Partie 2 - Rêve d'un autre monde - Chapitre 2

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(je suis désolée du temps que j'ai mis pour écrire ce chapitre (dont j'ai en fait balancé le début qui était très différent plusieurs fois, ahah). Je suis malheureusement très occupée avec le premier semestre de master 2 et le travail à côté... Et allez savoir ce qui s'est produit, poum, presque 4000 mots en deux jours)


Lorsque Kilian entra dans la salle du conseil, les murmures angoissés s'interrompirent brusquement. Quelques soupirs soulagés s'élevèrent quand chacun comprit qu'il ne s'agissait « que de lui ». D'autres s'autorisèrent des commentaires à demi-voix concernant la tête qui tomberait – ou pire – suite au fâcheux incident.

Bien entendu, cette tête, c'était la sienne.

Toutefois, Kilian ne se laissa guère impressionner ; il s'installa à la table avec un calme que d'aucuns considérèrent comme une nouvelle preuve de sa folie. Face à son indifférence, les chuchotis montèrent en décibels, jusqu'à devenir impossible à ignorer.

Il le fit, pourtant. Il ne se souciait guère de ce ramassis de tristes sires dont il estimait les jours comptés, de leurs regards enfiévrés par un mélange de colère et d'incompréhension, de leur bouche qui en venait à s'assécher sous le déferlement de leurs commentaires plus fielleux encore que le ricanement d'une hyène.

Kilian avait conscience que ces réactions agressives avaient pour seul et unique but de le déstabiliser, lui le simple secrétaire d'État devenu ministre des Affaires humaines. Non pas que son poste suscitât l'envie ; tant les Fomoires que les Humains considéraient sa charge comme une punition précédant une mort en général très douloureuse et trop lente. Non, ce qui agaçait, c'était qu'il se fût porté volontaire sitôt le décès de son prédécesseur annoncé. Il s'était totalement moqué, semblait-il, des risques inhérents à ce ministère, comme si lui saurait y échapper. Il était jeune même à l'échelle humaine, et cela ne l'avait pas empêché de réclamer sa promotion auprès du Prophète avec autant d'insolence que d'inconscience. Que cette décision fût forcément motivée par un déséquilibre mental n'amenait guère la compassion ; nul n'aimait les ambitieux et les calculateurs – fussent-ils la victime de leurs mauvais choix.

Un rire perfide agita les mandibules de Delaig, le ministre des armées.

— Jamais on n'aura occupé si peu de temps ce ministère... Au moins, tu n'auras pas eu l'occasion de rayer le parquet de ton bureau.

Quelques éclats de rire, sincère ou nerveux, accompagnèrent cette remarque subtile. Liwane, qui venait à peine de s'asseoir à côté de son supérieur hiérarchique, fronça les sourcils et fit mine de se relever. Kilian l'arrêta d'un simple geste de la main, ce qui sembla intensifier l'irritation de sa collaboratrice. Non sans un pli réprobateur au coin des lèvres, elle ouvrit l'un des dossiers qu'elle avait apportés et fit mine de s'y plonger.

— C'est le problème avec les Transfigurés, reprit Delaig en frottant ses griffes les unes contre les autres. Ils ne savent plus où est leur place.

Les rares humains installés autour de la table ne parvinrent pas à cacher leur frayeur. Ils connaissaient les appétits de Delaig. Ils n'ignoraient pas que le Fomoire, qui avait toujours refusé de se « travestir en singe » - pour reprendre ses termes -, appartenait à la frange la plus extrémiste des Traditionalistes. Mais ils craignaient peut-être encore plus la colère de Liwane, qui n'avait de secrétaire que le titre et d'humaine que l'apparence. Si Delaig poussait trop loin l'insulte, nul doute que le déchaînement de violence qui s'ensuivrait occasionnerait quelques dommages collatéraux.

Pourtant, Liwane ne répliqua pas à aux insinuations, que ce fût par d'autres mots ou par la menace bien plus concrète de ses dons. La présence de Kilian, non seulement à ses côtés, mais aussi dans son esprit, la convainquait à faire preuve de tempérance. Elle lui coula un regard, et le Fomoire, dont l'apparence tenait plus du golden boy que du monstre, lui sourit en retour ; après tout, ils auraient l'occasion d'écraser cet insecte le moment venu. Liwane inspira alors discrètement afin de se calmer.

La princesse aux mille illusions (abandonné)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant