Chapitre 87 EMMA

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CHICAGO

— Inspirez profondément, dit le docteur Cordell en posant le pavillon du stéthoscope sur ma poitrine.
Je remplis mes paumons d'air et expire à nouveau.
— Bien ! C'est parfait !
Il retire l'appareil de ses oreilles et le donne à Tracy, il récupère le bloc-notes sur la table et griffonne quelques commentaires, je remets mon pull.
— Est-ce que vous avez encore des maux de tête ?
— Non docteur.
— Votre poignet gauche ? est-ce que vous avez mal ?
— Non.
— Bien ! Des bruits de couloir sont venus jusqu'à moi Mademoiselle Miller.
— Quels bruits de couloir ?
— Que vous vous impatientez, vous avez hâte de rentrer chez vous.
— Docteur les journées sont longues, ça fait cinq jours que je suis ici, je vais mieux...j'ai vraiment envie de rentrer chez moi.
— J'ai croisé vos parents dans la salle d'attente, ils m'ont demandé si j'acceptais de vous laisser sortir aujourd'hui, ils ont l'air d'être aussi impatients que vous on dirait.
— Vous aller accepter ?
— Eh bien nous venons de faire un examen approfondi, de mon côté tout est en ordre, donc je ne vois aucune raison de vous garder ici plus longtemps.
Je laisse échapper un long soupir de soulagement.
— Oh merci infiniment !
— Tracy vous avez l'ordonnance ? dit le docteur Cordell.
— Oui elle est ici, répond Tracy en la lui donnant.
Le docteur la parcoure des yeux et me la tend.
— Je vous ai prescrit une crème pour vos blessures à appliquer le soir avant de dormir et des analgésiques si jamais les maux de tête reviennent.
— D'accord.
Je la range dans mon sac.
— N'oubliez pas que vous ne devez pas vous servir de votre main gauche.
— Oui je vais éviter.
— Tracy est-ce que vous pouvez nous laisser un instant seul, j'aimerais m'entretenir avec mademoiselle Miller ?
— Bien sûr, dit Tracy.
Elle marche jusqu'à la porte et sort.
— Il y a un problème docteur ?
— Non, pas tout à fait.
— Alors qu'est-ce qu'il y a, dis-je d'une voix calme.
— J'aimerais vous parler d'une petite chose.
Je m'assois sur le lit.
— Oui.
Il s'assoit sur le fauteuil face à moi.
— Mademoiselle Miller je sais que je me répète encore mais vous avez eu beaucoup de chance, votre accident aurait pu être fatal.
— Oui je sais, je dois sans doute avoir une bonne étoile qui veille sur moi.
— Oui on va dire ça. Tracy m'a dit que vous aviez refusé de parler avec une des psychologues de l'hôpital pourquoi ?
— Parce que ce n'est pas nécessaire, je n'en ai pas besoin.
— D'accord... Vous savez que l'hôpital a mis à disposition de ses patients une aide psychologique afin de leur apporter toute l'assistance dont ils pourraient avoir besoin, notamment dans le cas d'un accident de la route par exemple. Ce service a prouvé son efficacité à maintes reprises, nous mettons tout en œuvre pour accompagner nos patients afin de les aider à reprendre une vie normale après ce genre de mésaventure.
— Oui je n'en doute pas.
— Mademoiselle Miller vous avez perdu un bébé est-ce que vous êtes sûr de ne pas vouloir en parler à une de mes consœurs ?
— Je suis sûre de moi docteur, je ne souhaite pas en parler.
— Bien, si vous êtes sûr de vous, c'est votre choix et nous le respectons.
— Docteur je vais bien et tout ce que je veux c'est quitter cet endroit.
— Ah ça oui je l'ai bien enregistré et vous allez pouvoir partir dans quelques minutes, dit-il en souriant.
Je me relève.
—Attendez encore un petit instant, ce n'est pas fini.
Je m'assois à nouveau sur le bord du lit.
— J'imagine que vous n'avez pas prévu de conduire prochainement ?
— Euh... eh bien non... je n'ai pas vraiment réfléchi à ça...je n'ai plus de voiture.
— Je ne parlais pas tout à fait de ça, en fait ce que je veux vous dire c'est qu'après un accident de la route, certaines personnes ne touchent plus à un volant, d'autres prennent sur eux et se remettent en selle rapidement, enfin tout dépend de la gravité de l'accident dont ces personnes ont été victimes.
Je déglutis.
— Pour être parfaitement honnête avec vous docteur, je n'ai pas très envie de toucher à un volant... enfin pas avant un long moment.
— C'est tout à fait normal ! Nous ne réagissons pas tous de la même manière face à certaines difficultés. Vos parents vont vous ramener dans quelques minutes et ça sera peut-être très difficile pour vous de remonter dans une voiture. Un coup de frein, un bruit de klaxon, suffiront à vous effrayer et à vous rendre nerveuse, vous pouvez même vous mettre à paniquer. Il faudra être patiente, vous allez avoir besoin de temps pour retrouver cette confiance que vous aviez avant l'accident, donc donnez-vous du temps.
Je hoche la tête.
— C'est aussi pour ça que nos psychologues sont là mademoiselle Miller, pour vous aider et vous apporter toute l'aide nécessaire dont vous pourriez avoir besoin.
— Oui je vais y réfléchir.
Il me tend une petite carte que je saisis.
— J'y ai noté le numéro de ma consœur au cas où vous souhaiteriez parler.
— D'accord je l'appellerais en cas de besoin.
Je range la carte dans mon sac, le docteur se lève.
— Tracy vous rappellera pour vous donner une date afin que l'on puisse vous retirer votre plâtre.
— D'accord.
— Je n'ai plus qu'à vous souhaiter un bon retour chez vous mademoiselle Miller.
— Merci beaucoup docteur.
Le docteur Cordell quitte ma chambre et Tracy revient quelques secondes plus tard.
— ça y est Tracy je peux rentrer chez moi ! dis-je en souriant.
— Oui c'est ce que j'ai cru comprendre, on a bien fait de ranger toutes vos affaires !
— Merci de m'avoir aidé.
Tracy me prend dans ses bras.
— Vous allez me manquer !
— A moi aussi Tracy, j'espère que vous ne m'en voulez pas trop, je sais que j'ai été pénible par moment.
— Par moment seulement ? dit-elle en riant.
— Merci Tracy pour votre patience.
— Ne me remerciez pas.
— Chérie ?
Nous nous tournons vers ma mère qui vient d'entrer, papa arrive à son tour.
— Salut maman !
J'embrasse mes parents.
— Tu vois trésor, j'avais raison tu vas enfin pouvoir sortir aujourd'hui ? dit papa.
— Oui tu avais raison, tu ne peux pas savoir comme je me sens heureuse à l'idée de quitter cet endroit.
— Pour être tout à fait honnête avec toi, j'ai un peu discuté avec le docteur Cordell hier en fin de journée et il a laissé sous-entendre que tu sortirais aujourd'hui.
— Donc tu étais au courant ?
— Presque, dit papa en me faisant un clin d'œil.
— Je vais t'aider à ranger tes affaires, dit maman.
— Tout est déjà prêt, Tracy m'a aidé ce matin tout est là, dis-je en pointant du doigt la table ou se trouve un sac à bagage.
— Merci beaucoup Tracy d'avoir pris soin de ma fille, dit papa en lui serrant la main.
— Je vous en prie monsieur Miller.
J'embrasse à nouveau Tracy, maman m'aide à passer un gilet elle prend mon sac à main, papa récupère mon bagage et nous quittons la chambre.

Pour lui... Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant