La Guerre du pouvoir, TOME I: Troublantes révélations [TERMINÉ]

Chapitre XX

   Plusieurs jours étaient passés sans rêves étranges ou quoi que ce soit de bizarre et les cours s'étaient déroulés à merveille. Aujourd'hui, nous étions le jour du bal et Ornelia et Mirabelle avait bien l'intention de me faire belle pour Alec.
   - Mais si! Tu vas voir ça va être génial!
   - Tu parles... Je ne sais même pas danser.
   Elles arrêtèrent brusquement ce qu'elles étaient en train de faire et écarquillèrent les yeux, surprises et étonnées, je pense.
   - Tu ne sais pas danser?
   - Non... répondis-je gênée.
   - Pourquoi tu nous l'as pas dit avant? demanda Ornelia.
   - Je ne sais pas... Peut-être parce que j'étais gênée! rétorquai-je.
   - De toute façon, Alec sait danser. Tu suivras ses pas, me fit remarquer Mirabelle.
   Elles avaient sorti un tas de robes et de chaussures sur mon lit afin de choisir les plus belles. Ornelia avait choisi une robe orangée avec des diamants sur le col et des chaussures blanches, Mirabelle avait pris une robe courte violine et un collier en perle noire de même que ses chaussures et moi... rien pour l'instant. Elles étaient tellement excitées que ça m'en donnait la nausée, je n'étais pas trop fête et voilà que j'allai en faire une.
   - Alors? Tu as choisi laquelle?
   - Oh, j'en sais rien. Choisissez pour moi, répondis-je assise à mon bureau en feuilletant les pages du livre que j'avais pris à mon père. Il fait pas un peu chaud?
   - Arrête de changer de sujet, Amanda...
   - Allez une courte ou une longue?
   - Courte, dis-je au pif.
   - Fushia ou rose pâle?
   - Rose pâle?
   - Essaye-celle-là, me proposa Mirabelle en me tendant la robe.
   Je marmonnai en l'enfilant.
   - Whaou! s'exclama Ornelia.
   C'est vrai qu'elle m'allait à ravir, elle épousait mes formes à la perfection mais elle n'était pas trop moulante. Les chaussures n'étaient pas trop hautes et ne grandissaient pas trop mon mètre soixante-sept.
   - Adjugez, Vendu!
   - Tu vois ce n'était pas trop difficile. Maintenant maquillage! dirent-elles d'un ton enjoué.
   - Pourquoi mon maquillage ne va pas?
   - C'est à dire que c'est trop sombre...
   Je les laissai faire et attendis le résultat.
   - Fini! s'exclama Mirabelle.
   - Voyons voir, dit Ornelia impatiente.
   Je me regardai dans le miroir: la façon dont elle m'avait maquillée illuminait d'une certaine façon mon visage, le rouge à lèvres rose qu'elle m'avait mis était simple et élégant. J'étais contente de ce que ça avait donné. Pour ma coiffure, elle m'avait laissé les cheveux détachés mais une tresse commençait au milieu de mon crâne et descendait en "S" jusqu'aux pointes. Trois roses de même couleur que ma robe étaient mises à chaque extrémité de ma tresse. 
   - Tu es magnifique!

   Deux heures plus tard, nous étions toutes les trois prêtes à aller au bal. Un peu nerveuse, je triturais mon bracelet que j'avais gardé malgré la désapprobation d'Ornelia. Alec, Clark et Martin nous attendaient en haut de l'escalier de notre aile. Habillés d'un costume noir chacun, ils étaient charmants. Alec fut bouche-bée en me voyant ce qui me fit rougir, alors je baissai la tête, regardant le sol. Il me prit la main et y déposa un baiser, je relevai la tête et lui souris.
   - Tu es superbe.
   - Toi de même, dis-je en imitant l'attitude d'une reine. Relève-toi, je n'aime pas être supérieure.
   Il éclata de rire puis nous descendîmes tous les six. La salle était remplie d'autant de personnes qu'elle pouvait contenir et magnifiquement décorée: quelques tables du réfectoire délimitaient la piste de danse et s'étendaient jusqu'à cinq centimètres de la sortie. Une belle soirée s'annonçait cependant l'apparition d'Ambre en bas des escaliers changea tout. Suivie de sa bande d'esclaves, elle était beaucoup plus gracieuse et séduisante que moi, je l'admets.
   - Tu es charmant, Darling, dit-elle avec son accent américain.
   - Toi aussi Ambre, répondit-il se sentant obligé de donner une réponse.
   - Je te l'empreinte.
   Je n'eus pas le temps de réagir qu'elle partait déjà avec Alec aux bras plus agacé que moi. Jalouse et en colère, je restai avec Ornelia et Clark car Mirabelle et Martin dansaient déjà.
   - Quelle salope! s'exclama Ornelia.
   - Ça fait longtemps qu'on le sait, renchérit Clark.
   - Elle aurait pu se trouver un cavalier!
   - De toutes façons, elle fait toujours ça à celles qui vont au bal avec Alec.
   - Parce qu'il y est allé avec plusieurs filles différentes!
   - Ce n'est pas ce que je voulais dire, rétorqua-t-il honteux.
    Ne voulant danser sans mon cavalier, j'allai m'asseoir à une table à proximité de la rouquine et d'Alec. Celle-ci lui chuchotait à l'oreille mais il n'en avait rien à faire et regardait dans le vide alors elle commença à poser ses mains sur son torse tout en se mordillant la lèvre inférieure. Malgré ma rage qui ne cessait d'augmenter à mesure qu'elle se rapprochait, je réussis à garder mon calme en respirant profondément même si l'air sentait l'alcool à plein nez et la transpiration. Je remarquai Alec qui la repoussait tout en continuant de danser. Cette dernière le remarqua puis me regarda de son regard le plus froid. Je vis une lueur orangée traversée ses pupilles une fraction de seconde puis elle disparut aussi rapidement qu'elle était apparue. Fière de me rendre jalouse, elle continua son manège et embrassa Alec fougueusement. Alec plus étonné que moi ne put s'écarter. Je restai plantée là sans bouger. Après qu'elle l'eut embrassé, elle me regarda un sourire narquois sur son visage et fière d'elle, repartit vers sa bande. Quant à lui, ayant peur que je ne le pris mal (ce qui était le cas) il se dépêcha de revenir vers moi et de me dire:
   - Ce n'est pas ce que tu crois!
   - Je sais... J'étais là, répondis-je encore un peu sonnée par la scène.
    Il s'empourpra et regarda dans le vide, gêné puis se retourna. Ne voulant causer une gêne énorme, je me dirigeai vers les portes et sortit. Peut-être que je l'aimais plus que je ne le pensais et que, au fond de moi, j'étais bléssée...