Franz

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Sa décision était prise et rien ne lui fera changer d'avis. Le soir était vite arrivé, et il pensa à la façon dont il allait s'y prendre. Le lendemain, le camp allemand allait lancer une offensive sur le camp français, Franz se dit que c'était le moment idéal. La nuit le sommeil ne lui vient pas, il était trop inquiet. En se levant le lendemain, il avait mal partout, il mangea un morceau de pain rassis avec un peu d'eau fraîche, et rejoint son infanterie pour l'assaut. Tous les soldats s'entassaient au bord des tranchées, et attendaient le coup de sifflet avec réticence. Franz était dans le deuxième rang, prêt à partir. Dès que le coup de sifflet ait retenti les soldats partirent comme des fous, ils se faufilèrent à travers les barbelés, les trous d'obus... Franz courut se cacher dans un trou d'obus à l'écart des regards. Il tremblait, sa peur était si forte que sa tête lui tournait ce qui lui donnait la nausée. De sa main droite, il prit son fusil qu'il braqua sur son pied gauche, il ne tira pas tout de suite, il avait entendu des pas arrivant vers lui mais ce n'était qu'un soldat qui tomba raide devant lui. Alors, il ne pensa plus à rien et tira, il étouffa un cri, et respira de plus en plus vite. Mais un de ses camarades l'avait vu, ils ne s'entendaient pas, mais il vint le chercher et le tira jusqu'à la tranchée, Franz souffrait tellement qu'il allait presque s'évanouir. On le soigna comme on le put, mais c'était difficile, il avait risqué l'amputation du pied entier, mais on ne lui amputa que les orteils. Franz avait peur qu'il aille le dénoncer, ce qu'il fit d'ailleurs. Deux supérieurs vinrent lui demander accompagnés par le traître qui l'a dénoncé, ils lui demandèrent comment il s'était blessé avec insistance en le regarda avec mépris, Franz était pris au piège. Sa voix tremblait et il avoua qu'il se l'était faite volontairement pour pouvoir rejoindre sa bien-aimée. Les supérieurs le dévisagèrent avec effroi puis ils firent demi-tour, Franz dévisagea le soldat qui les suivait avec une haine incroyable. Le soir-même, on lui dit qu'il était convoqué le lendemain à l'arrière, près des troisièmes lignes. Il fut très inquiet et ne put ni dormir ni manger jusqu'à la convocation. Deux soldats durent l'aider à traverser les boyaux sinueux, Thomas savait ce qu'il lui était réservé, il criait "Franz, nein, Franz" il se débattait pour rattraper son ami. Mais son supérieur lui dit que s'il continuait il serait exécuté... Alors il s'arrêté, et retourna avec les autres en pleurant. Enfin, il était arrivé au... Conseil de Guerre, il allait être jugé pour désertion, son exécution était prévue dès son arrivée. Il cria, se débatta, tenta de s'expliquer mais rien ne fut les deux hommes qui l'aggripaient par les bras étaient trop forts pour lui, d'autant qu'il était encore endolori et qu'il pouvait à peine marcher. Il fut conduit jusqu'à un poteau de bois, attaché les mains dans le dos. Il devait tenir sur une jambe, et essayait de tenir sur l'autre talon, on lui avait bandé les yeux. Deux minutes après cela, il entendit des pas, sûrement quatre ou cinq soldats, en tout cas en nombre restreint à cause de l'offensive de la veille.

Franz criait de toutes ses forces : "Nein, Bitte, erbarme dich über mich, Bitte! Ich kann alles erklären! Bitte, Ich wolle sehen meine Frau!" ( "Non, s'il vous plait, ayez pitié de moi, je vous en prie! Je peux tout vous expliquer! S'il vous plait, je veux revoir ma femme!"). Le général lui hurla : "Halt den Mund! Verräter, es ist alles deine Schuld!" ("Taisez-vous! Traître, tout est de votre faute!") Il se tourna vers les soldats et leur donna l'ordre de tirer :"Ihr Zieht". Franz criait, pleurait, suppliait, puis il demanda pardon à Anelie pour tout cela et espère qu'elle sera heureuse avec quelqu'un d'autre, et il finit par un : "Ich liebe dich". Au coup de sifflet les balles lui pénétrèrent le corps, le sang coula et Franz s'effondra...

Quelques jours après que la nouvelle se soit propagée dans les tranchées allemandes, Thomas était effondré, Franz était son dernier ami. Pour lui rendre hommage il décida d'envoyer une lettre à sa mère pour annoncer la mort de son fils. C'était mieux comme cela, plutôt que recevoir un courrier du Caporal...


Histoire de deux soldats ennemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant