Chapitre 5

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Il commençait à en avoir l'habitude. Les murs blancs indéchiffrables, la chaleur qui vous enveloppait, comme si tout était confortable et accueillant...
Sauf que c'était tout le contraire.

Il commençait à en avoir assez. Il ne supportait plus le tic-tac incessant de son horloge, le pressant de tenir à jour son emploi du temps.
Il ne supportait plus l'odeur du plâtre, qui lui rentrait dans les narines comme de l'eau, pénétrant chaque pore de sa peau.
Et plus que tout, il ne supportait plus ses patients qui allaient le rendre fou.

- Avez-vous pris vos pilules ?
Avez-vous pensé à manger ?
Essayez de vous éloigner le plus possible du briquet.
Ressentez-vous une tristesse quelconque suite à sa mort ?
Pourquoi avez-vous tué votre père ?
Le mieux serait de vous tenir éloigné de l'eau le plus possible...

Il avait l'impression que tourner en rond dans cette prison ne le ferait pas avancer. Et il détestait cette impression constante d'être observé.
Ses gestes, ses moindres mouvements, chacune de ses paroles devaient être contrôlés, s'il ne voulait pas passer de l'autre côté. S'il disait quoi que ce soit on le ferait sombrer dans la folie.
Mais s'il ne faisait rien, il savait qu'il y tomberait sans aide.

Il regarda l'horloge murale du cabinet une dernière fois, avant de clamer :

- Client suivant.

                           ***

La pluie tambourinait au-dehors lorsqu'elle ouvrit les yeux.
Rien n'avait changé.
Elle était toujours entourée de murs blancs, dans une chambre vierge et impersonnelle.
Ici, elle était tout aussi seule que chez elle, le silence pesant qui entrait dans ses oreilles sans jamais en ressortir, l'absence d'amour et la chaleur qui ne venait jamais atteindre votre cœur.

Pas à pas, elle traversa le couloir et se retrouva encore une fois seule. Personne pour l'accuser de mentir, pour la délivrer de la cage dans laquelle elle s'était enfermée.
Le silence se faisait tellement pesant qu'elle pouvait entendre les murs respirer.

N'y avait-il personne ici ? Pourquoi ils étaient tous partis au moment où elle avait le plus besoin de se sentir entourée ?

Rien à faire.
Le silence l'opressait, elle le sentait peser sur elle. Tout lui paressait énormément ennuyeux. Elle ne savait pas quoi faire. Elle aurait pû sortir. Elle aurait pû aller en cours. Au lieu de ça, elle retourna sous sa couette et s'endormit, rêvant d'un chanteur à la voix douce qui lui murmurait bonne nuit.

                            ***

Elle ouvrit les yeux. Encore. Non impossible. Pourquoi était-elle encore et toujours dans cette pièce blanche, emprisonnée entre ces quatre cloisons, comme une détenue ?

Plusieurs fois on lui avait répété : "Vous n'êtes en rien notre prisonnière, au contraitre ! Si nous vous traitons ainsi c'est pour parfaire votre sécurité Mademoiselle."

Mensonges.
Tout était faux. Elle ne supportait pas les discours perfides que ses gardiens de cellule lui servaient.

Faux. Tout était faux. Rien ne pouvait être vrai. Elle restait prisonnière. Prisonnière de son esprit. Elle était retenue ici, dans ce monde, et jamais elle ne se serait infligé de passer ses nuits ici si on lui en avait laissé le choix. Non elle n'était pas en prison, c'est vrai. Mais en quoi pouvaient-ils dire que l'hôpital psychiatrique était différent ? On ne peut pas le savoir si jamais on n'y est allé...

Bangtan TherapyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant