Chapitre 18

1.6K 152 74
                                    

La tempête s'est calmée, le couple ne m'adresse plus la parole. Hormis Kat qui murmure tout bas des insultes lorsqu'elle m'aperçoit dans la maison. Dieu merci, la maison est grande ce qui me permet de l'éviter au maximum.
Et puis de toutes façons nous n'avions que trois heures avant de partir pour le concert de Nathan. Résultat, me voilà face à ma grande sœur devant le grand miroir de la salle de bain commune. Kat et moi avons toujours préféré celui-ci à nos coiffeuses respectives où la glace fait seulement la taille de mon poing. Mais peut-être aurais-je dû faire abstraction du très médiocre gabarit de ma minuscule coiffeuse car les piques et les regards noirs ne m'aident pas vraiment à me concentrer sur mes cils.

- Comment t'as pu lui faire ça, dit-elle sèchement entre deux coups de gloss.

Je déglutis mais tente de rester focaliser sur mon mascara dans ma main droite.

- Il va être détruit.

Ma main tremble, j'ai du mal à ne pas en mettre partout. Un poids pèse dans mon ventre, je sais que l'annonce va avoir l'effet d'une bombe. La mine est déjà posée sur le sol, je n'ai plus qu'à marcher dessus et faire sauter par la même occasion tout ce que j'avais pu bâtir dans notre amitié entre lui et moi. Tous mes efforts, tous mes espoirs, tout ce que j'avais entrepris est sur le point de s'effondrer.

- Il va avoir mal. À cause de toi.

Je pince les lèvres de peur de pleurer encore une fois. Mon mascara ne tiendra pas une heure si cela continue.

- Arrête Kat, je réponds d'un ton ferme.

Elle hausse les épaules, vide sa bouteille de parfum et m'offre un immense sourire éclatant,
- J'espère qu'il ne te pardonnera pas.

Je lui souris à mon tour, un sourire faux contre un sourire vicieux. Je ne fais pas le poids. Ma sœur se languit de ma souffrance.
Je l'observe dans le miroir quitter la salle de bain, du haut de ses talons Louboutins, dans sa jolie robe noire. Lorsqu'elle est partie, je lâche un cri rauque, la gorge épuisée d'avoir trop pleurer. Mes yeux sont rouges et malgré le maquillage, on discerne la douleur dans mon regard. Ce visage n'inspire que de la pitié et cela me dégoûte encore plus.
Rageusement, je jette mes affaires sur le sol. Et c'est sans réfléchir, aveuglée par la haine et le désespoir que je balance tous les produits de beauté sur le sol. Les parfums s'échappent à terre, les palettes s'écrasent et forment un concert de poudre pailletée sur le parquet de la salle de bain, les gloss et les bijoux tombent en fracas. Les odeurs fortes me montent à la tête, je marche sur les bouts de verre brisés. Mais je n'y fais pas attention, mon esprit est focalisé sur mon dégoût de moi-même. Je continue de jeter tout ce qui me passe sous la main. Mes mains sont entaillées par les éclats de verre, mes vêtements sont tachées et les larmes ont repris leur chemin le long de mes joues rouges.
Ce n'est qu'au moment où je n'ai plus de force, que je me décide à quitter la pièce. J'éteins la lumière, voilant le champs de bataille de son draps d'obscurité. Je me dirige vers ma chambre tout en inspectant mes mains ; les coupures ne sont pas profondes, juste quelques petites entailles.

Arrivée dans ma chambre, j'attrape un jean et un pull aux manches très longues, rapidement dans mon placard et les enfile. Mes tremblements de mains ne me facilitent pas la tâche et c'est avec difficultés, que je rentre dans mon pantalon. Une fois le pull mis, je vérifie mon visage devant ma coiffeuse. Je replace les quelques mèches qui se sont échappées de ma queue de cheval et essuie mes joues noircies par le mascara. Je me dépêche de remettre de la poudre et ce n'est que lorsque mon visage semble impeccable, que je sors de la chambre, mes baskets aux pieds.
Je descends les escaliers en trombe, la voiture de Samuel m'attend dans la rue. J'enclenche l'alarme ant-intrusion et les rejoins.

@InternetGuard w/ N.MWhere stories live. Discover now