Chapitre 11- Différente, oui, mais à quel point ?

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- Debout l'endormie !

- Mmm, Maman ?

Je me redresse en baillant. Ce n'est pas mère qui se tient en face de moi, mais une jolie jeune femme aux cheveux noir ébène et aux yeux gris. L'espace d'un instant, le souvenir de ma mère étendue sur le sol de mon ancienne maison me serre la poitrine.

- Il est bientôt midi. Cela fait une semaine que tu campes dans ton lit... Je ne te laisserai pas moisir dedans une seconde de plus !

Je reconnais alors la fille qui arrachait les cheveux de sa tresse ce jour où tout a basculé, celle là même qui m'a crié de courir. J'observe la chambre dans laquelle je me trouve. Une semaine que je suis ici ? Vraiment ?

Un brouillard épais enveloppe le souvenir des jours précédents. Seul le visage de ma mère s'y accroche. Je réprime un haut le cœur.

- Tu avais peur, je murmure à l'intention de la fille.

- Comment ça ?

- Le jour où ils nous ont capturées, tu semblais terrifiée. Tu savais ce que tu étais, pas vrai ?

Elle me fixe un instant avant de répondre :

- J'avais peur, mais c'était avant de savoir de quoi il en retourne. On a tous nos raisons d'avoir accepté ce...

Elle s'arrête un instant, pensive avant de reprendre sur le même ton:

- ....marché. Tu viens ?

- Où ça ?

- Bin, je te fais visiter oui ou non ?

- Non, merci.

Je rabats le drap sur ma tête et tente de me rendormir dans l'espoir d'effacer de mes pensées l'image figée du corps étendu de ma mère, mais deux mains fermes envoient valser le linge à l'autre bout de la pièce. Je fixe, légèrement choquée, la jeune femme qui se tient droite face à moi. Ses mains plantées sur ses hanches et ses sourcils froncés me font comprendre qu'elle ne lâchera pas l'affaire.

- Tu me laisses m'habiller au moins ?

Elle hoche la tête et pointe du doigt une combinaison soigneusement pliée sur ma petite table de nuit. J'attache mes cheveux en chignon avant d'entamer quoi que ce soit d'autre. Je ne préfère même pas imaginer ce à quoi ils doivent ressembler sans avoir été peignés pendant une semaine. J'observe un moment celle qui partage ma chambre. Elle est grande et belle. Ses yeux gris lui confèrent un côté inhumain.

Pourtant, son visage inspire la sympathie. Elle se tient droite, les poings toujours appuyés sur ses hanches. Un vernis rouge-bordeaux orne parfaitement ses ongles, ni trop longs, ni trop courts. Son nez est fin et droit, et sa bouche est ronde, joliment dessinée.

Pourtant, elle n'a pas l'air de quelqu'un de doux. Quelque chose dans son attitude trahit un coté sauvage, inaccessible. Elle dégage une telle impression de force que j'en reste scotchée.

J'essaie de me lever, mais à peine suis-je debout que ma tête tourne et je manque de m'écrouler au sol. Ma colocataire me rattrape vivement et m'oblige à me rasseoir quelques secondes.

- Tu n'as rien avalé depuis trop longtemps. Tu dois être très faible...

Je n'entends pas vraiment ce qu'elle me raconte, trop occupée à me battre contre les dizaines de petites étoiles qui voilent mon regard de noir et qui cherche à m'entraîner vers la nuit avec elles.

La jeune femme me pose une petite fiole sur les lèvres et m'oblige à ingérer le contenu. Le liquide rougeâtre me brûle la gorge et je tousse plusieurs fois, croyant m'étouffer. Je me lève et court à travers la pièce. Réflexe inapproprié censé m'aider à reprendre mon souffle.

Ultra (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant