Lettre du 9 octobre 1916

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Chère Anna, 

Je suis à l'hôpital. Avant de t'inquiéter, sache que je vais bien. Je suis en voie de guérison. J'ai reçu un éclat d'obus dans la tête mais heureusement pour moi il m'a juste frôlé. C'est à présent mon infirmière Sandrine qui écrit à ma place car je suis cloué au lit. Tu ne devineras jamais qui est dans le lit à côté de moi. Jacob ! Quand nous nous sommes retrouvés, les émotions étaient au rendez-vous. Il va bien et a presque fini son séjour. Il ne retournera plus au front. Ainsi que moi, après être soigné, je rentrerai. Je rentrerai pour de bon. Tu ne sais pas à quel point j'étais heureux lorsque j'ai appris cela. La guerre pour moi, c'est fini. Bien sûr, je ne cesserai d'encourager les soldats qui sont encore en train de combattre. Mais j'ai mon repos bien mérité. J'ai dormi cinq jours ! Je peux te dire que quand je me suis réveillé, j'étais sonné et surtout affamé.

Cet hôpital est vraiment particulier, il n'y a aucun miroir. Les gars qui sont avec moi... sont défigurés et démembrés. C'est horrible, l'horreur de la guerre se reflète ici. C'est ici qu'on se rend compte de cette bêtise de guerre.

Mais je suis en vie et c'est le principal ! J'ai vraiment hâte de te revoir. Jacob et moi sommes vraiment très heureux d'avoir fini notre service. Et je le suis d'autant plus que mère aie accepté d'héberger Jacob. Il semble se remettre de la disparition de Paul. Il rit et me fait rire. Sa bonne humeur est contagieuse et il amuse les autres blessés.

Je me soigne bien et je pense fort à toi. Embrasse bien la famille pour moi, vous me manquez tous, j'ai hâte de vous revoir.

A très bientôt.

Votre Christian


Histoire de deux soldats ennemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant