Chapitre 5- Hello darkness, my old friend...

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Je suis assise en tailleur sur mon lit observant les deux hommes de la Source postés devant mon cube. Green a insisté pour que je rentre chez moi, le temps de questionner ma mère sur mon passé. Il a finalement compris que je ne me souvenais guère de mon enfance. Ce qui l'a fortement intéressé et poussé à agir ainsi.

Je n'ai pas envie de lui obéir. Pourtant ses mots me hantent.

Au fond de toi, tu sais que tu es différente.

17h30, ma mère devrait rentrer de la bijouterie d'un instant à l'autre. Je sors dehors pour ne pas la rater. Quand elle pointe enfin le bout de son nez, les Hommes de science s'éclipsent même si je devine qu'ils ne sont pas bien loin.

– Tu étais où ? finit-elle par me lancer en m'étudiant de haut en bas.

Premiers mots adressés depuis plusieurs années. Je me rends compte qu'elle a remarqué mon absence de trois jours durant lesquels j'étais retenue à la Source. Elle ne l'avouera pas, mais pour qu'elle m'adresse la parole, elle devait être sacrément inquiète !

Peu importe mes réticences à son égard, je suis obligée de lui parler. J'imagine que s'il s'est déjà passé des choses étranges autour de moi, personne ne le saura mieux qu'elle.

Elle ne m'invite pas, mais je la suis tout de même à l'intérieur de son cube. Sans m'adresser un regard, elle s'assoit sur le canapé et active l'écran télévisionnaire, les jambes repliées dans une position fœtale. Je remarque seulement que ses yeux sont rougis. Elle a pleuré. Ma disparition inexpliquée l'a bouleversée plus que je ne l'aurais cru. Je chasse cette idée et tente de refouler la boule qui se forme dans ma gorge. Ce n'est pas le moment d'éprouver de la compassion pour elle.

En me voyant approcher, elle me regarde un instant avec étonnement puis se détourne de nouveau vers l'écran.

Je m'assois à coté d'elle à une distance respectable et laisse quelques minutes s'écouler. Je ne sais pas comment lui demander. J'inspecte son profil. Des rides se sont installées sur le coin de sa bouche. Je n'avais pas remarqué à quel point elle avait l'air fatiguée. Il faut que je sache, je me lance enfin :

– Je dois te poser une question

Pas de réponse.

– À propos de moi et de certains de mes souvenirs.

Toujours pas de réponse.

– Est-ce que je suis différente ? lui demandé-je d'une voix tremblante.

À présent, elle me fixe la bouche pincée et les sourcils froncés.

– Il faut que je sache. J'ai besoin de savoir s'il s'est déjà passé des choses étranges autour de moi.

Je tortille mes doigts nerveusement.

– Pourquoi cette question, Dahlia ? Je ne te suis pas très bien, lâche-t-elle dans un murmure presque imperceptible.

– J'ai envie de savoir.

Elle marmonne quelque chose d'inaudible, l'air effrayé et je saisis que mon pire cauchemar se déroule sous mes yeux. Je comprends que ce qui m'a d'abord paru impossible et que j'ai tenté de refouler par la suite est probablement vrai. Car au vu de son regard fuyant, elle me cache quelque chose. Ce qui implique qu'elle sait exactement de quoi je lui parle.

– Je sais, maman, que tu as compris ma question. Et j'exige que tu me répondes !

J'ai haussé le ton sur la fin de ma phrase. La colère monte doucement, me chauffant les joues.

– Mais... balbutie-t-elle. Pourquoi maintenant ? Que s'est-t-il passé ?

Elle semble affolée, mais je n'y prête pas attention.

– Réponds-moi ! crié-je

Elle pousse un long soupir, me dévisageant longuement. Puis comme si elle venait de prendre une décision, elle rejette les épaules en arrière et lâche cinq mots qui me clouent sur place. J'éprouve soudain de la difficulté à respirer.

– Oui, Dahlia. Tu es différente...

Ultra (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant