Chapitre 3- Vous avez dit mutant ?

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Tandis que nous émergeons de la forêt, j'observe les grandes tours de la ville se dresser fièrement dans le faux-ciel de la Sphère. Elles ressemblent à s'y méprendre à de grands cristaux taillés, semblables à ceux que l'on trouvait dans les cavernes.

Je ne sais pas vraiment dans quel matériau elles sont faites, mais toujours est-il que nos cubes sont bâtis dans le même. Je pense que c'est une matière vivante : les cristaux sont un organisme complexe qui puise son énergie dans la Source. Chaque Sphère possède la sienne.

Pour atteindre le centre de la ville, nous devons dans un premier temps passer par les rues commerçantes, puis traverser la jungle urbaine des tours. J'observe les alentours et remarque que toute la population de la ville converge en ce sens.

La plupart sont habillés de ces combinaisons en néoprène renforcé qui vous maintiennent en bonne santé et retardent la sentence finale. Inhibition du vieillissement cellulaire selon le jargon scientifique. Aujourd'hui, quand vous mourrez en moyenne à l'âge de cent-trente ans, vous en paraissez cinquante, soixante tout au plus. Une des nombreuses évolutions malsaines offertes par la science.

Tandis que nous avançons, j'aperçois la bijouterie de ma mère. Vide. J'imagine qu'elle est déjà sur la grande place. Les commerces sont organisés de la même manière que la tige d'une rose. Un tube central d'une trentaine de mètres maintient plusieurs sphères convexes, réparties en quinconce et distribuée par des ascenseurs permettant d'amener le voyageur dans le commerce de son choix.

Optimisation de l'espace, encore une fois.

Nous traversons la forêt métallique pour enfin slalomer parmi les tours. Elles sont immenses et lever la tête pour les contempler est la promesse d'une nausée imminente.

Je m'en abstiendrai pour cette fois. J'entends le brouhaha qui provient du centre. Quelques secondes plus tard, je vois la foule amassée au pied de la Source, si haute qu'elle semble frôler le point culminant de la Sphère. Comme si toute la bulle d'énergie composant Tre, naissait à ce croisement précis.

Les rassemblements sont assez rares dans la Sphère numéro 03 ; si bien que je suis toujours étonnée par le nombre d'habitants. Je remarque avec une moue amusée que la foule s'est naturellement organisée comme l'architecture de Tre. Cercles concentriques, pareil aux couches d'un oignon.

Hydor et moi, qui n'avons jamais respecté les règles, nous frayons un chemin parmi la foule. Ce n'est qu'une fois arrivés au premier rang que nous nous arrêtons, les sens aux aguets. Épiant le moindre mouvement anormal en provenance de l'entrée de la tour principal où un membre de l'Atrium ne tardera pas à sortir pour nous expliquer la raison de notre présence ici.

Et comme je le pensais, celui-ci se présente devant nous quelques instants plus tard. C'est un petit homme chauve au ventre proéminent, ce qui retient mon attention puisque plus personne n'est gros de nos jours. Chacun a le droit à son quota de nourriture par semaine. Pas un élément de plus. Il faut dire que produire des ressources dans un endroit aussi restreint prend du temps. Mais à la vue du double menton de l'homme, il faut croire que cela ne s'applique pas aux membres de l'Atrium.

J'observe sa combinaison en néoprène semblable à celle du peuple, à l'exception que la sienne le moule tellement qu'elle menace de craquer à tout moment. Spectacle écœurant. Une deuxième dissemblance se détache sur le noir du vêtement. Preuve que l'homme est un membre intégrant de l'Atrium : le dessin d'un phénix est gravé au niveau du cœur. L'animal aux teintes d'or et d'orange repose fièrement, donnant une impression de puissance et de grandeur. Sa bouche est grande ouverte dans un cri muet, mais que l'on devine triomphant et dominateur.

Ultra (sous contrat d'édition)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora