Chapitre 5 - A new beginning

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Jin pouvait pas penser que Kazuya était quelqu'un de nocif pour lui comme Takuya lui disait. C'était pour ça qu'il était chez les parents de Kazuya mais l'atmosphère était froide. Il y avait seulement sa mère. Elle avait préparé du thé. Il aimait pas le thé mais il était pas en position de négocier alors il avait laissé faire. Il attendait qu'elle dise un truc mais apparemment elle attendait la même chose alors il allait devoir se lancer.

- Est-ce que vous pourriez ne pas lui dire que je suis passé ici ?
- Jin, je vais forcément lui dire, tu le sais bien. Pourquoi tu es là ?
- Je sais pas où il habite et j'aimerais le voir.
- Je ne peux pas faire ça et tu le sais. Mais peut-être... Je veux savoir pourquoi. Tu sais après votre rupture, Kazuya est venu habiter quelques mois avec nous. Il n'allait pas bien. Il a vu des psychologues et quand il s'est senti prêt, il a repris un rythme de vie normal. Mais il ne nous a jamais expliqué ce qui s'était passé.
- J'étais... Je suis malade. Je me fais suivre maintenant mais je savais pas ce que j'avais et je lui ai fait du mal.
- Est-ce que c'est grave ? S'inquiéta-t-elle.
- Ben... Certains disent non, d'autres oui, c'est pas une maladie encore reconnu.
- Mais, Jin, c'est quoi ?
- Je suis dépendant sexuel.

Les yeux ronds qu'elle lui avait fait. C'était pas évident de dire ça à la mère de son ex. Elle devait se faire des films de son fils et lui, et dans un sens elle avait pas tord parce qu'à un moment ils avaient fait que ça. En fait, ça lui faisait du bien d'en parler à quelqu'un de plus proche. Il en avait pas encore parlé à sa famille, il leur avait juste dit qu'il était malade. Pour le coup, il resta plusieurs heures à lui parler de sa thérapie et à la fin, elle prit ses mains dans les siennes.

- Jin, Kazuya a quelqu'un dans sa vie maintenant.

Elle l'aurait poignardé que ça aurait été la même douleur pour lui. Il pouvait pas croire qu'il ait refait sa vie alors que tous ses efforts et tout ce qu'il avait traversé, c'était pour lui qu'il l'avait fait. Elle venait de buter sa détermination en quelques mots. Tous ces efforts pour rien ? Lui, il l'avait attendu mais lui l'avait oublié ?

- Je ne peux pas te donner son adresse. Il ne veut pas te revoir. Il faut que tu prennes soin de toi et que tu passes à autre chose.

Il aurait pu s'emporter mais il voulait pas lui foutre les boules et c'était dans les préceptes du Reiki. Ne pas se mettre en colère.

- S'il-vous-plaît, j'ai besoin de parler avec lui. Je pourrai jamais passer à autre chose sans ça.

Il était quasi désespéré. Il avait trop espéré. Finalement, à cause de ses actes, la mère de Kazuya n'était plus son alliée.

- Je suis désolée.
- Dites-moi au moins où il travaille.
- Non plus. Comprends-moi Jin, je ne veux que le bien de Kazuya.
- D'accord.

Ne pas se mettre en colère. Putain, il en avait chié avec ces préceptes mais aujourd'hui il ressentait encore plus de difficultés à les mettre en pratique. Après tout, il avait toujours été un impulsif. Se maîtriser, c'était pas évident. Il se décida à partir en voyant qu'elle ne céderait pas. Même si parler lui avait fait du bien, il était frustré de ne pas avoir obtenu des informations sur Kazuya. Cependant, avant de partir, il se dit que refiler des cartes discretos, ça devait être de famille. Mais il fit genre qu'elle avait été discrète quand elle l'avait serré dans ses bras. D'un seul coup, ça lui redonnait de l'espoir et il en avait besoin. 

A peine sorti, il prit la carte glissée dans sa poche arrière. C'était la carte de Kazuya mais au lieu des lignes moches de la première fois, c'était l'ébauche d'un dragon. Cette fois, celle-là, il la garderait. 


Kazuya travaillait depuis quelques semaines sur ce nouveau projet. Un entrepreneur Coréen qui voulait que sa chaîne de restaurants se démarque de celle des autres. C'était le dragon sur la carte qui l'avait attiré. Comme quoi juste une carte, ça faisait tout. Il la changeait tous les trois mois mais toujours en y incorporant un dragon. Comme ça, il avait l'impression qu'il était encore un peu avec lui même s'il savait que quelque part c'était malsain pour lui. Dans trois heures, il avait rendez-vous avec son psy. Pouvoir parler pendant quarante-cinq minutes de ses doutes et de lui, ça lui permettait de ne plus en parler à Hiroki. La sonnette le fit sursauter et son crayon glissa sur son papier qui était de toute façon encore blanc. Il soupira et alla ouvrir.
Il eut un hoquet de surprise quand il le vit. Il pouvait pas croire qu'il était sur son palier, chez lui. Il claqua la porte et ferma à clé. Il avait l'impression que son cœur allait bondir de sa poitrine.

- Kazuya ! J'veux juste parler avec toi, s'il-te-plaît.
- Je veux pas te voir ! Dégage !
- Juste discuter.
- Casse-toi putain ! J'ai rien à te dire ! Dégage !

Jin s'attendait à une réaction vive mais il avait pas pensé qu'il aurait même pas l'occasion de lui causer, qu'il refermerait la porte à peine après l'avoir ouverte. Il voulut frapper de nouveau mais son portable sonna.

Son cœur battait à cent à l'heure. Il voulait pas qu'il insiste et quand Jin dit à son interlocuteur qu'il arrivait, il se sentit soulagé.

- Je repasserai.

Kazuya serra les dents, il préférait faire comme s'il n'avait rien entendu, il voulait qu'il le laisse tranquille. Les heures suivantes, il les passa contre la porte avant que ce ne soit l'heure de sa séance. Il en avait vraiment besoin. Il avait besoin d'en parler.

- Bonjour Kamenashi, vous avez l'air stressé.
- C'est parce qu'il est venu jusque chez moi. Il était là.
- Allongez-vous. Vous parlez de Jin, c'est ça ?
- Oui. Je l'ai croisé en sortant de boîte. J'me suis enfui. Et là, il est venu chez moi et j'ai paniqué.
- Qu'est-ce que vous avez ressenti en le voyant ?
- Je le déteste. J'ai envie de le frapper mais j'ai aussi envie de lui. C'est viscéral, il m'excite. J'ai l'impression de plus pouvoir me contrôler, j'ai peur de déraper. Et tous ça... je l'ai vu que deux secondes !

Il était en panique. Ses sentiments étaient revenus de façon si violente qu'il avait l'impression de ne plus rien maîtriser.

- C'est sûrement dû à la rupture. Vous aviez envie de lui en rentrant de voyage mais vous n'avez jamais pu assouvir ce désir. Du coup, vous vous projetez à cet instant. Et ça provoque de la colère. C'est une réaction défensive normale.
- Mais, je veux plus qu'il vienne me voir. J'ai pas envie de ressentir ça.
- Pourtant, discuter avec lui serait une bonne chose. Pour vous débarrasser de cette dernière envie. Pour comprendre. Parce que vous restez aussi sur son dernier geste qui vous a le plus blessé, ce dernier geste qui a été synonyme de fin.
- Mais je me sens pas prêt.
- Laissez-vous du temps pour déjà accepter le fait qu'il vient vers vous de lui-même après deux ans et demi. La colère s'apaisera pour que la discussion se fasse le plus naturellement possible. Kazuya, demandez-vous ce que vous ressentez pour lui. Faisons une mise au point sur votre vie actuelle .

Sa vie actuelle ? Elle était ennuyeuse mais réparatrice. Il en avait besoin pour rester calme et serein. Il avait un équilibre qu'il n'avait pas trouvé avec lui. Quand Hiroki partait en déplacement, il n'avait pas peur qu'il aille voir ailleurs parce qu'il n'avait pas eu sa dose.

- Est-ce que... Jin pourrait être malade ? Lui demanda-t-il en repensant au fait que Jin cherchait justement sa dose comme un drogué.
- Comment ça ?
- J'ai l'impression qu'il voyait le sexe comme quelque chose de nécessaire. Limite, il lui fallait sa dose et il lui en fallait toujours plus. Ça existe ce genre de maladie.
- J'avoue que je ne sais pas. Mais si vous voulez pour la prochaine séance, je peux essayer de me renseigner.
- Oui, merci.
- Vous ne pensez pas que vous continuez de lui chercher des excuses ?
- Je sais pas...

Il avait toujours trouvé qu'il y avait quelque chose qui clochait chez Jin mais il avait surtout l'impression d'essayer de se convaincre comme si c'était une excuse à ce qu'il lui avait fait subir. Ça l'excuserait pas mais au moins, il pourrait essayer de comprendre. Se dire qu'il n'avait pas fait tout ça pour rien.


- Jin burger !
- Putain, Junno ! J'vais te tuer !
- C'était juste pour te dire que j'y allais. C'est ton tour de fermer.
- Je sais, souffla-t-il.

Cela faisait trois semaines qu'il allait régulièrement chez Kazuya pour essayer de parler avec lui mais celui-ci ne répondait même plus quand il sonnait à la porte. Alors il avait décidé de le laisser tranquille. Il n'y était pas allé hier, il n'y était pas non plus allé aujourd'hui. C'est pas qu'il baissait les bras mais Liao lui avait dit qu'il devait prendre en compte que Kazuya avait été blessé par son comportement passé et qu'il lui faudrait du temps pour discuter de nouveau avec lui. Lui, il en avait besoin pour ne plus voir le sexe comme une malédiction ou comme la cause de ses rechutes. Il décrocha son portable quand il vibra.

- Qu'est-ce que t'as oublié ? Soupira-t-il en voyant le numéro de Junno sur son téléphone.
- Juste ma veste. Tu peux la déposer en chemin ?
- C'est bon, je te la ramène.
- Passe boire un verre si tu veux.
- Ha non, j'en ai ras-le-bol de tes jus de fruits, râla-t-il.
- Ok, ok. Dépose juste la veste alors.
- Ok. A tout à l'heure.

Il raccrocha et se mit enfin à ranger le désordre qui avait été mis par les diverses réunions. Il avait toujours autant de mal à réaliser qu'autant de personnes puissent avoir besoin d'aide et il faisait de son mieux pour les aider en écoutant parfois des personnes complètement paumées.

- Jin ?

Il sursauta et faillit tomber en butant dans une chaise quand il entendit sa voix. Son cœur se mit à lui faire mal tellement il battait vite. Et encore plus quand il le vit.

- Kazuya ?

Il s'était senti tellement vide quand Jin n'était pas venu qu'il s'était décidé à faire un pas vers lui. Il avait beaucoup discuté avec son psy sur cette maladie qui ressemblait aux problèmes de Jin. Et puis, le voir ici, c'était un signe que c'était sûrement ça. Jin se droguait pas et c'était le genre à pas boire pour pas perdre sa libido. Et l'entendre parler au téléphone de façon si naturelle, ça ravivait encore plus ce qu'il avait essayé d'enfouir au plus profond de lui. Jin était devenu sa faiblesse.

- Comment t'as su...
- Mon psychiatre, le coupa-t-il. On a beaucoup discuté et j'en ai déduis certaines choses. Et c'est le seul lieu que j'ai trouvé qui... traite... ce genre de cas.

Kazuya était mal à l'aise d'être là et maladroit avec les mots et Jin le voyait. Mais c'était la première fois qu'il lui parlait sans hurler pour construire une phrase. Lui aussi était mal à l'aise parce qu'il aurait voulu lui parler avant qu'il ne le voit ici. Il devait forcément savoir et il aurait préféré lui expliquer lui-même.

- Tu veux bien qu'on aille boire un verre, proposa Kazuya. Je te promets de pas crier, ricana-t-il nerveusement.

Jin sourit discrètement et hocha la tête. Il rangea quelques chaises et il ferma à clé derrière lui.

- C'est toi qui dirige l'endroit ?
- Non, non. C'était mon tour de ranger, je viens tous les jours pour filer un coup de main ça fait partie de... Ca fait partie de ma thérapie, lui expliqua-t-il en hésitant.
- J'aimerais qu'on en discute. Tu veux bien en parler avec moi ?
- Oui ! Enfin... J'veux dire, oui, ça me dérange pas.

Il se sentait tellement stupide de réagir si vivement. Il se trouvait complètement débile à sourire comme un abruti aussi. Ha ça il savait que l'amour rendait con mais là il devait avoir la palme. Si y avait eu l'autre alcoolique, il l'aurait affublé d'un nouveau surnom.

- Merde ! Attends, j'ai oublié un truc.

Il rouvrit à la hâte et alla chercher la veste de l'autre abruti puis ressortit aussi vite.

- C'est l'autre boulet, il a encore zappé sa veste.
- Ton mec ? Demanda Kazuya curieux.
- Ha non ! C'est un blond platine tout maigre. C'est absolument pas mon genre, s'exclama-t-il l'air dégoûté. Junno c'est un ancien alcoolique. C'est un boulet. Il me saoule avec ses jus de fruits. Des fois j'ai des doutes sur sa santé mentale.
- Ben tu dois pas trop dépareiller à côté alors.
- T'insinues quoi là ?
- J'insinue pas. T'es un cas. C'est toi qui m'as sorti que t'étais hors norme.
- Non mais moi dans le bon sens, hein. Lui, il est juste... euh... ben Junno. C'est une espèce à part.

Jin parlait avec beaucoup plus d'aisance que lui. Lui, se détendre, il pouvait pas complètement sinon il allait lui sauter dessus. Il avait l'impression que c'était plus son corps à côté de lui, qu'il perdait la tête. Mais il se sentait vivant parce qu'il ressentait ce mélange d'émotions complètement dingue. Jin mettait des mots sur sa maladie, parce que oui, s'en était une. Il savait de quoi il souffrait maintenant et il savait aussi comme Jin le savait qu'il ne guérirait jamais complètement, que le risque zéro n'était pas possible. Pourtant, il en parlait facilement, mais sans jamais parler d'eux. Et c'est pas lui qui aurait glissé sur la conversation. Il était pas prêt pour ça. Il avait fait un effort pour venir et parler. Mais maintenant il comprenait mieux. Il voulait lui poser d'autres questions mais il n'osait pas encore. Il voulait pas non plus parler de lui. Limite, d'être là avec lui, il avait l'impression de le tromper avec Hiroki. C'était une sensation bizarre.

- Je peux te raccompagner ? Lui demanda Kazuya en sortant du café.
- Ben, faut que je passe chez Junno.
- Ça me dérange pas.

Il voulait pas encore le laisser partir. Il avait peur que ça fasse un vide quand il le ramènerait chez lui. Et il était aussi un putain de curieux. Il voulait voir où il habitait, il aurait voulu voir l'intérieur, il aurait voulu ne jamais l'avoir foutu à la porte...
Il s'arrêta sur la route pour que Jin y dépose la veste du fameux boulet et il le conduisit jusque chez lui sous ses explications. L'ambiance était devenue presque tendue, froide, le silence commençait à le déranger. Il angoissait. Il savait plus trop si y avait des limites à ne pas franchir, si c'était bon pour lui, si c'était bon pour Jin. Il savait plus, il était perdu. Tout ce qu'il savait c'est qu'il le voulait, il le désirait, il en crevait en silence à l'avoir à côté de lui. Alors que Jin avait l'air si calme, si serein. A croire qu'il ne souffrait pas de sa présence lui. Il se gara devant l'immeuble et hocha la tête quand il le salua. Mais sa main attrapa son poignet par automatisme pour pas qu'il s'en aille. Il avait peur de pas le revoir. Jin, il avait l'air surpris qu'il fasse ça, il restait en suspens.

- Je...
- Je repasserai, lui assura Jin.

Kazuya s'était approché d'un seul coup. Il effleurait ses lèvres des siennes et c'est comme s'il attendait qu'il saute le pas. Mais il voulait pas le franchir. Kazuya lui avait pas dit pour son mec et il lui avait pas posé la question. Il savait pas où ils en étaient. Kazuya avait l'air complètement paumé et ça le faisait flipper parce qu'il savait que c'était sa faute. Il ferma les yeux puis caressa son nez du sien pour murmurer contre ses lèvres « Je repasserai, je te le promets ». Il lui fit lâcher son poignet et sortit de la voiture. Il se mit à marcher rapidement vers la porte d'entrée. Ses mains tremblaient et il cherchait désespérément ses clés dans la poche de sa veste. Il allait pas pouvoir rester zen plus longtemps si Kazuya continuait comme ça. Il tenta d'ouvrir la porte après plusieurs échecs à mettre la clé dans la serrure quand il se fit retourner et que les lèvres de Kazuya s'écrasèrent sur les siennes.

Il pouvait pas lutter contre ses sentiments qui s'étaient ravivés. C'était pas qu'il n'aimait pas Hiroki, ni qu'il voulait lui faire du mal, mais c'était Jin. C'était Jin qui le faisait vivre, qui provoquait ses sentiments si violents en lui. Et Jin lutta pas longtemps sous lui avant de lui rendre avec la même force son baiser. Leurs langues se retrouvaient après tant de temps l'une sans l'autre. Ça comblait leur manque. Ça leur faisait perdre la tête. Il sursauta quand son portable sonna dans sa poche de jean. C'était sa sonnerie. Fallait dire qu'il sortait jamais sans prévenir mais là ça lui avait pris sur un coup de tête, il devait chercher à savoir où il était. Le baiser s'estompa sans pour autant qu'il décroche et il se trouvait un peu con d'un seul coup à s'être laissé emporter.

Il avait du mal à reprendre son souffle. Il avait attendu ça longtemps mais il pensait pas qu'il lui sauterait presque dessus. Il avait bien senti son état dans la voiture, c'est pour ça qu'il s'était barré sans demander son reste. Mais malgré tout, ça signifiait qu'il avait peut-être encore une chance, que Kazuya avait pas encore complètement tourné la page. Il était soulagé et en même temps, il était pas con. C'était son mec qui lui avait téléphoné pour savoir ce qu'il foutait. Il se doutait bien qu'il décrocherait pas pendant qu'il était là puisqu'il en avait pas parlé et qu'il était pas censé être au courant.

- J'vais y aller.
- Hm.
- Tu vas repasser hein ?
- Oui, j'te l'ai dit.
- A une prochaine alors.
- Ok.

Il était tout aussi loquace qu'avant. Ça le fit sourire d'y repenser. Il avait pas l'air d'avoir autant changé que ça et pourtant si. Enfin, c'était pas clair dans sa tête, elle tournait encore d'ailleurs, ça devait être pour ça que c'était flou. Il reprit sa place au volant et lança un regard du coté de l'immeuble. Jin avait déjà disparu. Il s'attendait pas à un coucou un peu niais mais il avait un peu espéré un dernier regard. Il soupira fortement et rentra chez lui. Fallait qu'il lui en parle de ça justement.

- Tu rentres tard, lui fit remarquer Hiroki.
- Tu m'as attendu pour manger ?
- Non. J'avais trop faim. Mais je t'ai laissé de quoi manger. T'étais où ?
- J'suis aller voir un pote à la dernière minute, j'ai pas vu l'heure passer sinon j't'aurais prévenu.
- Ok. J'vais me coucher.
- J'arrive.

Pourquoi il mentait comme ça ? Il allait bien falloir qu'il lui dise de toute façon qu'il avait revu son ex. Jin, c'était pas n'importe qui, il lui en avait déjà parlé. Il savait ce qu'il représentait et il savait l'état dans lequel il l'avait mis. Finalement, il s'était coupé l'appétit tout seul alors il décida de rejoindre son copain dans le lit. Il lui en parlerait demain.

Jin avait parlé de son entrevue avec Kazuya à Takuya. Celui-ci l'avait encore bassiné pour qu'il se méfie comme s'il pouvait être la peste. Il comprenait pas pourquoi il en faisait tout un plat et il se dit qu'il avait bien fait d'omettre qu'il s'était carrément jeté sur lui.

- Hey Jin ! L'appela Tanaka.
- Ben qu'est-ce qui t'arrives ? Pourquoi tu gesticules comme ça ?
- Elle a dit oui ! Elle a dit oui ! Trépigna-t-il.
- Tu lui as fait ta demande ?
- Ben ouais ! Putain elle a dit oui !
- J'suis content pour toi.
- Dis. Tu veux bien être mon témoin ?
- Quoi ?
- Allez, sois cool. T'es le type qui m'a le plus aidé ici et t'as toujours pu compter sur moi aussi hein.
- Pas la peine d'argumenter, je faisais ça pour te faire chier. Bien sûr que je suis d'accord.
- Enfoiré ! Putain, je t'aime toi, tu le sais !
- Ouais je sais, répondit-il en rigolant quand son ami se jeta dans ses bras.

Il était sincèrement heureux pour lui. Tanaka avait toujours une énergie débordante et il avait trouvé son équilibre avec sa coquine. En fait, il l'enviait carrément. Il avait trouvé quelqu'un de stable qui connaissait ses problèmes et qui était d'une patience à toute épreuve.

- T'inquiètes, je te présenterai sa sœur.
- Non merci, c'est pas trop mon genre.
- Non mais en fait, vraiment pas du tout les filles ?
- Non pas du tout.
- Mais t'as déjà essayé ?
- Ben ouais.
- C'est pas grave, elle a deux frères mais je te promets rien.
- J'ai pas besoin que tu m'aides à me caser.
- Mais tu vas pas attendre le retour improbable de ton mec. Tu sais même pas où il est.
- J'l'ai revu hier soir.
- Quoi ? Sérieux ? Raconte !
- On a parlé.
- Alors il fait quoi ? Il est casé ?
- Je sais pas trop, on a parlé que de moi, il voulait savoir pour ma thérapie et tout.
- C'est bon signe. C'est qu'il s'intéresse. C'est pas moi qui t'ai toujours encouragé à penser à lui quand ça allait pas ?
- Ouais.
- J'suis un putain de cupidon.
- J'baisais avec lui avant de te connaître.
- Ha non. Mot proscrit. On baise pas...
- Je sais, souffla-t-il.
- C'est important le vocabulaire que t'emploies. Surtout dans notre thérapie. T'es un impulsif toi.
- Et pas toi peut-être ?
- Si. Mais je suis un impulsif réfléchi. Tu peux y aller, je ferme la boutique.
- Ok. Bonne soirée.
- T'inquiètes, elle va être très bonne.

Il lui avait promis qu'il repasserait mais ça faisait presqu'une semaine qu'il avait aucune nouvelle. Il avait parlé avec Hiroki en omettant certains détails de son comportement mais il en avait longuement parlé avec son psy qui comprenait pas vraiment son envie soudaine. Pourtant pour lui, elle avait pas vraiment été soudaine parce qu'il y avait pensé toute la soirée. Il se cogna le front sur sa table de dessin pour se remettre les idées en place et ferma les yeux quelques instants. Il lui avait promis. Même s'il avait encore du mal à parler franchement et librement avec lui, il avait d'autres questions. Il voulait savoir. Savoir pourquoi il l'avait ramené chez eux, dans leur lit. Qu'est-ce qu'il avait fait pendant ces cinq jours ? Est-ce qu'il lui avait menti pendant tout ce temps ? Avait-il seulement arrêté après lui avoir avoué ? Il en pouvait plus de se ressasser ses questions depuis tout ce temps, il voulait des réponses.

Il avait suffisamment attendu maintenant. Il s'était dit que s'il revenait trop vite après tout ce dont ils avaient parlé et ce qui s'était passé, ça passerait pas trop. Pis il voulait pas jouer les accros, Kazuya avait l'air déjà assez paumé comme ça, il allait pas en rajouter une couche. Il était devant la porte depuis deux minutes, ça faisait déjà deux fois qu'il sonnait mais il était visiblement pas là, ou il lui faisait la gueule mais ça lui paraissait trop improbable. Mais bon, il avait tellement un caractère à la con des fois que c'était pas facile de le suivre. Il pensait pas que dans les circonstances actuelles, il pouvait pas lui faire un coup pareil alors il quitta le pas de la porte et sortit de l'immeuble. Il s'était promis qu'il passerait plus tous les jours alors il attendrait. Putain de patience qu'il avait pas vraiment. Puisque Kazuya était pas là, autant qu'il aille voir Liao pour se détendre. Ça faisait longtemps qu'il avait pas été la voir, c'était peut-être pour ça qu'il était sur les nerfs. Les exercices de détente qu'elle lui avait appris le calmait même plus.

- T'allais te barrer ?
- Putain, faut toujours que tu te la joues discret, se plaignit Jin en sursautant.
- Je la joue pas discret. C'est toi qui a rien entendu. J't'ai appelé de là-bas.
- C'est trop loin là-bas.
- On va boire un verre ?
- Ok.

Comme d'habitude, il prenait un café. Toujours noir. Surtout pas de sucre ou de lait sinon il piquait sa crise. C'était du gâchis comme il disait.

- Faut que je te dise un truc. J'ai un copain.

Jin baissa les yeux. Il savait pas feindre, surtout que c'était sa mère qui l'avait mis au jus, il se voyait mal lui sortir qu'il était allé la voir. Mais ça lui faisait mal qu'il lui dise, mal parce qu'il avait espéré sûrement trop de choses après qu'il l'ait embrassé.

- On habite ensemble depuis quatre mois. Et... enfin... j'voulais juste te le dire.
- Pourquoi faire ? Lui demanda-t-il un peu vivement. Pour me montrer que t'as tourné la page et que moi non.
- J'te permets pas de jouer comme ça avec moi. Je comptais pas te revoir moi. C'était fini. Fini pour de bon. C'est toi qu'à ramené ce pédé dans note lit.

Sa voix était montée vite, trop vite, et tous les regards étaient braqués sur eux. Kazuya déglutit, il s'était emporté. Il voulait pas s'énerver comme ça contre lui mais il avait attendu que Jin passe et il avait ressassé toujours les mêmes questions qui l'avaient mis sur les nerfs. Il se leva brusquement pour quitter le café en sentant qu'il allait plus pouvoir discuter tranquillement. Jin le poursuivit jusque dans la rue pour le retenir.

- Kazuya attends !
- Non ! J'ai plus envie de causer là ! Fous-moi la paix !
- S'il-te-plaît.
- Va te faire foutre, lui sortit-il en se dégageant.

Jin soupira. Il allait pas encore le poursuivre ou insister. Il faisait que ça avec lui. Il enchaînait les gaffes. Il savait jamais quand se taire et écouter. Mais ça lui avait fait tellement mal quand sa mère lui avait annoncé et ça faisait encore plus mal quand c'était lui. Quatre mois qu'ils habitaient ensemble donc encore plus de temps qu'ils se fréquentaient. Ça le rendait malade de savoir qu'il couchait avec ce type. Il fit demi-tour et décida de rentrer. Il avait plus envie de rien à part d'aller se coucher. Il en avait marre de tout, il était complètement démoralisé.

Kazuya faisait les cent pas dans son appartement. Il avait eu une réaction vive mais là à force de se poser des questions, il se torturait tout seul et ça devenait urgent d'avoir des réponses. Il en pouvait plus de pas savoir et ça s'accentuait de jour en jour. Son pauvre mec en faisait les frais de ses passages de nerfs. Sauf qu'ils se battaient pas, il le laissait râler tout seul, et ça, ça le gonflait. Il lui fallait un punching-ball. Au moins, il pourrait se défouler sur quelque chose de concret.

Ce jour-là, un peu plus de cinq jours après leur altercation, Jin marchait tranquillement vers son appart'. Il avait opté pour la marche à pied pour aller bosser, ça l'aidait à réfléchir. Il était par retourné voir Kazuya, il voulait pas encore se faire envoyer chier, il supportait plus ça. Il jeta son mégot entièrement consumé et prit ses clés pour ouvrir.

- Faut qu'on parle.

Jin fit tomber ses clés. Ça l'aurait presque fait marrer tellement à chaque fois il avait les boules. Il s'attendait à quoi ? Un fantôme ? Mais il était pas là pour se marrer. Il savait bien que Jin serait pas revenu avec le coup qu'il lui avait fait. Il s'excuserait pas et maintenant c'était des réponses dont il avait besoin.

Il se baissa pour récupérer ses clés. Il sentait que la conversation allait pas être tendre. Il le sentait sur les nerfs et du coup ça le stressait. Il finit par ouvrir la porte et Kazuya le suivit très déterminé. Il le laissa pénétrer dans son appartement et Kazuya s'assit dans le canapé avant d'immédiatement se relever pour tourner en rond.

- Pourquoi ? Je veux savoir pourquoi ?
- Pourquoi quoi ? De quoi tu causes ?
- Pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi t'as ramené ce type ? Avec combien de types t'as baisé ces jours-là ? Combien de temps tu m'as menti ? Qu'est-ce que t'as fait pendant ces cinq jours alors que je te faisais confiance ?
- Non ! J'ai pas... j'me suis retenu !
- Te fous pas de ma gueule, ok. Le type qu'était chez nous c'était pas une hallucination !
- J'ai pas dit le contraire ! Tu sais très bien que j'avais rien fait les premiers jours, je devenais parano avec ces médocs. C'est pour ça que je les ai arrêté.

Et voilà, il gueulait déjà. Il venait pas pour avoir une discussion de tout repos mais il s'était vite emporté. Il avait plus aucune patience, il le sentait.

- Ça répond pas aux questions !
- Je sais pas c'qui s'est passé, ok ! J'étais... j'étais complètement en manque, j'ai pas réfléchi, j'ai pensé qu'avec ma queue. J'me souviens pas comment j'me suis retrouvé avec ce type chez nous. J'me suis réveillé, il était là, j'savais pas quoi faire, j'voulais pas tout gâcher encore.
- Tu m'aurais menti, lui dit-il plus bas. Tu m'aurais menti et t'aurais recommencé.

Jin pouvait lire dans ses yeux cette blessure et cette déception dont il était la cause. Il se détestait de nouveau, il avait beau travailler sur lui-même, il arrivait pas à retirer cette sensation de dégoût qu'il s'inspirait. Kazuya devait le haïr et il se haïssait tout autant. Ca lui donnait la gerbe alors s'assit pour pas se retrouver par terre. Il se sentait mal et sa tête commençait à tourner. Il en pouvait plus de tous ces mots qu'il pouvait lui sortir.

- J'voulais pas mais... j'ai pas réussi à me retenir. J'savais plus quoi faire. C'était compulsif, fallait que je le fasse, j'me sentais vraiment pas bien. Je sais que c'est pas une excuse, je sais que ça changera rien à ce que je t'ai fait. Kazuya... je suis désolé d'être comme ça.
- C'est vrai ça change rien. Tu me dégoûtes, j'te déteste. Je te hais pour ce que tu m'as fait. T'imagines même pas ce que j'ai pensé quand je l'ai vu. Une heure plus tôt et je tombais sur quoi hein ?
- Je sais pas. Je me souviens pas.
- Y a eu que celui-là ? Demanda-t-il la voix tremblante.

Akanishi se bouffait les doigts. Il le voyait dans son comportement que c'était pas le seul, y avait pas eu que l'autre enfoiré. Finalement, il voulait plus savoir. Il avait eu assez mal en voyant fuir l'autre connard dans son dos pendant que Jin l'occupait.

- Non, il a pas été le seul, répondit-il calmement. Je suis allé dans un bar et j'me suis tapé le premier qu'a dit oui. Après j'avais toujours la même tension alors je suis allé en boite. J'crois que j'ai serré aussi. J'me suis réveillé chez nous après. J'sais même pas d'où il sortait ce type.

Y avait plus un bruit dans l'appart'. Sa voix était presque devenue inaudible à la fin de sa dernière phrase. Il savait pas comment il allait réagir, c'était la même chose qu'il avait raconté à Takuya et Liao. Ça avait été le début de la fin. Ne pas se rappeler le bloquait mais il voulait pas se souvenir de toute manière. Cette soirée, il voulait ne plus jamais s'en souvenir, plus d'aucun détails.

- Tu...

Il pouvait ajouter quoi après ça ? C'était pire ou mieux que ce à quoi il s'était attendu ? Il savait qu'il tiendrait pas cinq jours mais il lui avait donné sa confiance. Il lui avait donné pour finalement ne rien recevoir. Mais à ce moment c'est sa fidélité aussi qu'il avait testé, il savait pas qu'il était malade. Jin n'était pas plus fort que la maladie. Ca l'excusait pas mais maintenant il comprenait mieux. Il avait l'impression de l'avoir lui-même jeté dans le gouffre quelque part. C'était comme les conneries de la télé avec «L'île de la tentation», si tu jettes un bout de viande à un lion végétarien, son instinct revient au galop. Quoique l'image était naze.

- Je pourrai pas oublier. Je pourrai pas te refaire confiance. Ca m'a vraiment blessé. J'ai essayé de comprendre, de penser et repenser à tous ça. Mais ça change rien. Ca change rien d'être désolé, ça change rien de tout reporter sur ta maladie. T'as ta part de responsabilités là-dedans comme j'ai la mienne. J'étais au bout de ce que je pouvais supporter.
- J'veux pas être pardonné pour ce que j'ai fait. J'ai agi comme un enfoiré.
- Mais t'es un enfoiré encore maintenant. Pourquoi t'as tenu à me revoir si c'est pas pour ça ? Pourquoi t'es venu foutre la merde ? Pour ta putain de thérapie ? Pour soulager ta conscience ?
- J'l'ai fait pour toi putain ! S'emporta-t-il en se relevant. J'en avais rien à foutre de guérir ! J'espérais aller mieux pour te revoir, pour pas recommencer les mêmes conneries !
- Et quoi ? T'espérais quand même pas que je t'attende.
- Moi j't'ai attendu.
- T'aurais du t'y attendre. C'est moi qui t'ai foutu dehors.
- Il me restait que ça.
- Je m'apitoierai pas sur ton sort. C'est soit on vit avec, soit on tourne la page.

Jin releva les yeux vers lui. Il était pas sûr d'avoir bien saisi la phrase, soit il se foutait de sa gueule, soit il avait mal compris ce qu'il venait de lui dire.

- Crois pas que je viens ici juste pour t'enfoncer ou me faire mal. J't'ai pas embrassé pour rien l'autre soir parce que j'crève quand même d'envie de t'avoir pour moi. J'peux pas pardonner mais j'peux pas aller contre ce que je ressens. T'as besoin de mon aide comme j'ai besoin de toi pour aller mieux.
- J'ai plus besoin d'aide, ok ? J'vais bien. J'me suis démerdé tout seul ! J'ai pas besoin de ta pitié.
- T'essaies quoi là ? De me culpabiliser ? Tu m'en as pas encore fait assez baver, c'est ça ?
- Tu devrais partir. Ça va nous mener nulle part.
- Alors tu baisses les bras ? Tu dis que tu t'es battu pour moi et tu me jettes comme une vieille merde ?
- J'en ai marre de me battre. J'veux plus vivre dans l'illusion que c'est encore possible parce que j'y ai trop cru. Un jour tu me roules une pelle et tu me fais espérer et la fois d'après tu m'annonces que t'es casé depuis plusieurs mois. J'suis paumé. Kazuya j'suis complètement perdu.
- J'voulais que tu répondes à mes questions même si je digère pas les réponses. J'ai toujours été honnête et je pouvais pas te cacher que j'avais essayé de revivre avec quelqu'un. Jin empêche-moi de partir, lui demanda-t-il en cherchant ses yeux. Dis-moi que t'y crois encore.

Jin gardait la tête baissée. Il le regardait plus. Il avait peut-être vraiment laissé tomber. Ils étaient tous les deux à bout. Discuter ça servait à rien sinon à ressasser des événements douloureux et ils finissaient par tourner en rond. Rien n'était résolu, et c'était pas maintenant que ça irait mieux. Il en avait marre de tout ça. Il avait tenté de les faire avancer mais comme d'habitude Jin restait derrière, il voulait plus le traîner. C'était fini. S'il prenait pas maintenant cette dernière main tendue alors y aurait pas de nouvelles chances.

Quand il le vit faire demi-tour, il savait que s'il faisait rien maintenant, il le regretterait toute sa vie. Il pouvait pas se passer de lui, pas après avoir lutté tout ce temps pour guérir pour lui. Il allait pas fourrer une fierté mal placée ici, pas lui, De toute façon, elle s'était barrée où ? Dans un dernier élan, il courut vers lui et l'emprisonna de ses bras pour ne pas qu'il parte. Il le serrait fort pour qu'il comprenne qu'il voulait pas le voir partir. Il était con, il avait toujours peur de l'avenir mais avec lui, il savait avancer.

- Reste. Kazuya, s'il-te-plaît. J'baisse pas les bras. Je les baisserai jamais alors reste. J'y crois. Je crois en tout ce que tu veux mais reste.

Il pouvait bien étouffer dans ses bras maintenant qu'il s'en foutait complètement. C'est de ça qu'il avait besoin, qu'il le rassure, qu'il plongeait pas la tête baissée dans un gouffre dont il sortirait peut-être pas cette fois. Ses bras lui faisaient mal à le serrer si fort mais c'était ça qu'il voulait.



Il savait pas trop comment il s'était retrouvé là, dans son lit, Kazuya sur lui, ses lèvres dans son cou. Son souffle chaotique, la tête qui tourne. Plus d'un an qu'il n'avait pas renoué avec ces sensations. Il ressentait plus fortement chaque caresse, chaque geste, chaque baiser. Son touché lui avait manqué, il aimait s'éveiller de nouveau sous ses doigts. Il avait l'impression de voir la lumière après plus de deux ans en enfer. Ses hanches qui le possédaient, il ne pouvait pas refuser, il ne pouvait pas lui dire non. C'était tellement bon mais aussi tellement dangereux.

De nouveau, il se permettait tout ce qu'il s'était empêché de faire. Il avait tellement peur de pervertir Hiroki que son touché s'était endormi. Il était éveillé maintenant. La peau moite de Jin, ces sons qu'il avait cru ne jamais réentendre, Jin qui gémissait sous lui, ses hanches qui venaient à sa rencontre. Il prenait un putain de pied à lui faire l'amour de nouveau et ça personne d'autre ne pouvait lui apporter. Il avait pas réfléchi. Il en crevait d'envie. Alors prendre Jin de nouveau, c'était simplement bandant. Il revivait comme s'il avait dormi en attendant son retour. Il pouvait pas s'empêcher de lui bouffer les lèvres, il voulait qu'il soit à lui, seulement à lui. Il était plus rationnel et il s'en foutait.

Il était dans un autre monde et l'idée de rechute ne l'avait même pas effleuré. Il partageait ce moment intense avec Kazuya. Il en aurait crevé de jamais le retrouver. Faire l'amour prenait tellement de sens maintenant. Il le sentait que ça allait pas être facile de retrouver Kazuya complètement mais de cette nuit il en espérait beaucoup. Peut-être trop. Mais tous ces mots qu'il lui glissait dans l'oreille, ce point sensible de nouveau réveillé et beaucoup plus réceptif. Il pouvait pas croire qu'il rêvait tous ça parce que ses mains le touchaient, le parcouraient, le guidaient.

Plus rien n'existait. Dans sa tête, il était plus de deux ans en arrière. Y avait juste eux deux de nouveau et cela lui donna plus d'ardeur pour en recevoir encore plus. Les mains de Jin le parcouraient avec tellement de frénésie qu'il en oubliait les blessures, il en oubliait les actes. La chaleur qui émanait de ses reins, il savait qui la faisait naître.

Ses muscles se contractèrent pour laisser place à une sensation qu'il avait presque oublié. La tête qui tourne, cette sensation d'engourdissement, le relâchement complet des muscles, c'était tellement bon qu'il n'avait pas senti tout de suite la détresse de Kazuya. Des larmes chaudes qui coulaient dans son cou. Ce n'est que lorsqu'il se leva qu'il se réveilla complètement de sa torpeur.

- Kazuya ?

Jin frappa doucement à la porte de la salle de bain où il s'était enfermé. Il savait pas trop ce qu'il ressentait, il était paumé. Il allait devoir faire un choix mais c'était comme s'il avait toujours connu la réponse. Il trouvait ça trop inévitable. Il se sentait limite coupable de l'avoir abandonné avec tout ce qu'il avait traversé. Ça aurait pu être moins difficile pour lui s'il avait été là pour l'épauler. C'était sa faute s'il était devenu comme ça parce que c'est lui qui lui avait donné toujours plus. Il se sentait tellement coupable de le replonger dedans maintenant. Mais il avait voulu qui le retienne. Il lui en avait voulu. C'est comme s'il n'arrivait plus à réfléchir à cause de ce qu'il venait de faire.

- Kazuya, ouvre, s'il-te-plaît. Dis-moi... dis-moi ce qui va pas.

Il se sentait tellement mal de lui infliger ça de nouveau mais il voulait croire qu'il pouvait passer au-dessus ça. Il voulait plus le faire souffrir. C'était con d'en arriver là quand on avait fui ses sentiments une bonne partie de sa vie. Il les avait fui pour pas en arriver là, à un comportement pathétiques guidé par un cœur complètement paumé. C'était bien quand il en avait encore le contrôle et qu'il pouvait lui ordonner de ne pas s'attacher. On avait l'air tellement con coincé dans ce piège à se débattre comme une mouche dans une toile d'araignée. Quoi qu'on fasse, chaque mouvement, chaque geste, ça nous conduisait toujours vers la fin. On s'englue encore plus pour finalement se faire bouffer.

- J'suis désolé, lui dit Kazuya en ouvrant la porte de la salle de bain aussi vite qu'il l'avait refermé. J'suis désolé, continua-t-il en le prenant dans ses bras.
- Kazu... pourquoi t'es désolé ? C'est ma faute si...
- Non. Dis pas ça. J't'ai pas écouté. J'ai rien vu.
- On pouvait pas savoir. Arrête de dire ça.
- J'suis désolé.
- Tais-toi.
- Jin...
- Ta gueule ! Arrête !

Il supportait pas qu'il dise qu'il était désolé. C'était sa faute. C'est lui qu'il lui en avait fait baver, c'est lui-même qui l'avait dit. Fallait qu'il s'éloigne alors il s'assit sur le lit et prit sa tête dans ses mains. Coupable de quoi putain ! Il aurait eu la même réaction s'il avait ramené un type chez eux. En quoi ça pouvait être sa faute alors que c'était la sienne !

- Ferme-là !

Jin avait mis ses mains sur ses oreilles alors il préféra ne plus rien dire. Il s'excusait et il voulait pas l'entendre, c'était pas logique. Tout le monde voulait entendre des mots d'excuses. Il comprenait plus rien mais maintenant Jin était sa seule préoccupation. Il avait foutu quoi lui pendant deux ans à part geindre devant des inconnus qui avaient pas réussi à le guérir. Il l'avait laissé et il avait glandé, il s'était laissé aller. Il était devenu tellement faible pendant que Jin luttait vraiment. Il avait fait ça pour lui et lui, il s'était juste laissé aller. Il se trouvait tellement pathétique face à lui. Et maintenant qu'il était là, il l'aidait pas non plus. Il le faisait aller encore plus mal. Il s'agenouilla devant lui et prit ses mains, il fallait qu'il l'écoute.

- Jin, écoute-moi.
- Non, va te faire foutre.
- Plus tard.
- Pauvre con, souffla-t-il en le regardant dans les yeux.
- C'est ça que je veux voir Jin. J'veux que tu me regardes toujours comme ça. Tu comprends pas pourquoi je te dis que je suis désolé après tout ce que j'ai tout à l'heure. Pour l'instant, on s'en fout tu crois pas ? Je suis là. Jin, je veux être ton soutien, je veux t'aider, je veux pas t'enfoncer à nouveau.
- Tu comprends rien. La baise c'était fini depuis longtemps. Ça faisait plus d'un an que j'avais pas fait l'amour. J'ai vu le sexe comme une rechute pendant tout ce temps ! J'avais l'impression de te tromper ! Putain ! J'étais un putain d'enfoiré et toi tu me demandes pardon ! C'est quoi qui tourne pas rond chez toi !
- C'est ta faute ! Tout est ta faute ! C'est ça que tu veux que je te dise ? T'as passé ton temps à t'excuser, à faire ta thérapie pour demander pardon ! Tu t'es aplati devant des gens que tu connais même pas ! Et moi ? Tu crois pas que j'ai une part de responsabilité là-dedans ? J't'ai pas aidé.
- Ta gueule ! Arrête !
- Non, j'arrête pas ! On est responsables tous les deux de la situation. Alors... Jin, faut qu'on se relève ensemble. Laisse-moi t'aider.
- Tu comprends rien ! Cria-t-il en se levant bousculant Kazuya. J'ai pas besoin d'aide ! C'est fini putain ! J'vais bien, ok ? J'ai pas besoin de ta pitié, cracha-t-il.
- T'es qu'un connard ! Cria-t-il à son tour en se relevant. Depuis le début t'es un connard ! Un pauvre con avec des principes de merde ! Si t'avais pas voulu de moi, tu serais pas revenu, c'est pas moi qui serais venu te chercher. Oui, tu m'as dégoûté, oui, j't'ai détesté, j't'ai maudit. J'aurais voulu ne jamais te revoir. Que tu crèves la gueule ouverte ! Tout ce que j'ai dit je le pensais et j'ai détesté les réponses que tu m'as donné. Tu reviens tout le temps pour me torturer. J'te déteste ! T'entends ? Je te hais d'être toi !

La tension retomba d'un seul coup. C'était le silence après la tempête. Il savait plus où il en était. Kazuya se laissa tomber à même le sol, le visage défait. Il le regardait fixer le vide. Il devait faire quoi maintenant ? Il savait pas très bien où ça les menait de s'acharner encore. Ils passaient leur temps à s'engueuler.

C'était pas de la pitié. Il comprenait rien ce con. Il l'aimait à en crever, ça se voyait pas assez peut-être. Maintenant, il se sentait juste complètement à plat. Ils avaient jamais vraiment su communiquer et ça s'était visiblement pas arrangé avec le temps. Il tourna alors sa tête vers Jin qui le fixait sans rien dire et il lui tendit la main. Le brun vint pour la lui prendre. Il était sûr qu'il comprenait pas ce geste. Sa main, il lui tendait à chaque fois, et chaque fois, il l'a saisissait.

- Jin, murmura-t-il une fois dans ses bras. Encore. S'il-te-plaît.


Jin dormait sur le ventre, il avait l'air si paisible. Il le fixait depuis qu'il s'était endormi. Il lui en avait demandé encore et encore et à chaque fois, il lui avait donné. Il passa sa main sur son visage pour remettre des mèches folles derrière son oreille. Il allait falloir qu'il lui dise que sa touffe, il allait devoir la couper. Il faisait limite crado avec tous ses cheveux surtout qu'il les coiffait pas à chaque coup quand ils étaient plus courts. Il soupira. Il allait devoir faire un choix. La situation était plus la même. Il devait choisir. Soit il replongeait dans sa vie d'avant, soit il avançait avec Jin à nouveau...

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