Chapitre XLIV

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PDV Hugo

Quand j'ai vu Amanda dans cet état, j'ai cru que j'allais m'effondrer. J'avais eu l'impression de perdre ma sœur une fois de plus. J'avais les larmes aux yeux mais je m'interdisais de pleurer, Amanda n'était pas morte! La directrice m'expliqua qu'elle n'avait aucune idée de comment la faire sortir de cette sorte de "coma" mais le mot qu'elle employa me fit penser à ce que me disait ma mère quand j'étais avec elle à l'hôpital et que je l'aidais à s'occuper de ses patients dans le coma. Elle me disait tout le temps que la seule chose qui les faisait réagir était l'électricité. J'eus donc l'idée d'utiliser la foudre qui m'animait comme défibrillateur sur les filles mais il y avait trop de risques pour que je le face sur Calixte: la moindre erreur de voltage pourrait la tuer alors qu'Amanda était beaucoup plus résistante. J'exposai mon plan à Suzie qui hésita quelques instants avant d'acquiescer et de me donner son feu vert. Je me plaçai au dessus d'Amanda et posai les mains sur son cœur. Je la regardais, elle était là, étendue par terre presque sans vie, seule sa respiration saccadée et ses yeux qui roulaient sous ses paupières indiquaient qu'elle n'était pas morte. En posant mon regard sur le visage de Calixte, j'aperçus quelques choses d'étrange: des files noirs paraissant visqueux ne cessaient de rouler autour du poignet d'Amanda comme des serpents pour éclairer le front de Calixte d'une couleur sombre. Interloqué, je regardai autour de moi et me rendis compte que toutes les personnes présentes s'étaient éloignées d'un pas et avaient formé un cercle autour de nous. Avaient-ils vu ce qui émanait du poignet d'Amanda et du front de Calixte? Je reportai mon attention sur les filles, je n'avais plus le temps et même si les fils noirs m'effrayaient, je devais en faire abstraction pour agir très vite et d'un coup sinon je risquais de tuer l'humaine. Je me concentrai, respirant lentement et essayai de m'adapter au rythme faible du pouls d'Amanda. Ça me semblait tellement bizarre, je n'avais jamais fait une chose pareille. J'enlevai mes mains de sa poitrine et attendis que de petits arcs électriques se formes dans mes paumes. Sans plus réfléchir, je les plaçai à l'endroit voulu et fis passer le courant dans tout le corps d'Amanda; ses muscles se contractèrent un bref instant puis elle redevint molle. Je rechargeai mes mains et tentai de nouveau: toujours rien mais cette fois, je sentais les battements dans ses veines ralentir. Je me rechargeai de nouveau en sachant qu'il s'agissait de mon dernière essai. Je doublai le voltage et le fis parcourir son corps. Il ne se passa rien pendant quelques secondes qui me paressèrent interminables et alors que je tournais la tête pour voir qui s'accrochait à mon épaule, je vis du coin de l'œil les deux filles se redresser soudainement et Amanda prendre une grande respiration. Tout à coup, quelque chose d'encore plus étrange que les fils noirs se passa. Lorsque Amanda ouvrit les yeux et enleva sa main de son amie, les fils noirs se transformèrent en une boule compacte et sombre qui éclaira la pièce. La boule tourna sur elle-même et apparut alors un long et large serpent noir qui plongea sur le corps redressé de Calixte. Le serpent glissa sur sa poitrine, s'enroula autour de son cou pour venir serpenter au milieu de ses omoplates. Effrayé mais curieux, je contournai la civière pour voir que le reptile s'était mêlé à son tatouage: un œil remplaçant l'iris, devenant le célèbre serpent qui se mordait la queue, l'Ouroboros. Soudain, Calixte ouvrit les yeux et inspira profondément et bruyamment comme si elle était restée en apnée jusque là. Amanda resta sans bouger, à me fixer comme tétanisée alors que Calixte avait les yeux injectés de sang et le regard dans le vide. Les discussions fusèrent, tout le monde était sans doute en train de se poser des milliards de questions sur ce qu'il venait de se passer et d'après l'air perplexe et étourdi qu'arborait la directrice, elle faisait partie de ces gens-là. Je me rapprochai d'Amanda et la pris dans mes bras. Une vague de soulagement m'avait envahie, elles allaient bien, je ne les avais pas tuées. Je l'étreignai plus fort et lui chuchotai à l'oreille que tout irait bien. Je m'aperçus vite qu'elles semblaient toutes les deux en état de choc, Amanda tremblait comme une feuille et Calixte se balançait d'avant en arrière convulsivement alors que Dan la tenait fermement dans ses bras.
Après un long moment, je pris Amanda par les épaules et l'aidai à se relever. Dan en fit de même et je m'aperçus qu'autour de nous, personne n'avait bougé. Tout le monde jetait des regards anxieux et méfiants en direction de Calixte qui ne semblait pas encore réellement parmi nous. Je tirai Amanda par la main pour l'amener à l'infirmerie mais alors que nous passions à travers la masse de gens agglutinés, une main attrapa le poignet d'Amanda et elle pila net. Elle me lâcha et s'approcha lentement de la personne qui n'était autre que son petit-ami. Alec la prit dans ses bras, arborant la même expression soulagée que moi et elle sembla lui rendre son étreinte. Pour leur laisser un peu d'intimité, je décidai de rejoindre Dan pour l'aider car ce dernier semblait avoir du mal à ramener Calixte avec nous, son regard était encore perdu dans le lointain et elle semblait vouloir dire quelque chose mais rien ne sortait de sa bouche. Je pris Calixte par l'autre bras afin de l'emmener se faire soigner. L'infirmière nous suivit et nous indiqua une chambre libre. Nous aidâmes alors Calixte à s'asseoir, elle se laissa faire et se coucha sur le lit. J'allais m'en aller quand elle m'attrapa brusquement le poignet et le tira vers elle. Dan, surpris, ouvrit de grands yeux tandis que je serrai les dents car Calixte était en train de me compresser le bras. Soudainement, elle amarra son regard au mien et je vis au fond de ses yeux verts une expression étrange qui me fit frissonner. Elle ouvrit la bouche et une voix qui ne semblait pas être la sienne retentit dans le silence qui s'était installé dans la chambre de l'infirmerie.
- Je suis la Nuntius Mortis de ce monde, je suis la Messagère de la Mort et quelque chose de terrible va se passer.

La Guerre du pouvoir, TOME I: Troublantes révélations [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant