le revois. Tu n'es pas encore prêt pour ça, lui dit Takuya plus calmement. Laisse tomber le Reiki et ses préceptes, ils ne savent pas ce qui est bon pour toi.
- Non, ça m'aide à me contrôler. Ça soulage mes souffrances.
- Mais ça n'arrange rien du tout. Jin, reviens un peu sur terre. T'es pas chez les bisounours et j'ai toujours été là pour toi. Si je te dis que ce n'est pas bon pour toi, c'est que je sais de quoi je parle.
- Je veux pas finir tout seul, chuchota-t-il la voix brisée.
- Tu seras jamais tout seul parce que tu es entouré de gens qui te comprennent et tu trouveras quelqu'un qui répondra à tes attentes. Jin, il te faut du temps.

Sauf qu'il en avait marre d'attendre. Il avait trop les boules de l'avenir, il en avait toujours eu peur. Ça s'arrangeait pas avec le temps et surtout pas depuis que Kazuya était plus là.

- Je passerai ce soir pour voir comment tu vas.
- C'est pas la peine. Je vais venir.
- C'est bien. Surtout ne perds pas pied. Si tu as besoin de parler, tu sais que tu peux m'appeler.
- Je sais.

Ne perds pas pied. Ha c'était facile à dire ça quand on le vivait pas. Il le sortait des fois à des gars un peu paumés à qui ça remettait du baume au cœur. Ça faisait plus rien au sien. Pas avec tout ce qui se tramait dans sa tête. Il se leva du canapé et se mit dans la cuisine. Il avait besoin d'un café.

Finalement, il avait opté pour un tas de gâteaux avec des jus de fruits. Il avait envie de bouffer sucré et Jin en aurait sûrement envie aussi. Il se marrait déjà en pensant au plateau qu'il pourrait lui préparer pour faire genre amoureux transi, il aurait carrément dû acheter une fleur pour se foutre encore plus de sa gueule. Il entra discrètement et referma tout aussi doucement. Il entra dans la cuisine et fut surpris de voir Jin debout devant la cafetière. Bon, tant pis, pas de p'tit déj' au lit, dommage ça lui avait donné des idées. Ça serait à exploiter plus tard.

- J'pensais que tu dormirais encore.

Jin sursauta tellement qu'il fit tomber la cafetière qu'il tenait dans sa main et elle s'écrasa à ses pieds renversant le contenu bouillant sur ceux-ci. Il tomba sous la douleur mais surtout par réflexe pour que ses pieds ne soient plus en contact avec le liquide chaud. A quelques centimètres près, sa main écrasait les bouts de verre cependant il pouvait au moins dire que là-dessus, il venait d'avoir du bol. Son cœur se calmait pas une seconde. Déjà, parce que l'autre connard lui avait encore foutu les boules et ensuite parce que...

- Mais putain qu'est-ce que tu glandes là bordel ? J'croyais que tu t'étais barré ! Mais non ! Tu reviens pour me faire faire une putain d'attaque !
- T'as cru que je m'étais barré ?
- Tu voulais que je croie quoi hein ? J'me suis retrouvé tout seul en me réveillant et ça fait presque une heure que je suis debout !
- Après tout ce qu'on s'est dit hier et le nombre de fois que je t'ai demandé au pieu t'as cru que je me serais barré comme ça ? Lui demanda-t-il incrédule.
- Je sais pas, souffla-t-il. J'ai eu les boules. Putain pis ça brûle ! Tu peux pas arrêter de te la jouer discret ?
- Non, déclara-t-il fermement en faisant demi-tour.

Il était légèrement blessé par son attitude et son manque de confiance en lui. Il avait limite envoyé bouler Hiroki ce matin et ce débile pensait qu'il s'était tiré après leurs parties de jambes en l'air. C'était vraiment un connard de lui rejeter encore la faute. Mais Jin était imprévisible et là, il l'avait pas vu venir quand il s'était agrippé à sa cheville pour pas qu'il s'en aille. Et comme il s'y attendait pas, ça l'avait coupé dans l'élan et il se cassa lamentablement la gueule sur le carrelage. S'il avait pas eu les biscuits pour amortir sa chute et il se voyait déjà avec la mâchoire pétée. Il se retourna et lui balança une droite comme pour se soulager de la peur qu'il venait de lui foutre.

- Mais t'es taré ? Putain t'es toujours aussi con ! J'aurais pu me fracasser la gueule par terre !
- T'allais te barrer ! Tu voulais que je te retienne comment ?
- Beh crie putain ! Fais comme tout le monde.
- Oh hein, c'est bon. Si t'avais décidé de te barrer, t'appeler ça aurait rien changé.
- C'est pas une raison.
- Attends, à cause de toi j'ai les pieds cramés et tu viens de me foutre un pain. J'vais avoir l'air de quoi moi demain ?
- D'un pingouin ! Lâche-moi !
- Non.
- Lâche-moi ou je te casse la gueule !
- Ben vas-y. J'm'en fous. J'te laisse pas repartir.

Kazuya allait lui balancer de nouveau sa droite quand il fixa la main du brun. Il s'était même pas rendu compte de ce détail et pourtant toute la nuit, il l'avait redécouvert. Sa main qui s'était voulue violente retira la main droite de Jin qui s'accrochait pour la soumettre à son regard surpris.

- Tu l'as gardé ?
- Ben j'allais pas la jeter.
- Non mais t'aurais pu la retirer.
- J'ai jamais éprouvé le besoin de la retirer. C'est grâce à ça que j'ai accepté ma thérapie.
- Jin... ça faisait combien de temps ? Combien de temps que tu faisais ton abstinence ?

Le temps. Ça, il le savait parce que c'était sa dernière rechute le point de départ. Tous les dépendants avaient un point de départ un peu dans ce genre-là et ils connaissaient tous la durée exact de leur abstinence, quelle qu'elle soit.

- Un an, cinq mois, seize jours et... dix heures. A peu près.
- C'est grave si tu t'y tiens pas ?
- C'est grave si c'est de la baise avec un inconnu et que c'est juste pour me détruire.
- Et là c'était quoi ?
- J'ai rassasié un insatiable.
- T'es con, j'suis sérieux, lui dit-il en le fixant.
- J'ai fait l'amour avec mon mec ?
- Non ton amant. J'suis... techniquement... pas très... célibataire...
- Comment on fait ?
- J'attends qu'il rentre.
- Où ça ?
- Il partait ce matin pour Séoul. Il revient dans quatre jours. Je voulais avoir du temps. J'voulais réfléchir à ce que je lui dirais.
- Mais... et si je t'avais pas retenu ?
- Je serais pas resté avec lui. Jin, j'aurais pas lâché le morceau même s'il avait fallu que je te harcèle. Je serais peut-être pas revenu tout de suite. Mais je serais revenu, fallait pas venir me chercher.
- Tu dis ça maintenant mais t'en aurais peut-être pas eu la force.
- J't'assure que si. Même si au départ je serais parti en te maudissant d'être un sale con, j'aurais fini par réfléchir à tout ce que t'as fait depuis tout ce temps. On en a bavé mais on en est là, non ?
- Et on en est où ?
- Je sais pas. Ici ?

Jin relâcha complètement son emprise sur sa cheville et plongea son regard dans le sien. Toujours ses iris qui parlaient pour lui.

- Tu sais, je crois que j'en ai besoin quand même.
- De quoi ?
- De ton pardon.
- Laisse-moi du temps.

Si le glandage avait un nom, ça aurait pu être télévision. Mais se reposer et juste profiter de sa présence ça le relaxait. Jin s'était affalé sur lui et dormait encore. En y repensant, ils avaient jamais passé de moment si calme et il l'aurait bien laissé continuer mais il commençait sérieusement à avoir la dalle. Ce qui était normal, ils avaient passé leur temps sur le canapé à regarder des conneries ou à dormir. Et maintenant qu'il était presque vingt et une heure, il avait vraiment faim surtout que les gâteaux qu'il avait acheté étaient restés dans la cuisine.

- Jin. J'ai la dalle. Fais à bouffer.
- Hm.
- J'peux pas bouger, t'as ton gros corps qui m'écrase.
- Mon gros corps ? Demanda-t-il en entrouvrant les yeux.
- T'as légèrement perdu de ta silhouette athlétique.
- Estime-toi heureux que j'aie perdu le poids que j'avais pris.
- T'avais pris du poids ?
- Quand t'arrives pas à te défaire d'une addiction, tu passes à une autre. J'me suis vengé sur la bouffe. J'suis passé par pas mal d'autres addictions d'ailleurs.
- Attends... T'avais pris combien de kilos ? Lui demanda-t-il étonné.
- J'sais pas... presque dix.
- Quoi ? T'as des photos ? Non parce que tu me charriais sur mes oreilles, j'vais pouvoir te charrier sur tes bourrelets.
- Arrête, j'ai pas de bourrelets. J'ai juste une silhouette moins fine.
- Tu devais carrément avoir du bide.
- Ta gueule. Et toi, t'as perdu combien de kilos ? Parce que t'es limite squelettique.
- J't'emmerde. C'est un peu les conséquences de ma dépression. Alors fais-moi à bouffer si tu veux que je commence un semblant de pardon.
- J'suis pas ta bonne.
- J'suis ton invité.
- Tu fais chier, souffla-t-il en se redressant pour s'étirer.

Il posa alors tout de suite sa main sur le bas de ses reins encore douloureux, et soupira de bien-être quand Kazuya commença à le masser. Il se laissa faire et profita de ce moment où ils ne s'insultaient pas. Il se mit alors à sourire en sentant ses mains se détourner de sa cible principale. Il sentit sa tête glisser sur son épaule pour effleurer son oreille plus que réceptive.

- C'est grave... si d'un seul coup... j't'en demande encore ? Chuchota-t-il dans son oreille en la mordillant.
- Si jamais... j'm'habitue trop... j't'le dirai... soupira-t-il en fermant les yeux.
- Je veux pas te faire replonger mais je veux en profiter maintenant qu'on est tous les deux.

Jin se laissa guider et s'assit dans le canapé alors que Kazuya s'installait sur ses genoux.

- J'préfère être prudent, murmura-t-il contre ses lèvres.
- Et je te l'ai dit. Si ça va pas, j'te le dirai.
- T'as intérêt sinon je te casse la gueule.

Il pouvait pas se passer de lui maintenant et il pourrait lui dire que c'était de sa faute, y avait pas de raison qu'il y ait que lui qui trinque. Ses lèvres, ça n'avait jamais rien eu de comparable à celle d'Hiroki. Il les avait jamais comparés et ça lui était pas venu à l'esprit de le faire mais quand même putain, Jin avait une façon de l'embrasser qui l'électrisait. Peut-être que lui aussi, il avait une addiction. Et en sentant les mains du brun emprisonner ses hanches, il se dit qu'il voulait bien être atteint et être dépendant de lui le restant de ses jours... constatation flippante mais plus que réaliste dans son cerveau.

- Et moi qui croyais que t'étais mort, s'exclama Tanaka en entrant dans le salon. C'était ouvert, se défendit-il tout de suite en voyant le regard assassin des deux hommes sur le canapé.
- Mais qu'est-ce que tu fous ici ?
- On s'inquiétait pour toi tiens. T'es pas venu aujourd'hui.
- Quoi ? Mais il est quelle heure ?
- Neuf heure.
- Merde. J'me suis endormi. J'ai zappé de venir !
- Ouais... t'as une façon de dormir assez surprenante mais tu t'expliqueras avec Takuya, il avait l'air inquiet. Tu me présentes.
- Non mais je dormais juste avant.

Ils se levèrent du canapé et remirent un peu d'ordre dans leurs vêtements.

- Tanaka, j'te présente Kazuya.
- Quoi ? Le Kazuya ? Oh putain ! J'suis vachement enchanté de te voir enfin.
- T'en fais pas des tonnes là ?
- Ha non. J'te jure qu'il m'a beaucoup parlé de toi, à un moment il s'est calmé mais t'es toujours son centre de discussion. C'est comme ça que je l'ai motivé pour pas qu'il rechute.
- Ha ouais ? Demanda malicieusement Kame.
- Ouais, un vrai cas désespéré.
- Oui bah c'est bon, l'interrompit Akanishi.
- J'suis carrément soulagé, lui avoua-t-il la main sur le cœur en soufflant. J'avais peur que t'aies rechuté. Quand j'ai vu la gueule de Takuya, j'te jure que j'ai cru que t'avais fait une connerie.
- Non mais c'est bon, hein, j'fais gaffe. Et puis... je vais l'appeler maintenant, non ?
- Pourquoi tu lui as sorti quoi ?
- Non mais ce con, j'suis allé chercher à bouffer et il a cru que j'm'étais barré.
- Ha bah c'est bien Bakanishi ça.
- Bakanishi, hein ?
- Ha non ! Putain pourquoi tu sors ça devant lui, s'énerva Jin en devenant menaçant envers Tanaka.
- Oh c'est bon. J'suis sûr qu'il le sait que t'es complètement timbré. On a juste mis un nom sur ton état.
- Non mais tu sais que j'aime pas ça.
- C'est pas pire que Junno.
- Ha non, ta gueule.
- Ha mais moi je veux savoir, intervint Kazuya un sourire malin aux lèvres.
- Non.
- C'est pas grave, je finirai par le savoir. Pis je vais le surveiller maintenant.
- J'ai pas besoin d'être surveillé.
- Bien sûr que si. Sinon c'est encore moi qui supporterai tes périodes de rut.
- Oh ça va hein, ça t'as pas dérangé tant que ça.
- Ben c'est pas moi qu'est malade. Et puis j'ai toujours autant la dalle.
- Tu veux rester manger ? Proposa-t-il à Tanaka.

Bien sûr qu'il avait accepté, c'était un curieux. Il le connaissait depuis le temps. Ça lui faisait du bien qu'il soit là même s'il arrêtait pas de balancer des trucs sur lui dont il avait pas vraiment envie de parler pour le moment. Il avait pas envie de passer un interrogatoire après parce que son... amant c'était aussi un putain de curieux. Ils avaient occulté tous les deux le fait que Kazuya était pas vraiment free. Mais ils étaient tellement bien à discuter qu'ils avaient pas envie de se prendre la tête.

Kazuya écoutait attentivement ce que lui balançait l'autre sur son mec. Ha ça, y avait du dossier, c'était plus qu'intéressant. En examinant de plus près ce nouvel ami de Jin, il savait que c'était pas un danger potentiel. Il croisait rarement des gens sincères mais là, lui, il lui faisait vraiment bonne impression. Jin avait trouvé quelqu'un sur qui il pouvait compter et ça le rassurait de savoir qu'il avait pas été si seul comme le brun avait essayé de lui faire gober.


Le temps était passé vachement trop vite à son goût. Il savait toujours pas comment il allait lui annoncer mais c'était sûr que c'était fini. Il l'attendait dans la cuisine, il devait rentrer d'ici peu. L'autre devait déjà se douter de quelque chose puisqu'il avait découché la veille avant qu'il parte et leur dernière discussion avait été plutôt froide. Il avait les mains moites, il était angoissé. Pourtant en partant de chez Jin, il était déterminé mais là, il avait les boules. C'était bien la première fois qu'il était dans ce genre de situation. Il frémit en entendant la porte. Putain, il le sentait pas trop bien là.

- Il faut qu'on parle, lui annonça-t-il en le voyant entrer dans la cuisine.
- Je crois aussi.
- Tous les deux on peut pas continuer, c'est fini.
- Quoi ? Pourquoi ? A cause de lui ?
- Non... enfin si... en partie.
- Alors là, j'en reviens pas. Ce type t'as jeté dans le fond du gouffre Kazuya ! J't'ai récupéré t'étais plus que l'ombre de toi-même ! Ce type a des problèmes ! Il est pas fini et toi tu le pardonnes ! Il revient et tu te jettes dans ses bras !
- Arrête ! Cria-t-il en se levant faisant claquer sa main contre la table. Je t'interdis de parler de lui comme ça !
- J'en sais assez pour savoir qu'il va te refaire souffrir ! Mais ouvre les yeux Kazuya ! On change pas du jour au lendemain. C'est encore toi qu'on va ramasser à la petite cuillère. Quand on est un enfoiré, on le reste.
- Ferme ta gueule ! Tu le connais pas ! Tu me connais pas ! Tu sais rien de moi ! Ca m'étouffe d'être ici, j'ai l'impression pas pouvoir vivre ! J'me sens vivant avec lui. Et oui, on a baisé et plus d'une fois, et j'ai enfin pris mon pied !

La gifle qu'il venait de lui foutre le calma direct. Il se laissa retomber sur sa chaise, la main sur sa joue, et n'osa même pas le regarder. Putain ce qu'il se sentait con. Le sujet Jin, ça avait toujours été son point sensible et l'autre le savait. Il s'emportait quand on parlait de lui, il disait des choses qu'il pensait pas vraiment et c'est pas vraiment comme ça qu'il avait envie de discuter avec lui. Mais quand on a le sang chaud, c'est pas évident de se contrôler.

- Maintenant, c'est moi que tu écoutes. T'as vu ce qu'il t'a poussé à faire ? T'as vu ce que t'es devenu en une nuit ? T'es aussi sale que lui maintenant. Si tu retournes avec lui, vous allez sombrer. Ce type est pas équilibré, tu peux pas lui apporter d'aide, et tu le sais. Je t'en veux pas pour ce que t'as fait, tu fais tes choix comme un grand. Mais quand tu seras de nouveau au fond du gouffre, tu verras qu'il sera pas là pour toi. Moi, je serai là. Et je serai là si t'as envie de discuter. Mais je serai plus là pour te donner de l'affection. T'as fait ton choix Kazuya. J'espère juste que tu t'en mordras pas les doigts.

Se faire donner la leçon, c'est jamais agréable. Cette sensation d'être juste une grosse merde, d'avoir tout fait foirer, d'être vraiment la pire des ordures. Ces mots, ils résonnaient dans sa tête. Et s'il avait raison, si c'était impossible. Il voulait pas souffrir encore, il voulait pas ressentir de nouveau le vide de son absence. C'est là qu'il sut que son choix était fait, définitif. S'il voulait que ça marche, il allait falloir qu'il y mette du sien. Il se leva déterminé et alla dans la chambre. Il prit son sac et y mit toutes ses affaires puis passa dans son bureau pour faire des cartons. Hiroki était encore sous la douche et il voulait pas le voir maintenant. Il était venu lui annoncer sa décision, c'est ce qu'il avait fait. Il aurait aimé le faire plus calmement mais bon, il allait pas regretter maintenant. Il le connaissait pas en fin de compte. Il avait toujours été impulsif et... très mal poli. Ou peut-être trop honnête mais là il se jetait des fleurs. Par contre, quand l'autre avait vu la valise dans le couloir et qu'il l'entendait s'activer dans son bureau, il devait sûrement pas s'attendre à ce qu'il se barre déjà, mais ils s'étaient tout dit, y avait rien à redire.

- J'm'en mordrai sûrement les doigts mais je regretterai jamais d'avoir essayé encore et encore, lui dit-il en le voyant entrer dans son bureau. Parce que pour moi, il en vaut la peine. Je lui ai toujours tout donné et je veux lui donner encore plus. Tu peux pas comprendre.
- Et pourquoi je comprendrais pas ?
- Tu le sais que je suis un surdoué. Je suis devenu architecte à vingt ans. J'ai toujours été un des meilleurs. J'ai rencontré Jin, j'avais que vingt deux ans. Il a juste trois ans de plus que moi mais on a toujours pensé pareil. Hiroki, tu me connais pas. Parce qu'avant, avant de le rencontrer, je baisais avec des inconnus pour passer le temps, parce que c'était amusant, sans prise de tête. Après j'ai baisé avec Jin, j'ai profité de lui autant qu'il a profité de moi. Seulement j'me suis attaché. C'est là que j'ai su que quoi qu'il arrive, c'était Jin. Ça a toujours été lui. Peu importe ce que tu penses. Mais j'essaierai, encore, et encore. Jusqu'à que j'en crève.
- Kazuya. Ton plus gros point faible, c'est lui. Il va te détruire. Peu importe qui tu étais avant. Tu as changé. Et t'as tellement les boules de grandir et de te stabiliser avec moi, que dès qu'il a pointé le bout de son nez, tu t'es jeté sur lui. Tu finiras par te rendre compte que tu t'es toujours gouré, sur toute la ligne. J'espère vraiment qu'un jour, tu trouveras ce que tu cherches.
- Je passerai les prendre plus tard.
- Préviens-moi. Je ferai en sorte de pas être là.
- D'accord.

C'était presque une évidence que ça redevienne comme ça. Limite, il avait l'impression qu'ils s'étaient jamais séparés. Mais il pouvait pas oublier alors il savait que ce nouvel équilibre précaire pouvait s'écrouler en quelques secondes. Jin avait pris une journée pour l'aider à aller chercher ses affaires. Il s'était senti plutôt mal que Jin entre dans son ancien appartement en sachant qu'Hiroki y habitait encore. C'était pour ça qu'il s'était grouillé et qu'il avait été insupportable avec Jin pour que ce soit fait rapidement. Il voulait pas qu'ils se croisent. Hiroki s'était pas un violent mais Jin, oui. Les mots pouvaient parfois être blessants dans la bouche de son ex et il savait que Jin pourrait mal le prendre. Heureusement pour lui, ils s'étaient pas croisés. Il se sentait bizarre en fait et il aimait pas cette sensation. C'était limite trop calme entre eux. Jin était trop calme et... carrément vachement trop poli à son goût.

The surprise de Maru. Ben là, il était tombé sur le cul et il avait hâte d'en parler à Kazuya. Jamais de toute sa vie, il aurait pensé avoir un quelconque avenir et là, ça se concrétisait... de partout... et vraiment trop vite. Mais fallait peut-être qu'il y passe un jour même si ça l'effrayait. Mais c'était tout de même pas évident de s'y faire. Y avait plein de personnes qui comptaient sur lui et il faisait des efforts pour Kazuya sans se rendre compte qu'une nouvelle fois, il allait dans le mur.

- Kazuya ! Tu vas pas me croire !
- Si tu t'es inscrit à l'église, c'est bon j'te crois.
- Hein ?
- Laisse tomber, souffla-t-il.
- Maru va ouvrir un autre resto et il veut que je devienne son collaborateur.
- Laisse-moi deviner, t'as dit non.
- Ben non... j'ai dit oui... fallait pas ?
- Hein ? Quoi ? Ben non ! Enfin si ! Enfin c'est super... t'as dit oui ?

Kazuya en revenait pas. D'habitude, dans ce genre de situation, Jin partait en courant, tournait les talons, s'enfuyait... il faisait pas face quoi. Mais là, il avait accepté.

- Merde j'suis sur le cul. Mais c'est super ! Alors ça y est, tu vas être patron ?
- Ouais, se pavana-t-il. Fini l'habit de pingouin de serveur, cette fois j'aurai l'habit de pingouin de directeur.
- Ha putain de merde ! Tu vas être bandant dans un costard, j'suis sûr que tu portes ça trop bien.
- J'vais lancer le nouveau resto mais par contre... ben, il veut l'ouvrir à Fukuoka.
- A l'autre bout du pays ?
- Ouais.
- Mais et tes amis ? Tu sais moi je bosse pour mon compte, je m'en fous mais tu t'es fait une vie ici...
- Non mais ça me dérange pas. Pis les travaux du resto ont pas commencé encore. Faut qu'on trouve un architecte.
- Si tu veux, je peux t'en recommander des pas trop cons.
- Ha mais non, moi j'ai pensé à toi.
- A moi ?
- Ben je vais le diriger alors je choisis qui je veux.
- Tu veux... tu veux que ce soit moi qui fasse les plans ?
- Oui.
- Merde, faut que je m'assoie. Ça fait trop de truc en même temps.
- Ca va pas.
- Non... ça va pas trop là. Jin, tu vas trop vite, tu m'en demandes trop d'un coup.
- Non mais... c'est pas grave, t'es pas obligé de dire oui.
- C'est pas ça. Putain, il me faut un verre.
- Tu veux un jus d'orange ? J'en ai mis au frais.
- Ha non, j'pensais à un truc plus corsé.

Il avait un peu les boules de sa réaction. Ça voulait dire oui ? Ça voulait dire non ? Il était un peu perdu. Il le laissa boire dans le salon en lui disant qu'il allait cuisiner pour qu'il se remette de ses émotions. Si Kazuya avait aussi peur que lui dans l'avenir maintenant, il savait pas trop comment il allait se démerder à présent. Mais ses questions s'évaporèrent quand Kazuya le rejoignit dans la cuisine. C'était jamais plaisant de se retrouver sur le carrelage mais si c'était pour faire l'amour avec lui, il voulait bien qu'il le prenne n'importe où. Kame lui avait glissé dans l'oreille des tas de mots salaces et y avait également glissé son accord pour son projet. Il pouvait pas prendre plus son pied que maintenant.

Il avait eu une conversation plutôt houleuse avec Takuya quand il lui avait annoncé qu'il habitait déjà avec Kazuya. Il s'attendait pas à ce qu'il saute de joie après ce qu'il lui avait dit la dernière fois mais là il s'était fait limite engueuler comme un gamin et il avait pas trop apprécié. C'est pour ça que maintenant, il passait au centre quand il était sûr qu'il n'y était pas. Qu'il lui dise que Kazuya était nocif, ça l'avait foutu en rogne. Alors il passait plus de temps avec Liao à faire des exercices sur le contrôle de soi pour réussir à continuer de suivre les préceptes du Reiki. Le premier précepte étant : ne pas se mettre en colère. Aujourd'hui, elle était passée à son appartement pour des exercices de souplesse et de détente. Ça lui faisait un bien fou.

- Il faut que tu te détendes.
- Non mais je suis pas tendu.
- Si tu es raide. Ça se sent, lui dit-elle en passant sa main dans son dos alors qu'il était baissé pour toucher ses pieds.

Kazuya avait pour l'instant, loué un petit atelier pour son activité parce que l'appartement de Jin était trop petit pour qu'il y installe un bureau. Il revenait avec de quoi cuisiner et en entendant discuter dans le salon, il prêta une oreille attentive à la discussion. Il ne réussit pas à se contrôler quand il entendit ces quelques mots. Il débarqua presque en courant dans la pièce et fronça les sourcils en regardant la scène.

- Mais qu'est-ce que tu glandes ?

Jin se redressa brusquement bousculant la jeune femme et se retourna vers Kazuya. Il devait avoir décidé de le tuer d'une attaque.

- Mais t'es obligé de toujours débarquer comme ça pour me foutre les boules !
- Non mais... je croyais... laisse tomber, j'me suis fait peur pour rien, lui dit-il en rejoignant la cuisine avec ses courses.
- Il va falloir revoir le vocabulaire, lui annonça la jeune femme.
- Ouais, j'ai quelques écarts.
- Il faudrait peut-être voir à faire plus de séances prochainement.
- D'accord. Je vais voir avec mon emploi du temps.
- J'attends ton appel alors.

Liao le salua et il rejoignit Kazuya dans la cuisine. Il le voyait que quelque chose clochait.

- T'aurais pu la saluer.
- T'aurais pu la présenter.
- Tu t'es barré un peu vite.
- J'croyais que tu préférais quand ça avait une queue.
- Quoi ?
- Ou alors quand t'es en manque t'en as rien à foutre.
- Mais de quoi tu causes ? Liao c'est mon maître en Reiki. Tu t'imaginais quoi là ?
- Et tu veux que j'imagine quoi hein ? Tu ramènes des inconnus chez nous !
- Attends.

Jin tentait de se calmer, il le voyait. Mais il avait toujours ce doute qui le rongeait petit à petit qu'il avait pensé pouvoir occulter. Seulement, il était bien incrusté ce doute et tous les étrangers étaient des adversaires potentiels, synonymes de tentations. Ça le rongeait de plus en plus quand il savait pas ce qu'il faisait. Il voulait savoir minute par minute ce que faisait le brun et surtout avec qui. C'est pour ça qu'il cherchait à connaître tous ses amis, qu'il allait le chercher à son travail, qu'il le déposait au centre. Il avait tellement les boules qu'il tienne pas qu'il essayait d'être au maximum avec lui, de contrôler sa vie. Mais il se rendait même pas compte qu'il devenait parano.

- Kazuya. J'ai une vie en dehors de nous. Une vie que j'ai depuis un moment maintenant. J'arrive à me contrôler, j'ai plus cette envie permanente même si des fois j'y pense. Mais je sais que t'es là.
- Mais tu peux pas me demander de te faire confiance en si peu de temps. Ça fait même pas un mois. C'est trop tôt.
- Tu veux qu'on en parle ?
- Parler de quoi ?
- De ça. De tes doutes.
- Pourquoi ? T'es psy ?
- Aucun rapport.
- Ben j'ai pas envie là, j'ai la dalle.
- Pu... va... mourir.
- Va mourir ? D'habitudes c'est plutôt « putain va crever ».
- Je surveille mon langage pour respecter les préceptes du Reiki.
- Tu quoi ? Attends, mais c'est quoi ce truc ?
- Un des buts du Reiki, c'est de soulager les souffrances, d'apporter un calme mental, une paix intérieure et un bien-être en général. C'est la guérison avec les mains aussi, pour soigner les maux. Y a cinq préceptes à respecter. Ne te mets pas en colère. Ne te fais pas de soucis. Sois rempli de gratitude. Accomplis ton devoir avec diligence. Et, sois bienveillant avec les autres et avec toi-même.
- C'est une blague ? C'est une secte ?
- N'importe quoi.
- Attends. Vas-y, guéris-moi avec tes mains, lui dit-il avec un sourire pervers.
- Je sais pas pourquoi mais je sentais que t'allais le tourner comme ça.
- Non mais sérieux, c'est quoi ce machin à la bisounours ? Ils veulent te transformer en Candy ?
- Déjà, je suis pas blonde et ensuite, je suis monté comme... J'ai une... un pénis.
- Un... Une queue quoi. Putain arrête, tu me fais flipper. J'te jure que je vais t'appeler Candy si tu continues. Une queue, c'est une queue. Franchement, je vois pas le rapport entre ta thérapie et ton vocabulaire. A la base, t'es surtout un enfoiré vulgaire. Je baise pas une prude, pas après tous les mots salaces que tu balances et les trucs que tu me fais.
- Si tu m'appelles Candy, ça sera ceinture.
- J'me serai barré avant ouais. Va vivre tout seul sur ta montagne... Candy.
- Mais va te faire foutre.
- Ha tu vois. Ta vrai nature ressort toujours. Et si il faut, je vais te pervertir. Enfin, te re-pervertir.
- N'importe quoi.
- Tu vas voir. Allez guéris-moi avec tes mains.
- Je croyais que t'avais la d... que t'avais faim.
- Ben là de suite, j'ai faim de toi alors prends-moi dans la cuisine... Candy.

Kazuya avait fini par se renseigner sur ce truc auquel adhérait Jin. Il avait raison, c'était douteux. Certains pays les considéraient comme une secte. C'était bien lui ça de se fourrer dans une merde pareil. L'harmonie de la vie. Ça faisait vraiment slogan de pub. Qu'est-ce qu'il avait fait pour tomber amoureux d'un crétin pareil ? Fallait qu'il lui ouvre les yeux avant qu'il soit trop englué dans son monde de bisounours et il savait qui aller voir. Enfin, où il pensait qu'il pourrait avoir du soutien.

- Takuya est là ?
- Il anime un débat, lui répondit le jeune homme.
- Il finit bientôt ?
- D'ici trente minutes.
- J'peux attendre là ? Ça dérange pas ?
- Non, vous pouvez... Vous voulez que je vous tienne compagnie ?
- Non merci.
- Si jamais vous avez besoin...
- C'est bon, le coupa-t-il. J'ai déjà ce qu'il me faut.

Ha ! Un gros lourd. Ça faisait longtemps que ça lui était pas arrivé. Il se doutait que Jin devait en repousser plus d'un aussi quand il venait ici. C'était normal, il était bandant malgré sa case en moins, aux premiers abords de toute façon, c'était surtout le physique. Ça, c'était un devoir de le remuscler correctement. Mais il se lançait tellement de mission avec Jin qu'il avait l'impression de jamais respirer. Lui couper les cheveux, le muscler, contrôler sa libido, surveiller ses fréquentations, le jarter de la secte... Non franchement là, il se faisait peur.

- Kamenashi ?
- Ha bonjour, le salua-t-il en réalisant que Takuya était déjà là.
- Kimura faudrait que je vous parle de Jin. Je sais que vous êtes un peu en froid tous les deux, il m'en a parlé mais j'suis assez inquiet de ses fréquentations avec l'autre qui vient d'une secte.
- Je l'ai déjà prévenu plusieurs fois que Liao venait d'un endroit assez louche et il ne m'a pas vraiment écouté.
- Ha, elle s'appelle Liao. Ben, j'm'en fous de son prénom, j'aurais surtout besoin qu'elle se casse sinon je sens que ça va mal tourner cette histoire.
- Oui, je sais mais vous savez qu'il ne m'écoute pas vraiment. Encore moins depuis que je lui ai demandé de s'éloigner de vous.
- Ben normal, j'vois pas en quoi je suis nocif.
- Je trouve que ce n'est pas très bon pour lui de retrouver une vie sexuelle maintenant. Il pourrait facilement rechuter.
- Non mais je fais gaffe hein. Il est plus en rut comme avant. Si je le sens partir en live... D'ailleurs, je suis censé faire quoi si ça se barre en sucette ?
- Je pense que c'est bien que vous soyez passé. Et si on allait boire un verre pour en parler ?
- Ok.

Parler de Jin. Parler de sa maladie. Parler des conséquences sur sa vie. Y avait encore plein de choses qu'il ne savait pas et il était content que quelqu'un se préoccupe de ce qu'il pouvait ressentir.

- Ce n'est pas évident pour le compagnon d'un dépendant sexuel. Il faut qu'il soit aussi fort voir même plus que son compagnon. Il faut savoir sentir si la maladie refait surface sans pour autant s'affoler au moindre signe de désir.
- Mais je fais quoi en cas de rechute.
- Abstinence. Autant physique que... dans le vocabulaire je dirais.
- Mais le truc de la secte comme quoi faut pas être vulgaire, c'est pareil ?
- Non. Dans ce cas, j'ai plutôt l'impression qu'ils endorment le cerveau. Ils le conditionnent pour quelque chose sûrement. Et comme ils font payer l'élévation au premier rang, je pense que c'est une question d'argent. Mais si vous voulez le sortir de là, ne prenez surtout pas le sexe en otage. Il ne doit pas le voir de cette façon. Vous devez trouver autre chose.
- Ha ouais. J'avais pas pensé à ça. J'sais pas trop quoi faire en fait.
- Essayez d'en parler à ses amis pour voir ce qu'ils en pensent ou essayez de le convaincre qu'il n'a plus besoin de ça pour avancer.
- Ok. Ben, j'vais faire les deux. Plus on sera nombreux à lui dire qu'il en a plus besoin, plus ça sera convainquant.
- Hm. Je pense que je vous avais vraiment mal jugé.
- Ben moi aussi. Au début, j'ai cru que vous vouliez Jin pour vous. J'vous ai vu comme un adversaire.
- Vous n'avez pas de souci à vous faire. Je préfère les femmes.
- On sait jamais. J'suis sûr que Jin pourrait convertir des hétéros tellement il transpire le sexe.
- Je le vois pas vraiment comme ça, rigola-t-il.
- Tant mieux.
- Je peux vous poser une question indiscrète ?
- Euh... ouais.
- Vois avez déjà été avec une femme ?
- Ha ça jamais ! Ça a toujours été les hommes ou rien. Ça m'a jamais attiré. Et quand j'entends Jin en parler, ça me donne pas envie.
- Je crois qu'en fin de compte vous vous êtes bien trouvés.
- Je pense aussi. Mais puisqu'on en est à discuter de la sexualité autant qu'on se tutoie non ?
- C'est vrai. Takuya.
- Kazuya. Ils viennent quand Tanaka et Junno ?  

Hurt MeWhere stories live. Discover now