EYE'S SPEECH

1,

Pdv de Bree Geralds

Sonnerie, bruits de chaise, le professeur bataille pour finir sa phrase, puis abandonne, et tout le monde s'en va. Je reste assise, comme d'habitude, le fixant.

"Vous pouvez y aller, mademoiselle Geralds." soupira t-il.

"Merci Monsieur."

Sur ces mots, je pris mon sac, j'y rangeai mes affaires, et sortis de la salle. Mais à peine j'avais mis un pied dans la cours qu'on me sauta dessus. D'un seul coup, tout devint noir, et je posai mes mains sur celles qui s'étaient posées sur mes yeux avec un sourire. Je sentis son souffle sur mon cou, et son odeur dans mes narines. Inutile que je vérifie si c'était bien lui. Je me tournai brusquement et sans crier garde, j'embrassai ses lèvres sans hésitation. Je sentis son sourire, et il passa ses mains sur ma taille.

"Tu as passé une bonne journée ?" demandai-je et il me répondit que tout c'était passé à merveille, m'expliquant à quel point il avait réussi à faire chier ses professeurs.

"Kyle." soufflai-je.

Il savait pertinemment que je n'aimais pas l'entendre se vanter de ce genre de choses. Il n'y avait aucune fierté à avoir. Et le fait que mon petit-ami soit de ceux qui ne savaient pas respecter les professeurs m'énervais profondément.

Il s'éloigna un peu, et après m'avoir longuement observé, il rit, creusant sur son visage deux belles fossettes qui traduisaient son hilarité.

"Tu préférerais peut être que je reste assis à la fin du cours à attendre que le prof me demande de sortir." Et il rit de plus belle.

Ce fut mon tour de m'éloigner cette fois. Comment pouvait-il se moquer ainsi de moi ? Je coupai tout contact avec lui, et c'est ce qui sembla le calmer dans son fou rire.

"Je devrais y aller." déclarai-je.

"Je t'accompagne ?"

"Non, c'est bon je vais y aller seule."

Sur ces mots, je partis, sans rien dire d'autre. Il n'en sembla pas vraiment troublé. Il retourna avec tous ses potes, et il continua à rire.

Heureusement, le lycée n'était pas très loin de chez moi, et y aller à pied n'était pas du tout une corvée. Même si mon père avait longuement insisté pour qu'un chauffeur m'amène j'avais toujours refusé. Je ne voulais pas passer pour la snob riche qui se faisait amener au lycée. Mon père pensait que c'était un moyen de me faire connaître de tout le monde, mais je n'avais pas vraiment besoin de ça en plus.

J'étais sans doute la fille la plus populaire du lycée, je sortais avec le capitaine de l'équipe de rugby, je vivais dans une villa, je m'habillais avec des vêtements de marque, j'organisais les meilleures soirées de la ville, et mes résultats scolaires étaient indiscutables. Les gens associaient souvent mon nom à une définition du mot parfait. Je savais que je pouvais déclencher de la jalousie autour de moi, alors je préférerais vivre ma vie et ne pas attirer les regards des envieux avec une limousine. Mais ce n'était pas l'avis de mon père. Mon père aimait la compétition, la jalousie. Le luxe et la popularité, c'était presque ses seules raisons de vivre. Et moi, Bree Geralds, je devais le suivre et me taire.

Et ma mère ? Ma mère était partie quand j'étais enfant. Elle s'était enfuie avec son amant, abandonnant son enfant et son mari. Mais je m'en fichais, je ne voulais juste plus jamais la revoir.

Après quelques minutes de marche, j'arrivais chez moi. La première chose que je fis, ce fut filer sous la douche. Il n'y avait personne chez moi, et je savais que mon père rentrait un peu plus tard. Alors je fis des pâtes, et après les avoir dégusté sans beaucoup d'intérêt, j'allais me coucher. Je n'étais pas vraiment fatiguée, alors, pendant longtemps je restais allongée sur mon lit, observant la nuit apparaître par la fenêtre. Je ne sais pas au bout de combien de temps, ni à quelle heure, mais je finis par paisiblement m'endormir.