Prison 3

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Le soleil s'était levé paresseusement tandis que nous tombions de fatigue, mais sans faiblir nous avions passé la nuit, les yeux dans les yeux, avachis contre les murs autrefois blancs. A la lumière du jour, je m'aperçus qu'elle était jolie, des cheveux bruns et longs étaient noués en tresse sur le côté droit de son fragile visage. Elle avait la peau pâle à la façon d'une poupée de porcelaine que l'on chérissait bon nombre d'années auparavant. Le plus bouleversant était la couleur et la profondeur de ses yeux verts. On observait un dégradé impressionnant entre le contour extérieur qui était d'un vert sapin assez terne, au contour de la pupille d'un vert émeraude lumineux. Elle semblait fragile, beaucoup trop pour ce milieu sans doute. Sans parler je lui désignai le lavabo où elle pourrait se rafraîchir. Elle fronça les yeux et rompit le calme de la pièce.

"Dis le si je suis moche et négligée.

-Mais non, je voulais juste te dire que la journée allait être longue et qu'il te fallait prendre des forces avant de sortir pour le petit-déjeuner.

-Je rigolais, dit elle avec son visage sans expression."

Je ne savais pas trop quoi dire, ni si je devais la prendre sous mon aile au moins aujourd'hui pour que personne ne l'embête.

"Te tracasse pas, moineau, je sais me débrouiller seule.

-Excuse-moi d'en douter, petite hirondelle."

Elle s'approcha de moi, se voulant menaçante, attrapa le col de mon tee-shirt et me fit me mettre debout.

"Me sous-estimes pas Crétin"

Ce fut à ce moment que les portes s'ouvrirent sur la pagaille du couloir. Tout le monde cherchait à déjeuner le plus vite possible afin de profiter des rares cafés chauds que l'on nous proposait. Loin d'être pressé, au contraire de la nouvelle, je lui pris le bras et lui murmurai à l'oreille :

"Je ne te sous-estime pas. Ici c'est dangereux pour toi. Viens au moins déjeuner avec nous. Je connais deux trois personnes et j'ai la possibilité de nous avoir du café si tu le souhaites."

Elle accepta sceptique. Nous nous rangeâmes au bout de la fil et attendîmes que cela avance. Une fois devant la femme qui s'occupait du café, je m'approchai d'elle et lui dis :

"Tu peux me faire deux cafés sur ma paye, c'est pour impressionner la jeune fille et puis, n'oublie pas que je continue de le protéger."

Sans dire le moindre mot, elle me tendit deux gobelets en carton, remplis de ce liquide chaud et tellement envoûtant. Ma nouvelle codétenue me regardait fixement.

"Tu lui as dit quoi ?

-Rien qui ne te concerne, crois moi. Allez, suis moi maintenant."

Je me dirigeai assez rapidement jusque notre table habituel, mettant une claque dans le dos à chacun de mes amis. Avant de m'asseoir, la nouvelle sembla un peu perdue et continuait à me fixer.

"Tu attends quoi nouvelle ? lui demanda le Parrain

-Parle moi mieux le vieux, dit-elle en prenant la chaise à mes côtés.

-C'est qu'elle mord, ricana l'aîné des jumeaux.

-Et dis moi quel est ton joli petit nom mademoiselle ? demanda le second.

-Qu'est ce que ça peut te faire ?

-On se calme, intervint pour la première fois le Serpent.

-Bon petite Hirondelle, voici Jumeau 1, jumeau 2, le serpent et le Parrain, quant à moi, je suis Richard Jones.

On this side of the barsWhere stories live. Discover now