Chapitre 24.

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Je contemplais l'image qui s'offrait à moi dans le miroir. La fille que j'y voyais était méconnaissable. J'effleurai mon visage du bout des doigts pour être certaine que c'était bien mon reflet. Je me souvenais d'avoir effectué le même geste trois jour plus tôt, la veille de mes seize ans. Je m'étais alors demandé si le fait d'avoir pris un an de plus s'apercevait.

Ma seule préoccupation était de me demander quelle tenue j'allais mettre, et quels cadeaux j'allais recevoir, que de frivolités. Quelques jours à peine s'étaient déroulés et j'avais changé du tout au tout. Le plus dur serait sans doute le poids du regard des autres. Les simples remarques de Louna m'avaient déjà plongée dans un état de choc et pourtant, ce n'était pas grand chose. Ma situation était catastrophique.

La petite servante avait teint les cheveux en bleu avant de les relever en un chignon compliqué. Même si j'étais une habituée du bleu je trouvais ça... étrange. Le maquillage était bien trop chargé pour paraître naturel mais je ne m'en plaignais pas, il pouvait au moins masquer pendant un temps mon mal-être intérieur, du moins en façade. Lèvres pulpeuses à souhait, teint laiteux et uniforme, cils recourbés et regard de biche, tout semblait parfait de l'extérieur. Si seulement...

Je me levai, soulevant ma longue robe bleu nuit avec moi. Assez simple, c'était une robe bustier qui descendaient jusqu'à mes pieds, elle contrastait avec la blancheur de ma peau. Pour tout accessoire je portais un collier dont le pendentif était une magnifique pierre, je devinai qu'elle était précieuse et n'en fut que plus gênée. 

J'enfilai une paire de gants qui couvraient la partie de mon corps allant du coude à la main, faits d'une soie très légère.  Louna m'avait laissé le soin de les mettre moi même, naturellement. Je devais l'attendre, elle était allée se préparer car elle devait m'escorter à la Tour Blanche.

Je me sentais terriblement nerveuse. Je n'avais aucune envie de me rendre à ce bal, j'en avais même peur. Mais ce qui m'inquiétait le plus, c'était ma mémoire défaillante. Il me manquait de souvenirs du labyrinthe qui me semblaient être importants sans que je sache vraiment de quoi il en retournait. Malheureusement je me souvenais du pire, des filles que j'avais tuées.

Louna tardait à revenir. je comprenais que cet évènement était avait de l'importance pour elle. Elle avait enfin l'occasion de porter de beaux vêtements et de voir du beau monde. Quant à moi, c'était tout le contraire. Si petite ce type de chosent me donnaient envie, ce n'était maintenant plus le cas depuis quelques années déjà.  On n'y rencontraient que des gens puissants et hypocrites et bien sûr, les princesses.

J'en avais assez d'attendre sagement dans cette pièce sans fenêtre. Je décidai de retourner dans la chambre où je m'étais éveillée, Louna finirait bien par me trouver. Après une ou deux minutes d'égarement, je finis par me rendre dans la salle désirée.

La chambre me plaisait bien. Minimaliste, elle était à l'opposé de la pièce d'où je venais.  Le dressing avait un côté bien trop luxueux et étouffant. Le lit était à baldaquin certes, mais c'était bien la seule frivolité de la chambre. Il était en bois bleu gris et les draps étaient blancs.

A vrai dire, il n'y avait pas grand nombre de meubles. À gauche du lit trônait une grande armoire au style assez ancien et de l'autre côté se trouvait une simple table de nuit. Mais ce qui interpellait le plus quand on entrait dans la chambre était la vue. À droite du lit, il n'y avait pas de mur mais une immense baie vitrée.

Je pouvais observer l'entièreté de Maooristilla et ses belles maisons bleues. La grande place se distinguait bien et me rappelait que c'était le dernier endroit où j'avais vu mon ami Théo. Maintenant il me semblait bien loin. Le panorama me faisait la sensation d'une grande bouffée d'air. Je pouvais même voir sur les côtés, au-delà des murs de Maooristilla les cités Violettes et Vertes. Ces couleurs me paraissaient étranges et nouvelles. J'avais été habituée au bleu depuis ma naissance.

Conspiracy EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant