Prison 9

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Le trajet avait été difficile, les routes étaient sinueuses et le surveillant renforçait sa poigne à chaque bosse. Enfin, le véhicule se stoppa, nous étions arrivés. Il vérifia la mise en place correcte des menottes puis me fit descendre par la porte arrière. Il m'escorta ensuite à travers les différents postes de sécurité qui vérifiaient la non présence d'armes, de téléphone ou de tout autre effet personnel qui pourrait attenter à la sécurité de la prison. Après un long moment, je rejoignis enfin ma cellule, rien n'avait changé, mes affaires étaient toujours en boule dans la partie de l'armoire qui m'appartenait. Mon lit était défait. Seuls les murs, le plafond et le sol semblaient avoir été récuré. Une odeur fraîche se dégageait de la pièce. Je m'assis alors sur mon matelas. C'était fou de le dire mais ma cellule m'avait manqué, elle représentait une certaine stabilité pour moi, cela faisait trois ans que j'étais là, à suivre les mêmes rituels dans les mêmes endroits et ma chambre était importante à mes yeux.

J'entendis des pas s'approcher, les personnes derrière la porte étaient plus nombreuses que moi à en juger par le bruit que leurs chaussures répandaient aléatoirement. Je pouvais distinctement entendre deux hommes avec des démarches lourdes, une femme avec des talons qui ne pouvait-être que la directrice, et une quatrième paire de pas était inqualifiable. Alors je m'assis et j'attendis que la clé finisse de tourner dans la serrure. Devant moi, se trouvait Eléa, ses cheveux semblaient plus ternes qu'avant, d'importantes cernes se dessinaient sous ses yeux. Je remarquai aussi que celle-ci boitait et qu'elle avait des bleus sur le bras gauche. Les deux gardes la menèrent jusqu'au lit, elle me dévisageait. Pendant ce temps, la directrice observait la scène, analysait nos gestes, nos expressions. Les deux hommes se tournèrent vers moi avant de repartir et me firent un signe de tête chaleureux. Avant de nous quitter, la directrice prononça quelques mots à l'oreille de la prisonnière. Enfin, ils nous laissèrent. Les yeux de ma compagne de cellule ne me quittaient pas. Une expression désolée et d'inquiétude se forma sur son visage. Alors c'était ça, elle craignait que je ne sois en colère contre elle.

« Bonjour Eléa, alors je t'ai manqué ? Commençai-je maladroitement.

-Idiot, je te donne une occasion de t'échapper et tu ne la saisis même pas.

-Toi aussi tu m'as manqué. Le temps était vraiment long sans toi tu sais, l'ignorai-je

-T'es vraiment pas fini toi mon pauvre.

-J'accepte tes excuses, je sais que tu ne voudrais jamais priver la terre d'un beau mâle comme moi, continuai-je moqueur

-Ca t'a pas beaucoup arrangé vraisemblablement le manque d'oxygène.

-Et toi, comment ça s'est passé ici ?

-Oh tu t'intéresses à moi désormais ?

-C'est moi qui ai demandé à ce que tu sois ici avec moi.

-Ma parole, t'es encore plus idiot que je le pensais. Je tente de te tuer et toi, tu en redemandes ?

-C'est exact, j'aime bien ta compagnie le reste du temps, surtout le fait que tu répondes à mes provocations. »

Un silence se fit, elle ne savait plus quoi répondre. A vrai dire, je n'étais pas fâché du tout contre elle, nous étions tous des personnes dangereuses et je savais à quoi je m'engageais en l'acceptant dans ma cellule. J'espérais juste qu'elle serait un peu plus réceptive sinon les deux ans allaient être longs.

« Kaki.

-Quoi kaki ?

-Mes sous-vêtements, déclara-t-elle gênée

-Pourquoi tu me dis ça ?

-Bah il fait chaud désormais et je voudrais dormir en sous-vêtements et vu que tu m'as demandé avant que je tente de t'étrangler, c'est comme un gage de mon pardon.

On this side of the barsWhere stories live. Discover now