Lettre du 30 avril 1915

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Ma chère Anna,

La vie ici est de plus en plus dure. Je suis à présent épuisé et gelé. Rien ne change ici, on vit toujours parmi les rats, les poux, la boue, le froid, la peur. Je n'ai toujours aucune nouvelle de Jacob et je ne sais même pas s'il va bien ou même s'il est en vie. Avant-hier, nous avons lancé une attaque suicide. La moitié de notre effectif est passé. Je me suis légèrement blessé au bras mais je vais bien rassure toi et je ne serai pas évacué, malheureusement. Certains d'entre nous se mutilent pour partir de cet enfer mais les médecins les identifient et ils sont exécutés pour désertion. Je peux t'affirmer, Anna, que je suis tenté quelque fois de faire la même chose.  Cependant je tiens à te retrouver et je ne vais pas risquer ma vie. J'ai à nouveau demandé une permission mais elle m'a été refusée. J'ai changé de position sur le front mais je ne peux te dire où je suis. Quand nous allons en réserve, je peine à trouver une auberge où me loger. Sans Jacob et Paul et leur don de se faire apprécier des gens, j'ai du mal à trouver un abri. Je reste avec un groupe d'hommes dont je ne connais même pas les noms. L'un d'entre eux est Karl, je crois. Mais je n'ai plus le cœur à me faire des amis. De peur qu'ils partent, dans un sens ou dans l'autre. Vivement la fin de cette guerre.

Les jours se font plus longs, ce qui nous annonce de plus longues batailles.

Ton Christian


Histoire de deux soldats ennemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant