Chapitre 1, partie A : Catherine Clark

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- Mademoiselle Clark ?
- euh... Oui ?
- Restez avec nous, ne vous envolez pas vers la lune !
Le professeur gloussa seul, sous les regards interrogateurs de ses élèves. L'étudiante qu'il avait gentiment rappelé à l'ordre se retourna vers une jeune femme aux cheveux blonds en faisant une grimace. Un petit bout de papier atterrit en plein milieu de ses feuilles, elle le déplia en souriant, sachant déjà de qui il était.
On se voit après les cours ?
Elle s'empara de son stylo, se mordit la lèvre et griffonna quelques mots.
Non, je vais courir, sorry. Une autre fois.
Et elle relança le papier avant de sourire en voyant la mine décomposée de son petit ami.

Après être rentrée chez elle, comme son père était toujours au travail, elle s'en alla faire un footing dans son quartier en écoutant Ride de Twenty One Pilotes.
Wo-ou-wo-ou
I'm falling so I'm taking my time on my ri-i-i-ide
La vie de Catherine Clark semblait parfaite, une fille bien intégrée à l'université, avec de chouettes ami(e)s, un petit ami sportif, un père aimant... La seule chose qui lui manquait, c'était une mère. Son corps avait été retrouvée dans sa voiture, au fond d'un lac. Les policiers en avaient conclu à une perte de contrôle du véhicule. Catherine avait quinze ans a ce moment là, elle commençait à décrocher dans ses études, elle restait des heures enfermée dans sa petite maison de Londres à regarder des photos et des videos de sa vie heureuse d'avant. Après un an de dépression, son père, tout aussi affecté, fit tout pour avoir une promotion dans son travail et donc une mutation à la Nouvelle Orléans, aux États Unis. La seule famille qu'il leur restait était en Italie.
Sinon, effectivement, sa vie était parfaite. Catherine avait enfin remonté la pente, la Nouvelle Orléans lui plaisait, c'était une ville en pleine expansion mais le plus fascinant c'était ses légendes. Fantômes et sorcières hantaient les cimetières, la ville aurait été construite par des vampires, les alentours seraient gardés par des hommes mi-loups... Mais rien n'était réel, c'était juste pour effrayer et amuser les enfants, du moins c'était ce que pensait Catherine, même si elle le savait, chaque histoire avait son compte de vérité.
Après son footing, une fois à la maison, elle prit une douche bien chaude pour réchauffer son corps tout entier, les températures commençaient à tomber dû à l'approche de l'hiver. Pendant qu'elle révisait dans sa chambre, son père rentra dans la maison en claquant la porte, ce n'était pas une chose habituelle puisque son père était d'un tempérament calme alors Catherine descendit les escaliers sur la pointe des pieds pour voir ce qu'il faisait. Il s'était affalé sur une chaise, la tête dans les mains en soufflant.
- Dur journée ? demanda Catherine en lui servant un verre d'eau.
Son père leva ses tristes yeux vers elle :
- Mon patron m'envoie à New-York pendant toutes les vacances de Noël, je suis soi-disant le seul qui pourrait redressé la boite au siège principal...
Catherine essaya de cacher sa déception, elle n'avait jamais passé un seul Noël sans son père.
- Si c'est l'unique moyen pour que tu ne perdes pas ton travail, fais le. On se rattrapera quand tu rentreras.
Elle embrassa son père sur le front. Ayant tous les deux la flemme de préparer à manger, ils commandèrent des pizzas. Catherine connaissait le livreur qui les apporta, c'était un asiatique étant dans la même classe d'étude qu'elle.
Le reste de la soirée passa rapidement, les Clark avaient regardé trois épisodes de The Walking Dead avant d'aller se coucher. Catherine s'était jetée sous sa couette en serrant une peluche fort contre elle. Quoi, c'est pas parce qu'on a 22 ans qu'on ne peut plus avoir de peluches ! Elle ne sait pas pourquoi, mais ses pensées divaguèrent vers une nouvelle élève française de l'université qui s'appelait Morgane, c'était une fille discrète dont on entendait pratiquement pas parler mais Catherine et son groupe d'amis ne l'appréciaient pas beaucoup, c'était le genre de fille à problème. Même si ça devait être dur d'être loin de chez soi, dans un pays totalement inconnu, sans aucun repère.
Le sommeil vint la prendre rapidement par la suite.

Le lendemain matin, Catherine se regarda une dernière fois dans le miroir avant de partir. Sa chemise blanche aux contours grossier noirs était bien ajustée, son jean noir sans aucun pli, ses chaussures à talons toutes propres. Ses cheveux bruns clairs tombaient en cascade sur les deux côtés de son visage, ses cils noirs donnaient de l'éclat à ses yeux verts. Elle s'empara de ses clés de voiture, de son sac à main, claqua la porte d'entrée et fila dans la voiture avant de démarrer à toute vitesse, la radio donnant les dernières informations.
"Un jeune homme a été retrouvé sauvagement assassiné dans une rue du quartier français, la gorge tranchée"
- Que c'est joyeux, murmura Catherine pour elle-même en se garant devant l'université bondée de monde.
Elle rejoignit sa meilleure amie aux cheveux blonds, une pom-pom girl : Emilie ; ainsi que son petit ami qu'elle embrassa rapidement sur les lèvres.
- J'ai la maison pour moi toute seule pendant les vacances, tu viendras ? ronronna-t-elle.
- On part toute une semaine avec l'équipe de foot, s'excusa Jake. Je viendrai après.
- Ça me va, lâcha Catherine avant d'entraîner sa bande d'amis vers l'amphithéâtre où ils avaient cours.
La jeune femme se plaça entre Emilie et Jessica, une autre pom-pom girl aux cheveux châtains et aux yeux gris. Le professeur d'histoire entra avec sa petite mallette, les lunettes tombantes sur le nez et les cheveux poivrés bouclant sur les tempes. Il tapa deux fois sur la table pour instaurer le silence. Catherine et ses amies qui étaient au premier rang, le plus bas, se turent.
- J'ai eu une merveilleuse idée la nuit dernière, commença le professeur.
- Comme celle où... commença à glousser Émilie.
- Mademoiselle Stewart, taisez vous, dit-il sans la laisser finir sa phrase. Je disais donc, nous enfin vous allez écrire des exposés sur un thème que je vous aurai donné tout en le déclinant de la manière que vous voulez. Vous passerez le dernier jour avant les vacances, c'est-à-dire dans trois semaines. Bien sur, vous ne serez pas seul !
Une exclamation de joie souleva les étudiants mais le professeur affichait un sourire sadique.
- Duo que je me suis fait un plaisir de constituer. Heureusement pour vous, vous étiez de nombres pairs.

Et là, une vague de révolution déferla dans l'amphithéâtre.
- Commençons, Stewart et Johnson sur le Cinéma à la Nouvelle Orléans...
Catherine ne s'intéressa plus à ce que disait le professeur jusqu'à ce qu'il prononce son nom :
- Clark et Shield, vous aurez le plaisir de nous faire l'histoire de la Nouvelle Orléans.
Catherine eut une expression de surprise, elle se tourna instinctivement vers la jeune fille aux cheveux foncés avec qui elle devait travailler. Comment avait-elle trouvé la place de sa nouvelle collègue dans cette géante salle de classe ? C'était un mystère. Pourtant, maintenant, elle allait devoir travailler avec Morgane, celle avec qui elle s'entendait le moins au monde.

Spirits of The New OrleansHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin