Prison 7

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Des bruits sourds atteignirent mes tympans, je n'arrivai pas à discerner leur origine. J'entendis vaguement une porte claquée, où alors l'a-t-on juste fermé mais la migraine qui prenait en otage ma tête amplifiait les moindres ondes sonores aussi faibles soient-elle en un tintamarre carnavalesque. J'essayai du mieux que je pouvais et avec la volonté dont je disposai, de bouger mes muscles endoloris. Je sentis le matelas sous moi, aussi dur que celui de ma cellule. L'odeur que je parvenais à capter semblait être celle du désinfectant et de l'eau de javel, odeur rare dans la prison. J'essayai enfin d'ouvrir mes paupières, mes yeux tout d'abord éblouis par la lumière éclatante à laquelle ils n'étaient pas habitués, parcouraient désormais la pièce. Les odeurs ressenties auparavant m'avaient fait penser à celles de l'infirmerie, or les lieux dans lesquels je me trouvais m'étaient étrangers. Les murs étaient d'une blancheur presque effrayante tellement ils étaient immaculés, le drap qui me couvrait était doux et d'un vert étrangement pur. La pièce était quasiment vide, ce qui ne changeait au final pas tellement de ma cellule. Une infirmière assez jeune, entra en chantant à tue-tête. Elle fut vraisemblablement surprise que je sois éveillé et ressortit aussi vite. A peine quelques minutes après, un homme que le temps n'avait pas épargné, s'approcha avec méfiance de moi. Il jeta un coup d'œil rapide au dossier sur la table de nuit, regarda l'écran de contrôle.

« Bien ! Alors jeune homme, comment vous sentez vous ?

-Bien je suppose.

-Vous savez où vous êtes ?

-Si j'en crois la décoration plutôt épuré et moche de cet endroit, je dirais la clinique en charge de la prison.

-Bien, comment vous-appelez vous ?

-Vous ne m'avez pas soigné sans savoir qui j'étais donc la question ne se pose pas.

-Je vous pose juste quelques questions afin de savoir si votre cerveau n'a pas subi de dommage.

-Vous le savez d'ores et déjà sinon vous ne vous inquiéterez pas, pas vrai ?

-Vous avez raison, le manque d'oxygène a endommagé plusieurs parties de votre cerveau d'après les premiers examens.

-Écoutez, docteur. Je vais parfaitement bien, je ne suis pas réduit à l'état de légumes, j'arrive à penser et réfléchir, tous mes sens fonctionnent, le langage n'est pas défaillant non plus. De plus je me souviens de tout et j'arrive à bouger jusqu'à mes orteils en passant par mes narines. Vous voulez voir peut-être ?

-Non Richard, je vous crois. Vous allez rester ici jusqu'à la semaine prochaine puis vous regagnerez votre cellule à l'aube.

-D'accord, puis-je me reposer maintenant ?

-Bien sur, si vous avez le moindre problème appuyez sur ce bouton, dit-il en m'indiquant une petite télécommande sur ma gauche.

-D'accord, répondis-je agacé.

-Des gardes sont derrière la porte, dans le cas où vous chercheriez à vous enfuir.

-C'est gentil de préciser et de me ramener sur terre en répétant sans cesse que je suis prisonnier.

-Bonne journée, je repasserai dans la soirée.

-Ouais c'est ça, adieu ! »

Il sortit enfin de la pièce, en claquant la porte derrière lui afin d'être sûr qu'elle soit correctement fermé. Je me demandais si la directrice avait fait part à ma famille et à Sarah surtout de cet accident. Elle avait dû s'inquiéter ou alors peut-être n'avait-elle même pas pris la peine de répondre au téléphone quand elle avait reconnu le numéro de la prison. J'espérais le contraire mais je ne pouvais m'empêcher d'être réaliste, surtout depuis que mes amis m'avaient ouvert les yeux. Mon esprit se dirigea alors vers Eléa. Elle avait dû être punie pour son geste mais de quoi ? La légende courrait dans l'établissement que la directrice aurait une pièce spéciale dans laquelle elle isolait les individus les plus récalcitrants et qu'elle les y torturait en les fouettant ou en les condamnant à être seul sans nourriture avec seulement une petite bouteille d'eau pour éviter qu'ils ne meurent. Je n'avais jusqu'alors, jamais connu quelqu'un qui avait connu ce traitement. Malgré moi et les circonstances de mon accident, je n'avais qu'une hâte, la retrouver. J'avais commencé à m'habituer à être toujours accompagné, cela me plaisait de ne plus avoir à chasser mes démons la nuit quand le sommeil se refusait à moi, de ne plus avoir à ruminer mes pensées obscures, seul dans la pénombre de la cellule. Pendant trois ans, je me suis habitué à cette solitude constante, j'avais appris à apprivoiser le silence, à aimer le calme, tout en profitant un maximum des maigres instants avec les autres détenus, qui me procuraient une sorte de halte dans la monotonie de ma solitude. Et puis en un jour, tout au plus deux, elle a tout bouleversé, elle m'a laissé m'attacher un peu à elle. Elle m'a remonté les bretelles quand le besoin s'en faisait ressentir, elle m'a aidé à me réadapter à la vie en société, en groupe. Elle s'est fait aimer de mes amis. Je ne pouvais pas la perdre, pas maintenant.  

***

Voilà donc le 7e épisode des aventures de Richard au sein de cette prison, puisse-t-il vous plaire. 

On this side of the barsWhere stories live. Discover now