Lettre du 21 décembre 1914

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Chère Anelie,

C'est l'approche de Noël... du moins je pense, j'ai perdu la notion du temps. Ici il n'y ni montre ni horloge. Seul le soleil nous aide à nous repérer dans le temps... La météo nous aide également. Nous sommes actuellement dans une période encore plus difficile à supporter... C'est l'hiver et nous n'avons pratiquement rien pour nous réchauffer. D'ailleurs une dizaine de soldats ont été transféré à l'infirmerie pour pieds gelés... Mais quand je dis « gelés » ce n'est malheureusement pas une image... J'ai peur que ça nous arrive aussi, à mes compagnons et à moi... Mais si nous laissons nos peurs nous dépasser, ce sera la mort qui nous attrapera... C'est ce qu'il se passe avec les nouvelles recrues... elles se ont tuer en masse... Sur dix nouvelles recrues, un seul survit... D'ailleurs les monts de corps pourrissant ne cessent d'augmenter, et l'odeur avec elle nous coupe littéralement le souffle, quand au bruit des obus il nous assourdit... Mais le pire dans tout cela est bel et bien les attaques au gaz... Je ne peux pas te décrire cela, c'est bien trop difficile et au-delà de l'imaginable... Je n'en peux plus de tout ce calvaire. Je veux te retrouver mais avant tout je veux que tu ailles bien, que ta santé soit bonne, prends-en soin jusqu'à mon retour, je prendrai le relais par la suite... Ce n'est pas cette guerre qui mettra fin à toutes ces choses... Je reviendrai bientôt, mon ange... Et tout sera comme avant.


Histoire de deux soldats ennemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant