Chapitre 7 : Le pouvoir des choses

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Complètement déroutée, Julia lui rendit un sourire hésitant.

- Moi, c'est Safia, continua la belle brune. La malpolie, là-bas, c'est Élise.

La rouquine pouffa de rire et détourna le regard vers la fenêtre à sa gauche.

- Si on continue les présentations, voici notre guitariste national : Tarik.

Safia donna un coup d'épaule complice à son voisin. Ce dernier sourit et salua Julia d'un signe de la main qu'elle lui rendit.

- Enfin, le timide à ta droite...

- Raphaël, devança le blond en s'adressant directement à Julia. Et je ne suis pas timide.

- Tiens, il a retrouvé sa langue ! s'exclama Élise, peut-être que tu vas pouvoir en profiter pour lui demander son prénom, cette fois !

Julia réprima un sourire devant l'air embarrassé de Raphaël. Elle se ressaisit mentalement.

- Julia. Je m'appelle Julia.

Raphaël lui adressa un sourire franc avant d'acquiescer.

- Enchantée Julia ! Tiens, prends ça !

Elle attrapa à la volée la trousse qu'Élise lui avait lancé.

- Qu'est-ce que... Qu'est-ce  que suis censée faire avec ça ? demanda-t-elle avec perplexité.

- La secouer !

Était-ce de l'ironie ? La réponse étaient venue avec une rapidité et une évidence qui déconcerta Julia plus qu'elle ne l'était déjà. Incertaine, elle lança un regard circulaire aux quatre amis. Tous souriaient avec sympathie. Julia jeta un coup d'œil à la boite en bois posée sur les genoux de Safia, aux deux stylos qu'Élise tenait dans chacune de ses mains et à la règle en fer que Raphaël agitait au dessus de la table. Lorsque Tarik se mit à jouer quelques accords de guitare et qu'ils commencèrent, chacun leur tour, à battre un rythme différent avec leurs instruments de fortune, Julia ne put contenir un rire incrédule. Sous les encouragements des quatre compères, elle se mit à agiter la trousse en rythme. Elle se sentit tout d'abord ridicule puis, lorsque Raphaël lâcha sa règle pour se servir de la table comme tam-tam, une incroyable et inespérée harmonie commença à se faire ressentir. C'est alors que la fabuleuse voix douce d'Élise termina de lier l'ensemble. Le groupe continua son improvisation sans voir défiler les minutes. Trois élèves avaient rejoint un à un la classe depuis et s'étaient assis en silence. Julia était parvenue à se détendre dans la bonne humeur ambiante quand une voix grave résonna dans la classe au point d'y plonger un silence de mort :

- Ehi ! Ehi ! Zitti, per carità ! (Hé ! Hé ! Silence, bon Dieu !) On vous entends jusqu'au premier étage, il y a des professeurs qui travaillent là-haut ! Descendez de ces chaises et rangez-moi cette guitare, je vous prie.

Les cinq adolescents soupirèrent et s'exécutèrent à contre cœur. M. Callini avança vers son bureau et croisa le regard noir de quelques-uns d'entre-eux, y compris celui de la jeune Delaunay. Il n'y prêta pas attention et sortit son manuel de son cartable.

- Il est lourd, murmura Raphaël à l'oreille de Julia.

La jeune fille acquiesça. Décidément, ce professeur était un véritable con. Élise continuait de maugréer au fond de la classe.

- Un commentaire, mademoiselle Faure ? demanda Callini d'un air lassé.

Il gardait le visage impassiblement concentré à tourner les pages de son manuel.

- Oui, je trouve ça dégueulasse ! Ce n'est que de la musique, et on était en récréation.

Callini se redressa et observa un instant la jeune rouquine avant de soupirer.

Parle-moi du bonheur (professeur-élève) - TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant