CHAPITRE 15 : Connaissances et Savoir

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Une femme courrait à en perdre haleine. Elle tenait fermement la main d'une petite fille. Elenna les détailla. C'étaient deux Elfes, comme le montraient leurs oreilles pointues. Elles étaient toutes les deux blondes et leurs yeux possédaient la même couleur du ciel un jour d'été sans nuages. Leur ressemblance ne pouvait laisser présager qu'une seule et unique chose : devant elle, courraient une mère et sa fille. L'enfant rappelait étrangement quelqu'un à l'elleth, mais elle n'aurait su dire qui. En regardant l'adulte, le cœur d'Elenna bondit violemment dans sa poitrine. Elle lui ressemblait tant ! La même lueur de défi et de courage brillait dans leurs yeux de saphir, leurs visages étaient identiques, semblables en tous points. Alors, se souvenant des paroles de Kementári, la jeune femme comprit. Il s'agissait de sa grand-mère. De même, elle put enfin mettre un nom sur le visage de l'enfant : Earwen, sa mère. Elles passèrent devant elle mais n'eurent aucune réaction. Quand elle les toucha, sa main passa au travers. Comprenant qu'il s'agissait d'un souvenir qui ne lui appartenait pas, elle décida de les suivre. Non sans raison recevait-on la mémoire de choses passées.

Des cris stridents retentirent soudain. De longs grognements résonnaient derrière ses parentes. Elles se mirent à courir plus vite encore. Elles se définissaient à ce moment-là par le mot « célérité ». Elles étaient essoufflées, mais elles continuaient leur course, sachant que le moindre arrêt signifierait leur mort. Mais leurs ennemis se rapprochaient encore et toujours, et bientôt ils ne furent plus qu'à quelques mètres d'elles. Sa grand-mère, qui portait une épée à la ceinture, sortit son arme et tout en lâchant la main d'Earwen, lui cria :

« -Cours ma fille, cours ! Sauve ta vie et ne te retourne pas !

Elenna regarda sa mère courir seule, mais elle ne la suivit pas du regard. Non, la seule chose qu'elle regardait était sa grand-mère qui s'était tournée vers ses assaillants et qui se battait tout en sachant le combat perdu d'avance, ayant pour seul but de donner le temps à sa fille de s'enfuir. Sa grand-mère para de nombreux coups. Elle était une épéiste hors paire. Des quinze Orcs qui l'avaient attaquée, six furent tués par sa lame. Mais elle était épuisée, et bientôt ses gestes furent plus lents, moins précis. Un de ses adversaires réussit à lui entailler méchamment son bras. Sous la douleur, elle cessa de bouger quelques millièmes de seconde. Mais cela suffit pour qu'un autre l'atteigne au flanc. Mais la rage qui l'habitait la força à se reprendre. D'un large mouvement du poignet et donc de sa lame, elle égorgea deux Orcs supplémentaires. Mais malgré toute la hargne qu'elle possédait, malgré la haine qui l'habitait ainsi que l'espoir d'un futur pour son enfant, Elenna vit un Orc la transpercer de son épée noire. Elle vit comme au ralenti son aïeule tomber au sol, tandis que sa mère qui n'avait pas écouté les ordres de sa parente et qui se trouvait non loin, criait. La blessée allait être achevée par la plus grande des créatures quand une sourde explosion retentit. Elle vit alors, habillée d'une longue robe verte, d'une cape de la même couleur et de son épée incrustée d'émeraude, Kementári se jeter avec rage sur les monstres. Il ne lui fallut qu'une minute pour ôter la vie à ses adversaires.

De son côté, Earwen accourut aux côtés de sa mère. Des sillons de larmes se traçaient sur ses joues rebondies d'enfant.

-Ne pleure pas, ma petite fille, murmura sa grand-mère en caressant la joue de sa fille. La mort n'est qu'un voyage comme un autre. Un jour, Earwen, nous nous retrouverons après que mon temps dans les cavernes de Námo soit passé. Alors, sèche ces larmes et souris-moi, que je garde un souvenir heureux pour mon dernier voyage.

Elenna vit alors sa mère esquissait un sourire tremblant tandis qu'elle pleurait. Kementári arriva finalement aux côtés de son aïeule. Et tandis qu'elle plaçait ses mains au dessus de sa blessure, sa grand-mère la retint.

Le Retour aux OriginesWhere stories live. Discover now