Chapitre 3 - Sexual Addiction

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Ça faisait une semaine que Jin avait repris le travail mais il sentait déjà la différence. Cet écart qu'il avait mis tant d'acharnement à gommer, il se creusait de nouveau plus vite qu'il ne le pensait. Il savait pas pourquoi, il était paumé de savoir que ça lui échappait comme ça des mains sans qu'il puisse rien y faire. C'est vrai que Jin était pas causant mais c'était limite une tombe. S'ils baisaient pas si souvent, il aurait pu croire qu'il habitait tout seul. Il était carrément flippé et il savait même pas comment s'y prendre pour qu'il lui cause. Il luttait même plus l'autre enfoiré, il lui laissait le dessus après seulement quelques coups. Il voulait quoi ? Qu'il le déteste ? C'était débile.

Il était pas rentré directement. Il avait repris ses habitudes. Il pouvait pas s'empêcher de se détester mais il en avait besoin, comme si ça le confortait dans le fait qu'il maîtrisait son quotidien, qu'il maîtrisait encore sa vie. La semaine passée, il s'était senti trop bizarre et ça lui faisait mal au cœur d'y repenser. Il avait l'impression de perdre le contrôle et il détestait cette sensation. Il se sentait tiraillé dans deux directions opposées et des fois ça lui donnait juste envie de chialer. Mais il le faisait jamais, c'était un signe de faiblesse. Alors pour le moment, il laissait couler, il se renfermait. Mais voir Kazuya le chercher, s'interroger, ça aussi ça lui faisait mal au cœur. Mais il avait besoin d'une dose toujours plus importante comme si Kazuya ne suffisait plus.

Il était rentré plus tôt aujourd'hui, Jin rentrerait plus tard parce qu'il faisait les services du soir. C'était une semaine sur deux, c'était la semaine qu'il trouvait la plus longue parce qu'ils se voyaient encore moins. Il pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter mais il faisait genre ça le touchait pas. C'était pas la meilleure solution mais s'il s'emportait, il avait les boules qu'il se casse. Et ça, il le supporterait pas. Il était pas prêt à le laisser partir. Pas encore.

Ce soir-là, il était rentré tard. Suffisamment tard pour qu'il dorme déjà. Lui, il préféra aller regarder la télé parce qu'il arrivait pas dormir en ce moment. Putain de conscience. Y avait pas de programme captivant à cette heure mais c'était pas grave. Il pouvait boire une bière et se vider le cerveau. Faire genre que tout allait bien dans sa vie. Il savait qu'il avait un problème mais encore fallait-il l'assumer.

Ça faisait deux mois que ça durait. Y avait rien qui s'arrangeait, rien qui le faisait parler. Le moment où il causait le plus c'était quand il lui glissait des mots salaces dans l'oreille quand ils baisaient. Ça, il aimait toujours autant mais c'était limite gâché par toutes les questions qui lui trottaient dans la tête. Il était rentré après sa réunion. Il était pas encore dix-neuf heure alors il espérait même pas que l'autre soit rentré. Fallait qu'il décompresse, fallait qu'il dorme. Il s'était transformé en marmotte à force. Il rentrait, il bouffait, il baisait puis il dormait. Le dimanche, c'était un supplice. Ils étaient tous les deux à la maison et ils se disaient rien. Jin restait devant la télé alors il allait dans son bureau et il travaillait sur ses projets, sur la maison de ses rêves qui au fur et à mesure devenait tellement irréelle qu'il l'a dessinait juste pour décompresser. Avant d'aller dessiner, il alla prendre une douche. Il en avait jamais pris d'aussi longue mais ça faisait tellement du bien. Il allait jamais se coucher avant que Jin arrive, peu importe l'heure, il voulait lui montrer qu'il était là même s'il avait l'air de s'en foutre. Il sursauta en voyant qu'il était dans la chambre. Il était couché sur le côté, il tournait le dos à la porte.

- Jin ? Qu'est-ce que tu fous déjà là ?
- J'étais fatigué, on m'a donné ma soirée.
- T'aurais dû m'appeler, je serais rentré plus tôt.
- Pourquoi faire ?
- T'as mangé ? Lui demanda-t-il en ignorant sa question.
- J'ai pas faim.
- J'vais quand même préparer un truc.
- Non, j'ai pas faim putain ! Cria-t-il.

Kazuya bougea pas de là où il était. Jin l'avait senti qu'il l'avait encore plus perturbé. Il s'en voulait. Il faisait mal à Kazuya, il se faisait mal à lui-même, il était tombé dans un cercle d'autodestruction mais il savait pas comment faire face sans le blesser.

- Viens... s'il-te-plaît, lui demanda-t-il doucement.

Kazuya s'exécuta. Il laissa tomber sa serviette et s'allongea près de lui. Jin souleva son bras pour lui montrer qu'il voulait qu'il se mette contre lui alors il se colla contre son dos. Il le serra autant qu'il put parce qu'il le sentait mal. Son cœur s'était accéléré et l'autre devait le sentir dans son dos. Il était en stress qu'il lui dise que tous les deux c'était pas possible, qu'il voulait partir. Il le laisserait pas faire, il voulait pas.

Il sentit ses lèvres poser des baisers sur sa nuque. C'était toujours réconfortant de l'avoir contre lui mais là il pouvait pas continuer, c'était stupide de s'entêter. Mais quand il était comme ça avec lui, il pouvait oublier. Baiser, ça vidait son esprit, alors fallait qu'il le fasse souvent, dès qu'il pouvait. Il avait besoin de sa dose. Et là, il aimait ça comment Kazuya le touchait. Il aimait ça être à lui, il aimait ça qu'il le prenne, il aimait ça s'oublier en baisant avec lui.

Ce soir, avec la détresse qui avait l'air d'émaner de lui, il voulait lui prouver une nouvelle fois ses sentiments. Il voulait pas le baiser. C'était pas que physique pour lui. Ses doigts parcouraient sa peau, il le frôlait seulement. Il le voyait réagir, son souffle s'écourter. Alors il appuya sur son ventre pour qu'il lui fasse face. Ils se regardèrent un moment dans les yeux avant que Kazuya ne l'embrasse. Il aimait tellement la texture de ses lèvres et son goût si particulier. Il voulait l'éveiller comme la dernière fois. Ses mains savaient comment faire.

C'était la douceur de la dernière fois. Il savait la signification que ça avait et de nouveau il se sentit bizarre. Son ventre commença à se tordre et au lieu de se détendre, il commençait à flipper. Ça devait s'appeler la culpabilité et maintenant ça le torturait trop d'être un sale con. Ça allait tant que y avait que lui mais maintenant y avait aussi l'autre. Il pouvait plus gérer.

- Arrête, souffla-t-il.
- Quoi ?
- Arrête, répéta-t-il en posant son bras devant ses yeux pour ne pas affronter son regard qu'il ne voulait plus croiser.
- Jin ? Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Kazuya de plus en plus inquiet.

Il tenta de lui retirer son bras mais l'autre l'envoya chier en le repoussant brusquement au bout du lit. Il le vit s'asseoir et prendre sa tête entre ses mains. Y avait quelque chose qui clochait, y avait quelque chose qui allait pas et il était plus très sûr d'avoir envie de savoir.

- J'ai...

Il pensait pas qu'il aurait autant de mal à lui sortir ces mots assassins. Il l'avait répété plus d'une fois ce putain de discours à lui sortir pour qu'il lâche, pour qu'il se barre. Qu'est-ce qu'il pouvait bien lui trouver ? Il était incapable de se visualiser dans l'avenir, incapable de se stabiliser autant dans sa vie privée que dans sa vie professionnelle. Il avait rien. Il n'avait aucune confiance en lui.

- J'me suis fait virer, marmonna-t-il.
- Pourquoi ? Questionna Kazuya hésitant.
- Parce que je baisais dans la remise ! Cria-t-il en resserrant ses mains dans sa chevelure brune. Avec un client putain ! C'est pour ça que je change constamment de taff. Parce que c'est juste pour un coup, je veux pas d'habitués. Tu voulais savoir, non ? Ben tu sais maintenant !

Ce que Jin lui avait dit ce jour-là résonna dans sa tête « tu le seras jamais ». C'était quand il lui avait demandé d'être le seul, il lui avait dit que c'était impossible. Ça lui foutait un coup là. Il pouvait pas tomber plus bas que maintenant, il savait pas comment réagir. Jin bougeait pas de sa position, le dos courbé. Il lui paraissait tellement fragile mais il avait envie de le démolir, de lui casser la gueule, le castrer. Il voulait même pas savoir combien, ni depuis quand. Il aurait pu y en avoir qu'un ou dix que c'était pareil.

Jin attendait que les coups pleuvent, il voulait qu'il le déteste, qu'il le jette dehors. Mais Kazuya se contenta de se lever et de le laisser seul, seul avec lui-même. Il se supportait plus, il se détestait, il n'éprouvait que du dégoût pour lui et il voulait que Kazuya le voit comme ça. Quand il entendit des objets se fracasser dans son bureau et hurler sa colère, il ne put retenir ses larmes. Tant pis s'il chialait comme un gosse, il avait besoin d'évacuer ses émotions qu'il ne savait pas gérer.

Il était six heures du matin et comme d'habitude, il n'avait pas réussi à dormir. Kame ne l'avait pas rejoint de la nuit, il ne savait pas s'il était encore dans son bureau, il n'avait pas osé entrer dans la pièce. Il était comme un zombie devant sa tasse depuis une heure. Il devait avoir une tête affreuse mais il s'en foutait royalement. Il en avait plus rien à foutre de rien. Il voulait juste savoir comment il allait. Il l'entendit alors s'activer. Passer dans la salle de bain, passer dans la chambre. Il arriva dans la cuisine impeccable, prêt à aller travailler comme si de rien était. Parce que lui à part des cernes prononcées, il traînait pas en bas de pyjama pourrave devant un café froid avec une gueule de déterré. Putain ce qu'il avait mal au cœur. De la culpabilité peut-être ? Il se serait jeté de la fenêtre. Il le vit réchauffer son café, il l'ignorait. Pas un regard, pas un geste. Il le but d'une traite et puis là, il s'approcha de lui. Il en frissonna tellement il en crevait d'envie qu'il s'occupe de lui. Il sentit ses lèvres contre sa tempe et elles glissèrent contre son oreille. Si sensible à cet endroit. Son souffle chaud, hésitant : « Je te pardonne ». Sa respiration se bloqua. Il devait avoir l'air con avec les yeux grands ouverts. Pourquoi il le détestait pas ? Est-ce qu'il n'éprouvait aucun dégout pour lui ? Kazuya s'éloigna et il réussit pas à tenir. Il se remit à chialer. Il en pouvait plus, il comprenait plus rien. Il était perdu.

Kazuya s'arrêta quand il entendit des premiers gémissements, des plaintes étouffées. Il l'avait entendu une bonne partie de la nuit pleurer, il l'avait jamais senti si fragile. Eux, qui étaient si forts et si impétueux. Il lui avait déjà tendu la main tant de fois et il l'avait saisi tout autant de fois. Aujourd'hui encore, il voulait que ça marche. Il était pas prêt à le laisser partir. Il fit demi-tour et voulut le prendre dans ses bras mais Jin eut une réaction violente en sentant ses mains.

- Me touche pas ! Cria-t-il en se levant.

Il le regardait même pas. Il voulait pas voir ses yeux, il voulait pas le sentir sur lui. Il se sentait sale maintenant. Parce qu'il y avait tous les autres. Mais Kame revenait vers lui alors il recula tout aussi vite mais il buta vite contre le carrelage froid du mur de la cuisine. Il se laissa glisser contre en prenant de nouveau sa tête entre ses mains en se recroquevillant. Et ses mains de nouveau sur sa peau le firent frémir, il en pouvait plus, il avait tellement envie mais là il se dégoûtait.

- Jin, prends tout, je te donne tout. Je te pardonne.

Il voulait pas le voir comme ça. Il avait senti qu'il était pas bien mais il pouvait pas savoir qu'il souffrait autant. Il devait pas se laisser aller, il devait être fort pour deux surtout quand Jin se remit à pleurer encore plus fort, qu'il se tenait si désespérément à lui comme s'il pouvait partir.

- Je partirai pas, le rassura-t-il en posant ses lèvres de nouveau sur sa tempe.
- J'suis... désolé... Kazu...

Sa voix était hachée mais il avait compris. Ça lui suffisait... pour le moment.



Son corps chaud sur le sien se tendait de plus en plus. Son souffle devenait presque douloureux tellement il était haché. Il oubliait tout quand Kazuya lui donnait tant, quand leurs corps échangeaient bien plus que des coups. Il pouvait pas s'empêcher d'essayer de l'embrasser, il voulait sentir ses lèvres, il voulait s'abandonner tout entier mais là il pouvait pas. Ses coups de hanches devenaient plus brutaux, plus désordonnés alors ses mains tinrent plus fermement les bords de la table de la cuisine. Son torse sur le bois froid, la chaleur dans son dos, ses mains sur ses hanches... il se libéra bien avant lui. Il avait une telle tension qu'il avait pas pu attendre. Et puis c'était bon, tellement bon, encore plus quand il le sentit venir.

Il posa son front contre son dos. Il voulait plus redescendre de là où il était monté mais il voulait lui communiquer plus de choses qu'avant. Alors ses lèvres se posèrent sur sa peau brûlante et suante. Il se retira et le redressa en passant sa main sur son ventre qui montrait encore que sa respiration était désordonnée.

C'était comme ça en ce moment. C'était pas juste le sexe pour le sexe, plus question de baiser pour le moment, il l'avait prévenu. Même si leurs échanges étaient parfois brutaux, ils baisaient pas, ils faisaient l'amour. Et ça lui avait foutu les boules au départ, juste les mots. Mais il essayait de plus le montrer, il voulait avancer même si ça le faisait flipper. Ses lèvres rejoignirent les siennes pour que leurs langues s'apprécient. Putain, il aimait ça. Jamais il voulait que ça s'arrête.

- C'est à quelle heure ?
- Treize heures.
- T'as quelque chose de classe à te mettre j'espère.
- Bien sûr que oui, j'suis toujours classe en serveur.
- Tu m'as jamais montré.
- Tu veux que je montre ?

Kazuya hocha la tête avec un sourire satisfait. Ça l'angoissait sans arrêt quand Jin avait un entretien parce que tant qu'il était à leur appart', Jin pouvait pas rencontrer d'autres types donc il était pas tenté. Ils firent une halte par la case salle de bain histoire d'être propres et il le suivit jusqu'à son armoire. Il enfila un boxer et s'assit sur le lit pour attendre de voir le résultat.

- Si tu te fous de ma gueule, je le mets plus ici.
- Je vois pas ce qui peut être drôle dans des fringues de serveurs.
- Ben moi, au début, j'avais l'impression de ressembler à un pingouin, lui dit-il en commençant à s'habiller.
- Je ressemble à un pingouin alors ?
- Ha non aucun rapport. Ou alors t'es un pingouin qui appelle au viol. Parce qu'avec tes pantalons, j'peux te dire qu'on voit que ton cul.
- Tu mates sans retenue, constata-t-il.
- D'ailleurs, tes collègues doivent bien se rincer l'œil.
- Ils sont quasi tous hétéros et moi je sais refuser les avances des clients, lâcha-t-il.

Jin baissa les yeux en boutonnant sa chemise. Ce genre de remarque, il y avait le droit souvent et il le méritait. Alors à chaque fois, il répliquait même pas. Il en avait envie pourtant. Aller lui casser la gueule pour qu'il se la ferme. Il respira un bon coup, mis sa chemise dans son pantalon et enfila sa veste sans manches noire qu'il boutonna à son tour. Il se tourna vers Kazuya et attendit son avis.

- Putain. T'es bandant comme ça. Je comprends mieux les victimes.

Il se leva pour le voir de plus près. Y avait pas à dire, c'était quand mieux que les baggys qu'il pouvait parfois mettre.

- Ben là au moins t'as la classe. Le costume ça te va bien.
- T'insinues quoi là ?
- Que des fois, t'es habillé comme un sac.
- C'est toujours mieux que de se peindre les orteils en rose.
- J't'emmerde.
- Ça fait vieille folle.
- Ta gueule, répliqua-t-il en lui donnant un petit coup de poing dans l'épaule.

Jin mit sa main sur son épaule et tomba à genoux en gémissant. Il se mit automatiquement à se marrer quand Kazuya s'inquiéta de lui avoir fait mal.

- Putain t'es con ! Va crever ! Lui lança-t-il en le laissant tout seul dans la chambre.



Kazuya attendait dans le canapé que Jin rentre. Il était rentré plus tôt de son travail en espérant le trouver mais c'était la désillusion. Il était dix neuf heures passé, il avait pas appelé, il était pas rentré et il imaginait déjà les pires choses. Y avait trop d'images dégueulasses qui tournaient dans sa tête. Ses ongles en avaient déjà fait les frais de cette attente trop longue et il commençait à manger sa peau. Quand il entendit la porte d'entrée, il ne bougea pas. Il attendit qu'il le rejoigne.

- Tu devineras jamais. Le resto classe où j'ai passé l'entretien, c'est celui de Maru. Tu sais celui qui... Kazuya ça va pas ? Lui demanda-t-il en le voyant prendre sa tête entre ses mains et se pencher pour poser ses coudes sur ses genoux.

Kazuya dénia de la tête. Non, il allait pas bien. Il s'était inquiété comme un malade. Chacune des sorties du brun était limite un supplice mais là il se trouvait ridicule. Jin avait des amis. Il n'avait pas que lui. Il pouvait pas le cloîtrer dans l'appartement, il devait lui faire confiance.

- Je... J'aurais dû appeler, s'excusa Jin. Je pensais pas y rester si longtemps.

Il vint s'asseoir près de Kazuya mais il osait pas faire un geste déplacé. Il était toujours aussi mal à l'aise avec lui à cause de ses conneries. Il arrivait pas à se détendre.

- C'est juste que... j'avais peur que t'ailles baiser ailleurs. Putain, je veux te faire confiance mais tu peux pas me retirer le doute.
- Je mérite pas ta confiance, chuchota-t-il.
- Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Paniqua-t-il en se levant brusquement.
- Quoi ? Non mais rien. J't'ai dit, j'étais avec Maru.
- Mais t'as fait quoi ?
- Mais rien ! J'ai rien fait ! S'emporta-t-il en se levant à son tour. Putain, mais j'ai des amis aussi ! J'leur saute pas dessus !
- J'suis désolé mais j'ai le droit d'être méfiant quand mon mec baise avec d'autres types pour avoir sa dose ! J't'e suffis pas c'est ça ?! J'te satisfais pas ?
- Mais non ! Pourquoi tu dis ça ? J'ai jamais dit un truc pareil !

Il avait les mains moites, il avait envie de le frapper. Il pouvait pas lui faire confiance d'un coup, pas après ça. Il voyait des concurrents partout, il en venait à douter de ses capacités sexuelles, il se sentait incapable de combler Jin sur le plan physique. Quand Jin le prit brusquement dans ses bras, il se laissa aller. Parce qu'il s'était retenu jusque là de montrer ses faiblesses pour pallier à celles trop nombreuses de l'autre. Il tiendrait jamais le coup s'il continuait comme ça. Et ça l'agaçait quand il répétait sans arrêt qu'il était désolé parce que ça changeait rien à ce qu'il avait fait et aux conséquences que ça avait sur lui. En fait, les types amoureux, c'est ceux qui avaient du courage. Parce qu'ils pouvaient encaisser tellement de choses. Sa vision des choses avait été bouleversée par le brun.



Il lui avait fallu un certain temps d'adaptation quand Jin débuta dans son nouveau travail. Si au début il guettait comme une commère ses horaires, il redevint vite plus souple parce qu'il était rassuré par son attitude. Il reprenait autant confiance en Jin qu'en lui-même. Fallait dire que comme il était plus que son unique source de plaisir, le brun lui en demandait toujours plus. Ça le rassurait dans un sens parce que pour lui ça voulait dire qu'il le désirait. Bon il était un peu naze quand même mais il allait pas se plaindre que son partenaire lui fasse l'amour quand même. Il se releva d'un bond du canapé encore nu et fatigué de leur échange. L'autre le regardait bizarre mais il lui prit la main pour qu'il le suive. Akanishi le suivit sans résistance mais il hésita en voyant qu'il l'emmenait dans son bureau.

Il découvrait pour la première fois cette pièce. C'était couvert de croquis sur le bureau mais aussi sur le sol. Un vrai bordel comparé au côté maniaque qu'il lui connaissait. Il s'assit dans un grand fauteuil devant une table à dessin inclinée et Kazuya vint se mettre juste devant lui. L'autre sortit des feuilles, des crayons, des règles et se mit à tracer des traits qui ne représentaient encore rien. Il l'entoura de ses bras et posa sa tête sur son épaule et attendit qu'il lui explique ce qu'il faisait là. Le dessin prit petit à petit forme et il reconnut leur salon. Les meubles qu'il dessinait au fur et à mesure et l'emplacement vide sur le mur. Kazuya lui tendit son crayon en souriant et il le prit hésitant.

- Dessine-le pour moi. C'est mieux qu'une photo non ?
- Pourquoi...
- J'avais juste envie de te voir dessiner.
- J'fais rien d'extraordinaire.
- Mais j'ai envie de voir.

Jin se concentra sur la feuille et se mit à son tour à tracer des courbes sur le papier. Kazuya le regardait faire en silence. Il était aux premières loges pour apprendre sa façon de dessiner. Lui, dessinait droit avec ses règles alors que Jin n'avait besoin de rien d'autre que de son crayon avec ses courbes tracées librement. Deux univers différents. Mais le dragon était de nouveau là, et Jin se permit de piocher dans les couleurs pour le rendre plus vivant. C'était ça qui lui manquait. Les couleurs. Jin l'avait déjà dit que sa vision de la décoration était froide et sans vie. Quand le brun termina, il mit de côté la feuille pour prendre une pochette à dessin d'où il sortit les croquis de cette maison dont il rêvait.

- Aide-moi à mettre des couleurs.
- C'est quoi ?
- C'est la maison que j'aimerais construire pour nous un jour.

Jin ne répliqua rien. Il avait tellement de mal avec leur quotidien de nouveau stable qu'il ne se projetait pas du tout dans l'avenir et ça le faisait flipper quand Kazuya en parlait.

- C'est pas pour maintenant. Faut d'abord que je sois pété de thunes, lui dit Kame en sentant son cœur s'emballer dans son dos. C'est pour quand je serai un vieux sénile. J'veux pas finir vieux crouton dans une maison pour grabataire.
- J'pourrais... tu m'as fait une place ?
- Ouais. Juste une pièce où je pourrai t'enchaîner au lit, rigola-t-il.

Le brun se mit à rire aussi et glissa dans son oreille.

- T'es pas obligé d'attendre que je sois vieux pour m'enchaîner au lit.
- Non c'est vrai. Mais si tu demandes c'est pas drôle. T'imagines, j'peux faire ce que je veux de ton corps si je t'attache, susurra-t-il en tournant sa tête.
- Tu m'excites, lui dit-il en capturant brusquement ses lèvres.
- T'es... tout l'temps... en rut... ma parole, articula-t-il entre chaque morsure sur ses lèvres.
- C'est... toi... qui me fait... c't'effet.

Sa langue vint caresser la sienne avec envie et les couleurs de leur future maison passèrent au second plan.



Il s'était jamais senti aussi confiant dans son travail et il pouvait évoluer tout en apprenant encore plus sur le service. Maru l'avait félicité plus d'une fois pour son travail et il avait de grandes ambitions pour lui. Jin était sceptique. L'avenir c'était pas son truc pour le moment, il vivait au jour le jour avec Kazuya, ça lui allait comme ça et ça avait l'air de lui convenir aussi.
Il rentra le plus vite possible après son service parce qu'il avait discuté avec les cuisiniers et avait appris deux trois trucs qu'il voulait essayer. Alors quand il rentra, il se mit tout de suite à la cuisine.

Kazuya se trouvait con mais quand il était passé devant il l'avait commandé et aujourd'hui, il passait le prendre. Bon là, il se doutait qu'il allait flipper mais sur le coup, ça lui avait paru être une bonne idée. Tant pis, fallait qu'il assume ses élans amoureux que lui inspirait son mec, il pouvait pas aller contre non plus. Il rentra et entendit du bruit dans la cuisine suivit d'un verre brisé.

- Chier !

Il balança ses godasses dans l'entrée et courut jusqu'à la cuisine. Jin était penché sur un saladier qui s'était éparpillé sur le sol et dont le contenu s'était renversé à travers toute la cuisine.

- Aïe, se plaignit le brun en se coupant avec un morceau de verre.
- T'es con, ramasse avec un balai.
- J'vais pas foutre de la sauce plein le balai.
- Mais tu vas pas te couper à chaque fois.
- Non mais c'est bon, j'vais pas me couper à chaque fois. J'suis pas maladroit à ce point.
- Ben comment tu crois que tu l'as fait tomber.
- Je sais pas. Je réfléchissais à un truc et j'ai pas fait gaffe où je l'ai posé.
- Tu réfléchissais à quoi ?
- Maru m'a proposé de devenir chef de salle.
- Ben c'est bien non ?
- Ouais enfin...
- Tu vas pas flipper dès que tu fais un pas vers le futur. Faut que t'aies plus confiance en toi.
- Je sais, soupira-t-il.

C'était pas sa faute s'il y croyait pas. Il avait toujours eu ce problème de manque de confiance. Il laissa Kazuya l'aider et il finit de faire la cuisine. Malgré que ce qui avait été cuisiné était très bon, ils n'arrivèrent pas jusqu'au dessert. Jin avait toujours plus faim de sexe et de plaisir, que la nourriture était passé au second rang. Kazuya répondait à chaque fois parce qu'il avait peur que Jin aille voir ailleurs parce qu'il ne pouvait pas le satisfaire. C'était un cercle vicieux qui les conduisait nulle part.

Kazuya rigola fort quand Jin se mit à le chatouiller en lui en demandant encore. Il essayait d'échapper au brun mais celui-ci le tenait.

- Encore, encore, répéta-t-il contre son ventre.

Mais Kazuya continuait de rire sous sa torture et il aimait ce son. Malgré la froideur du sol de la cuisine, il voulait recommencer, que Kazuya le prenne encore. Il était dépendant de la sensation que cela lui procurait.

- Attends, stop ! Rigola-t-il. Je capitule.

Jin arrêta de le chatouiller et vint capturer ses lèvres avec envie. Il s'était allongé sur lui, il voulait raviver le désir le plus vite possible. Kazuya répondait favorablement à chaque caresse quand il stoppa.

- Attends, j'ai un truc pour toi.
- Après, lui dit-il en l'embrassant de nouveau.

Il sentait l'excitation de son partenaire revenir de nouveau alors Kazuya le ceintura de ses jambes et le bascula pour se retrouver à cheval sur ses hanches. Jin les attrapa, il pouvait lire dans ses yeux qu'il en mourrait aussi d'envie mais Kazuya s'appuya sur son torse et le fixa.

- Je veux vraiment te l'offrir maintenant, insista-t-il.
- Non mais moi maintenant, je suis excité, je veux baiser.
- T'attendras deux secondes, lui dit-il en attrapant son pantalon. De toute façon, t'es mon prisonnier, j't'ai bloqué.

Jin bougea malicieusement ses hanches et Kazuya émit un gémissement révélateur sur son état d'excitation.

- Arrête.
- T'en as autant envie que moi.
- Ouais mais moi je peux attendre, j'suis pas sans arrêt en rut.
- J'suis pas en rut, j'aime les bonnes choses.
- Moi je trouve que t'aimes trop ça. Limite, on le fait plus de deux fois par jour. On a une vie sexuelle hors norme.
- Parce qu'on est hors normes et qu'avec un mec bien gaulé, ça aide niveau imagination.
- Attends, tu penses à moi toute la journée ? S'étonna Kazuya.
- J'y pense toute la journée. T'occupes toutes mes pensées.
- T'es un gros pervers sadique qui pense qu'au sexe et je maintiens, tu dois être en période de rut.
- Si tu veux du moment qu'on remet ça.
- Attends, tiens.

Kazuya lui tendit une boîte et Jin la lui prit. Il était curieux d'un coup de savoir ce que ça pouvait être mais n'osait pas vraiment l'ouvrir. Il regarda Kazuya dans les yeux puis se décida. Il se redressa d'un coup en faisant tomber Kame de sur ses hanches et sortit la bague de l'écrin. Un dragon était gravé à l'extérieur alors que quelques lettres l'étaient à l'intérieur. Il redressa brusquement sa tête vers lui et chercha une explication dans son regard.

- Tu vas te barrer ?
- Quoi ? Non !
- Mais pourquoi... c'est...
- Jin, calme-toi. C'est juste un cadeau, essaya-t-il de le rassurer en le voyant paniquer.
- Mais... pourquoi... Ja, ça veut dire au revoir.
- Quoi ? Mais non ! Quoi ? Attends, c'est ça que tu lis ?
- «JA K²».
- Non mais... c'est nos initiales. T'es con.

Jin regarda de nouveaux l'anneau et eut un soupir de soulagement.

- «K² & JA».
- Ben ouais. Putain je savais bien que j'aurai dû le mettre dans l'autre sens. Donne.
- Quoi ? Non je la garde.
- Mais je la reprends pas, souffla-t-il désespéré.

Jin lui tendit et Kazuya prit sa main droite. Il enfila l'anneau à son index en souriant.

- C'est moi qui l'ait dessiné, lui annonça-t-il fièrement. J'ai regardé comment tu faisais.
- T'as appris juste en regardant ?
- Ouais.
- J'ai envie de toi, lui dit-il en le prenant dans ses bras. Tu veux pas qu'on aille dans le lit ? Le sol c'est trop gelé.

Kazuya rigola et l'embrassa. C'était peut-être bien un cap supplémentaire de passé.



- Kazuya ? T'es là ? Demanda Jin en arrivant.
- Bureau ! Répondit-il.

Jin courut jusqu'à la pièce.

- Faut que je te dise un truc.
- Tes godasses.
- Maru veut que je fasse un stage pour que je me perfectionne en tant que chef de salle. Ça dure trois jours. C'est à Okinawa.
- C'est quand ?
- Dans deux jours, tu viens ?
- Attends, non.
- Quoi non ?
- Je peux pas prendre de vacances, j'ai la présentation pour mon projet.
- Non mais tu peux pas décaler ?
- Ben non. Les clients viennent d'Europe.
- Merde.

Jin s'assit dans le couloir et retira ses chaussures qu'il balança dans le couloir. Ça l'arrangeait pas du tout ça. Il pouvait pas tenir trois jours entiers sans baiser. Il pouvait pas accepter de partir faire ce stage, il se sentait pas prêt à s'éloigner de Kazuya.

- Ben tu peux y aller quand même non ? T'as pas besoin de moi, essaya de se convaincre Kazuya. C'est que trois jours.
- Ben non. J'suis en pleine période de rut.

Kazuya se mit à rire et se leva pour rejoindre l'abruti assis dans le couloir devant sa porte.

- Je te fais confiance Jin.
- Mais moi, j'ai pas confiance en moi. J'en suis incapable.
- Jin, c'est que trois jours.

Le brun baissa les yeux. Il le sentait pas. Il préférait refuser maintenant que de faire une connerie. Il se détestait suffisamment, il voulait pas que Kazuya en fasse encore les frais. Il arrivait plus ou moins à se stabiliser, il voulait pas tenter le diable. Kazuya lui fournissait ce dont il avait besoin et tant que ça serait comme ça, tout irait bien. C'était pas la meilleure solution, il savait qu'il y avait un truc qui clochait avec lui mais il pouvait pas lui en parler. Il voulait pas l'inquiéter alors que tout allait bien.

- Jin. Laisse pas passer cette chance. C'est pour ta carrière. Tu peux pas laisser passer ça pour le cul.
- Non j'veux pas.
- Jin, faut que tu te ressaisisses. Notre vie, c'est pas que ça. T'as des ambitions aussi. On doit avancer tous les deux.
- Mais je sais que je vais pas tenir. J'y pense déjà toute la journée.
- Ben t'auras qu'à appliquer la méthode des célibataires. Te branler.
- Quoi ?! Ha non, ça je fais pas. J'préfère le contact.
- Je croyais que c'était une sale manie. Pis t'as qu'à te toucher. Tu m'imagines sur toi c'est tout.
- Arrêtes, tu m'excites rien que d'en parler.
- Putain Jin, faut vraiment que tu fasses une cure, lui sortit-il en retournant devant sa table pour continuer son dessin.
- Une cure de quoi ? Parce que je baise avec toi ?
- Parce que plus de deux fois par jour, je trouve ça beaucoup. J'veux bien que je suis un pervers obsédé mais toi t'es de pire en pire.
- T'as pas peur de pas suivre ? Se moqua Jin en se relevant pour entrer dans le bureau.
- Ha non ! Tu sors la chaudasse. Laisse tes hormones dehors, je bosse moi. J'ai le projet à présenter bientôt, se plaignit-il en sentant la bouche insatiable de son mec dévorer avec envie sa nuque. Putain, Jin, t'abuses. Déjà, ce matin, j'étais à la bourre. C'est juste pas possible... de continuer... putain... arrête, souffla-t-il.

Mais Jin ne s'arrêtait pas et il lui en fallait toujours plus alors il n'était pas allé à cette formation. Kazuya lui en avait voulu en répétant qu'il avait un problème mais il continuait à plaisanter sur le sujet et de toute façon, il le suivait.  

Hurt MeWhere stories live. Discover now