Chapitre 88 EMMA

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Je me réveille en sursaut, haletante, j'allume la lumière de ma chambre, ma main sur ma poitrine je tente de me calmer, la sueur perle autour de mon cou. C'était encore ce cauchemar ! Je tente de reprendre mon souffle en inspirant et en expirant lentement, tout va bien, tout va bien, ce n'était qu'un cauchemar.
Je jette un œil au radioréveil il est vingt heure trente.
Je rejette la couette et observe mes jambes, elles portent encore quelques ecchymoses. Je les touche du bout des doigts certaines sont encore douloureuses et d'autres ne me font plus mal. Bientôt elles disparaitront.
Je sors du lit et vais dans la cuisine, je prends une bouteille d'eau dans le réfrigérateur et boit. Je regagne le salon et m'assois sur le canapé.
Mon portable clignote sur la table basse, les pompiers l'on retrouvé intact dans ma voiture si seulement j'avais eu autant de chance que lui.
J'ai un message je l'écoute.
« Emma, c'est maman, est-ce que tu as diné ma chérie ? Comment te sens-tu ? Rappelle-moi ! Je t'aime »
Je soupire, j'efface son message et lui envoie un sms.
Moi : Maman oui j'ai diné ! j'ai fait une petite sieste et je vais bien ! Je t'appellerais demain ! bonne soirée.
Ma mère me répond dans la minute.
Elle : Très bien, je t'aime ma fille, bonne soirée et à demain.
Moi : Je t'aime aussi, à demain.

J'attrape la télécommande et allume la télé. Je zappe, qu'est-ce que je pourrais regarder pour me changer les idées ? Je continue de zapper...Il y a plus de cinq cent chaines et aucune n'est fichue d'avoir un programme digne de ce nom ! J'éteins et jette la télécommande si violement sur le canapé qu'elle tombe par terre.
Je me lève et me mets à marcher dans mon salon. Pourquoi est-ce que je ne vais pas mieux ? Je suis chez moi ! C'est là que je voulais être alors pourquoi est-ce que je ressens cette sensation de vide.
Je sors et marche dans le couloir j'aperçois mon reflet dans le miroir de mon entrée, je baisse les yeux et marche jusqu'à la salle de bain. Je me déshabille fébrilement, une fois nue je fais couler l'eau chaude. Je tiens le pommeau de douche dans ma main droite sans faire le moindre geste, j'attends quelques secondes, puis une minute, l'eau coule dans le vide, je reste là immobile, les minutes s'écoulent et l'eau coule toujours. Il y a de la buée sur les parois vitrées, et moi je reste là debout incapable de faire le moindre geste, le regard perdu dans le vide, le pommeau de douche me glisse des mains, il tombe à mes pieds en faisant du bruit et en m'éclaboussant au passage. Je m'assieds et colle mon dos contre la paroi embuée, les larmes coulent sur mon visage, il est parti, il est parti ! Il aurait dû rester et me supplier encore de lui pardonner tout le mal qu'il m'a fait, mais non il a préféré partir ! Il est retourné chez lui à Londres ! Il est si loin de moi à présent. Pas un sms, pas un appel pour prendre de mes nouvelles, non rien ! j'essuie les larmes qui inondent mon visage, je tremble.
Je me relève, je prends une douche en évitant de mouiller mon plâtre, mais j'ai été maladroite, il est légèrement mouillé. Je coupe l'eau, je sors et enfile mon peignoir de bain, je me sèche les cheveux et éponge mon plâtre.
Je quitte la salle de bain et marche jusqu'à mon entrée je me tourne vers le miroir, je retire la serviette de mes cheveux et observe mon reflet.
Les cernes creusent mes yeux gonflés et j'ai l'air si fatiguée.
Tout dans cet appartement me fait penser à lui, mon salon, ma chambre, ma salle de bain, ça fait si mal de savoir qu'il ne sera plus jamais là avec moi. Je m'approche du miroir, je ferme les yeux en tenant fermement la serviette de ma main droite.
Je veux me souvenir de son sourire et de ses rires, de ses baisers, de sa fossette, de sa chaleur, de son parfum, de ses mains autour de ma taille, de ses yeux bleus qui se plissaient lorsqu'il me regardait, de cette façon qu'il avait de porter sa cigarette à sa bouche et d'en aspirer des volutes de fumée.
Je me suis attachée à lui en si peu de temps... J'ai l'impression qu'il m'est devenu indispensable...
J'ouvre les yeux doucement, les larmes coulent encore sans que je puisse les contrôler, son visage apparaît dans le miroir, je déglutis, il est là, il est tout près de moi, je lâche la serviette et tente de le toucher mais dès que je pose ma main contre le miroir il disparaît, je cligne des yeux, non il n'est pas là, je suis toute seule dans mon appartement, je suis seule... Je suis si seule. Je me mets à cogner de ma main droite contre la glace en criant et en pleurant toute ma douleur.
— Pourquoi est-ce que tu m'as fait ça ? Tu disais m'aimer ! Tu disais m'aimer ! Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu m'as fait ça ?
Mes cheveux mouillés se collent à mon visage baigné de larmes, je les écarte de ma main tremblante je me tourne et m'assois par terre dos contre le miroir, j'ai mal à ma main à force d'avoir cogné. Je prends la serviette près de moi et essuie mes larmes.
J'attends là assise par terre, qu'est-ce qu'il faut faire pour que cette douleur s'en aille, comment se remet-on après ça, comment ? Il faut que j'arrive à me sortir de cette spirale infernale, mais comment ? Comment ? Personne n'a le droit de souffrir autant c'est inhumain !
Je plis la serviette en quatre et la pose près de moi, je m'allonge sur le sol et pose ma tête dessus je ferme les yeux, je suis fatiguée, je suis si fatiguée, je voudrais dormir, je voudrais dormir longtemps, je voudrais ne plus me réveiller, il n'y aurait plus de douleur alors... J'ouvre les yeux tout à coup ! C'est bien moi qui vient d'avoir une idée aussi horrible ! Je n'ai pas pensé ça ? Je secoue la tête. Je ne peux pas laisser mes idées noires prendre le contrôle de ma vie. Non Emma tu n'as pas le droit ! Mes paupières sont lourdes, elles sont si lourdes...je veux dormir... dormir... seulement dormir...

Pour lui... Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant