Prison 10

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Nous ne parlions pas pendant de longues minutes, l'absence d'horloge ne pouvait m'assurer seulement de ne pas fixer de limite à mon silence. Je sentis son regard lourd sur ma nuque et rien que l'idée qu'elle avait fait quelque chose avec un autre prisonnier m'agaçait fortement. Pourtant, je n'étais pas attaché à elle, du moins elle n'était qu'une amie et je l'appréciais à ce titre. L'ombre de Sarah volait encore autour de moi et je ne sais pas s'il me sera possible de tourner la page avant de l'avoir revu hors de cet horrible endroit.

Je me souviens, quand elle était venue, la seule et unique fois, elle se sentait mal à l'aise, elle ne cessait de basculer d'un appui à l'autre, de regarder autour d'elle et de tenter au maximum d'éviter mon regard, et peut-être était-ce mieux, qui sait ce que j'aurais pu y lire. Je savais qu'elle était déçue et je le comprenais, je savais qu'elle avait refait sa vie et je le comprenais tout autant, mais je n'arrivais pas à la défaire de mes pensées, c'était ainsi, elle était présente partout, je sentais son regard, humais son parfum, voyais ses cheveux et entendais sa voix peu importe où j'étais.

Je savais que les jumeaux avaient raison qu'elle et moi, ça n'aurait jamais pu continuer, et finalement, peut être que je devais lui être reconnaissant d'être partie sans me prévenir, d'éviter des adieux déchirants et peut-être surtout que j'aurais voulu savoir ce qu'elle pensait, ce qu'elle ressentait, qu'elle me dise que j'étais tout pour elle et qu'elle m'attendrait, peu importe si je devais passer un mois ou quinze ans derrière les barreaux. Peut-être aussi continuai-je de rêver de ses courbes ensorcelantes, de l'effet de sa peau sur la mienne, de sa bouche parcourant mon corps tout entier, afin de me souvenir, de ne plus répéter cette même erreur. Et peut-être que mon erreur c'est de vivre, il y a des gens qui ne sont pas fait pour ça, il y a des gens à qui le bonheur ne convient pas et qui finissent seuls et malheureux et qui meurent jeunes pour ne plus subir ça et c'était probablement mon destin, tout ça, la solitude, le malheur, le suicide à vingt ans, peut-être que ça aurait dû m'arriver, mais j'ai pris un autre chemin et le destin continue de pourrir ma vie.

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Du coup, chapitre plus court aujourd'hui pour compenser avec le précédent

On this side of the barsWhere stories live. Discover now