Chapitre 2- Expédition nocturne

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Hydor m'attend adossé à la paroi semi-réfléchissante de mon antre. De là où je suis, à l'intérieur, il m'est facile de l'apercevoir, en revanche, ce n'est pas réciproque. Ses cheveux blonds bouclés retombent devant ses yeux. Un groupe de filles, occupant un des cubes voisin, n'arrête pas de lui lancer des œillades en gloussant. Elles ont enlevé l'opacité de leur paroi, exprès pour qu'il soit capable de les observer.

Je lève les yeux au ciel, c'est pathétique. Mais c'est vrai qu'il est plutôt séduisant avec ses grands yeux bleus et son air cool. Dans une autre vie j'aurais sûrement compris leur engouement envers lui, j'imagine.

– Ouverture des portes, lancé-je d'une voix neutre.

Celle-ci se dématérialise instantanément et mon ami perd légèrement l'équilibre.

Quand il m'aperçoit, il ne semble pas m'en tenir rigueur. Son visage s'illumine et il s'élance vers moi de sa démarche légère avant de m'embrasser sur la joue sans que j'aie le temps de protester.

Voilà pourquoi Hydor est mon ami. Il prend la décision pour les autres et ne s'embarrasse pas de malaise inutile. Cela peut paraître intrusif, mais sans sa personnalité spontanée, nous ne serions rien l'un pour l'autre. Il ne m'a pas laissé le choix.

Le groupe de filles me foudroie du regard, ce qui me fait doucement sourire.

– Hey Dahlia, j'ai failli attendre, me lance-t-il, content de me voir.

Je grogne quelque chose d'inaudible et active le mode cuisine. Hydor entrechoque son épaule contre la mienne dans un mouvement fluide et doux tandis que nous entrons dans la pièce.

Je prépare du café... enfin ce que les scientifiques appellent café. Nous lui avons laissé le même dénominatif que l'ancienne boisson énergisante, car le liquide fumant possède la même couleur qu'à l'époque, mais la chose qui tourbillonne à présent dans ma tasse n'a plus rien de naturelle. Une synthèse d'une autre synthèse qui ne possède plus les mêmes propriétés qu'au départ. Un code génétique très éloignés de graines récoltées des caféiers originels.

– Allez, arrête de bouder, souris un peu ! Tu es nettement plus jolie quand tu souris, me taquine-t-il tout en me gratifiant d'un clin d'œil.

Hydor me domine de plusieurs têtes, il est mince et élancé. Dans le genre qui a grandi trop vite.

– Hydor tu es lourd, je ne suis pas d'humeur.

– Cauchemar ? s'inquiète-t-il.

J'acquiesce doucement, ce garçon sait tout de moi. On se connaît depuis mes cinq ans, depuis que ma mère et moi avons quitté Prisma pour nous installer à Tre. Je ne garde aucun souvenir de la Sphère 01. La plus belle de toutes les Sphères. Tout comme je ne me souviens en rien de mon père, cet homme qui nous a, en quelque sorte, forcé à déménager quand il a fui.

La famille d'Hydor habite dans un cube non loin du nôtre.

- Tu en as parlé a ton psy numéro neuf ? me questionne t-il.

– J'ai arrêté de le voir.

Il ouvre de grands yeux étonnés, avant d'arborer une expression désapprobatrice

– Dahlia, tu déconnes ! Il était bien celui-là !

Il a vraiment l'air furieux

– Il m'a dit que je revivais le départ de mon père toutes les nuits, m'indigné-je en agitant les mains dans tous les sens, c'est n'importe quoi !

Hydor ouvre la bouche, puis la referme, optant pour le silence. Il me connaît bien. Il finit par porter à sa bouche la tasse pleine du liquide chimique et noirâtre que je lui ai préparé et l'avale d'une traite. Je l'observe à la dérobée. Il n'a pas l'air à l'aise. Son aplomb naturel a même été remplacé par un comportement que je qualifierai d'hésitant.

Ultra (sous contrat d'édition)Where stories live. Discover now