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Chapitre 19

Je me réveille doucement, un délicieux goût de cannabis dans la bouche, doux et sucré. Les souvenirs me reviennent lentement comme un rêve irréel. J'étais foncedée peut-être ne s'est-il rien passé, c'est seulement la drogue et ma mémoire qui me jouent de mauvais tours. Pourtant le parfum si familier qui est imprégné sur mon sweat me pousse à penser le contraire à mon plus grand bonheur. Je peux encore sentir ses mains sur ma peau, électrisant tout sur son passage, ses lèvres et son rire m'envelopper comme une douce couverture.
J'étends mes bras sur les draps frais de mon lit, un courant d'air passe par ma fenêtre ouverte en grand, je balade mon regard sur la pièce au grand jour et sursaute en remarquant la silhouette longiligne de ma sœur appuyée contre le mur.

- Goodmorning sister, dit-elle en souriant mesquinement.

Je la fixe incapable de répondre, sentant tous mes rêves s'effondrer et virer au cauchemar. Elle s'avance et s'assied sur un coin de mon lit, son regard toujours fixé sur moi.

- Tu as bien dormi ? Oh non ne prends pas la peine de répondre, je le sais déjà. Tu as extrêmement bien dormi, tes rêves avaient l'air plutôt excitant. Dis moi petite sœur de qui as-tu rêvé ?

Elle se réjouit de mon silence et poursuit,
- Mais vu tes rêves haletants je doute fort qui tu aies passé quatre heures cette nuit à expliquer à ton preux chevalier la vérité. Tu as préféré le tromper encore un peu plus avec tes talents de comédienne. Au moins maintenant je sais que tu es un minimum intéressée par sa queue.

Les larmes me viennent aux yeux, j'observe silencieusement le visage de Kat qui affiche un sourire rayonnant.

- Mais ne t'inquiètes pas ma chère Anna, tu n'auras plus besoin de te soucier de ton secret, je m'en suis occupée.

Sur ces mots, elle se lève et me fait un petit salut avant de s'éclipser de ma chambre sur ses talons aiguilles.

Ma mâchoire tremble, mon cœur accélère considérablement et ma respiration que j'avais coupé à l'entente de la nouvelle, prend de la vitesse elle aussi. Je saute sur mes pieds, au risque de retomber sur mon lit, j'enfile mes baskets puis m'élance dans le couloir. Je dévale les escaliers en imaginant la tête de Nathan lorsqu'il l'a appris. A-t-il rigolé en premier lieu ? S'est-il pris la tête dans les mains ? A-t-il été dévasté par la nouvelle ?
Je continue d'imaginer comment Nate a pu réagir lorsque j'entre promptement dans le bus. S'est-il moqué de ma sœur en pensant à une blague ou l'a-t-il cru dès le début ? La boule que j'avais hier dans la gorge est de nouveau là, prête à éclater, la bombe qui est posée entre mes poumons juste à côté de mon cœur. Est-ce que je m'en remettrai ? Est-ce que Nate le dira à tout le monde sur la toile ? Gardera-t-il le secret trop touché par l'horreur de la nouvelle ?
Le bus s'arrête au premier arrêt, laissant monter et descendre un flot de voyageurs tous aussi pressés les uns que les autres. Je les observe s'agglutiner sur les sièges, le regard vide et pourtant ils sont comme moi, ils ont sûrement des problèmes, des ennuies, un cœur brisé. C'est en les observant que je remarque qu'une petite fille me fixe depuis plusieurs minutes, je fronce les sourcils et tourne la tête vers la vitre où mon portrait s'y reflète. Mes cheveux sont emmêlés et mon visage fait peur à voir, je soupire en prenant mon cellulaire coincé dans ma poche de sweat. Je vérifie dans mes contacts l'adresse exacte de l'hôtel de Maloley.
Je n'attends même pas que le bus soit complètement arrêté, je me lève d'un bond et bouscule les gens pour forcer le passage jusqu'à la porte.

De grosses gouttes se sont décidées à tomber sur Los Angeles et je n'ai même pas fait deux pas que mon pull commence à s'humidifier. Les gouttes tombent en masse, s'écrasant sur les passants, seuls quelques prudents se sont essayés au parapluie. Je rabas ma capuche sur ma tête puis me dirige jusqu'à l'hôtel en question.
C'est, les vêtements trempés et les cheveux dégoulinants que je pénètre dans le hall de l'hôtel.