Sur la route, je réalise à quel point je me sens vivant et libre de faire ce que je veux. Depuis que je remarche parfaitement sans l'aide de mes béquilles, j'ai l'impression que rien n'est impossible. C'est certainement face à l'adversité que l'on découvre qui on est, et surtout, qui on veut devenir. Et au delà d'une montagne d'efforts, de foi et de confiance, la peur de l'échec se minimise au point de ne plus voiler nos espoirs de réussite.

Comme tout miraculé, il m'est arrivé à plusieurs reprises de me demander ce que seraient devenus les gens qui m'entourent si je n'étais plus là. Quelles auraient été leurs réactions ? Je m'efforce de ne plus me poser la question maintenant que tout va mieux. Car au final, c'est un casse-tête relativement stupide. Comme si m'obliger à penser que j'aurais manqué à mes proches me confortait dans l'idée que je suis utile à quelque chose sur cette Terre. Aussi bizarre que cela puisse paraître, je ne regrette rien de ce que j'ai vécu, car ça m'a mené ici aujourd'hui. À cette prise de conscience que j'aurais bien pu disparaître et ne jamais me rendre compte à quel point je tiens à ma vie.

Plus j'avance, plus l'excitation s'insinue en moi. La raison ? Je crois que je n'en ai pas. Si ce n'est peut-être l'envie de retrouver Joy, qui est sans doute en train de se prélasser au soleil sur ma terrasse. Dans trois jours, nous serons déjà en automne. Et pourtant, j'ai l'impression que l'été n'est pas décidé à plier bagages. Motif supplémentaire pour nous programmer un après-midi rien qu'à nous deux. Je sors mon téléphone de ma poche arrière et lui envoie un message.

Moi, 15:40 : « Je suis là dans moins de dix minutes. Va sous la douche, je te rejoins. »

Je réalise que je presse légèrement le pas rien qu'à l'idée de l'avoir nue dans mes bras. Ce serait mentir de dire que Joy n'a pas eu un grand rôle à jouer dans ma motivation. Elle me soutient, ne me brusque pas et n'essaie pas de me freiner non plus. Elle est juste géniale.

Je passe mon portail et le referme derrière moi. Pour une fois, il n'y aucun rôdeur dans ma rue. Comme si les médias avaient eu ce qu'ils voulaient en obtenant des clichés suite au mariage de Liam le mois dernier. Et plus particulièrement, ils sont enfin parvenu à éclaircir leurs doutes sur l'identité de Joy, qui est désormais présentée comme ma dernière conquête. Quelle absurdité. Ils sont à mille lieues de s'imaginer à quel point je tiens à elle.

Je claque volontairement la porte pour l'avertir de mon arrivée, enlève mes chaussures et abandonne mon téléphone et mes clés dans l'entrée.

- Chaton ?

Je tends l'oreille, mais visiblement, elle n'est pas encore là-haut. J'avance donc en direction de la terrasse et c'est là que je l'aperçois, dans la piscine, à exprimer tout son talent pour la nage. Le comble de la grâce. Elle qui se vante d'être une très bonne nageuse. Bon, c'est aussi elle qui affirme qu'elle conduit comme une pro. Je progresse vers elle en souriant et dès qu'elle se rend compte de ma présence, elle se pavane encore plus. Je m'accroupis à son niveau, tandis qu'elle se dirige vers le rebord. Les avants-bras en appui, elle se hisse pour m'embrasser.

- Tu n'as pas eu mon message ?

- Non. Répond-t-elle en pointant le nez en direction de son portable, délaissé au loin sur un transat.

- Dommage.

Joy fronce les sourcils en esquissant un petit sourire. Elle a certainement compris à mon intonation où je voulais en venir. Elle s'empare alors de mon t-shirt avec un air malicieux. Ma main agrippe son poignet pour l'en empêcher, mais finalement, je la laisse faire. Je perds volontairement l'équilibre pour me retrouver dans l'eau avec elle, tout habillé. L'issue aurait de toute façon été la même dans le plan que j'avais en tête avant d'arriver. Nous aurions été trempés.

YOURS. // Tome 2Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon